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La visite de George Bush en Afrique

Le Botswana, pays prospère frappé par le sida

Le Botswana n’a ni pouvoir, ni pétrole. Si ce vaste pays désertique, peuplé d’à peine 1,5 million d’habitants, a été choisi parmi les cinq étapes de la tournée africaine de George Bush, c’est pour deux toutes autres raisons. Le Botswana est l’un des rares exemples de réussite économique et de stabilité politique en Afrique. C’est aussi le pays du monde le plus frappé par le sida.
De notre correspondante à Johannesburg

Alors qu’au Congo et en Angola, les diamants ont servi à financer d’interminables guerres civiles, le Botswana, premier producteur africain de diamants, se classe parmi les pays les moins corrompus d’Afrique, selon le classement publié le mois dernier à Durban par le Forum économique mondial. «Nous sommes des gens modestes» explique pour sa part le président, Festus Mogae. Attaché à ses traditions d’éleveurs, le peuple batswana se distingue en effet par son sens de l’économie, dans un environnement géographique plus que difficile. Le désert du Kalahari couvre la plus grande partie du territoire national.

Alors qu’elles pourraient compter en diamants ou en dollars, les élites du pays comptent toujours en têtes de bétail… Un an après l’indépendance, en 1966, l’ancien protectorat britannique a découvert ses premiers gisements de diamants. Deux de ses mines, Jwaneng et Orapa, figurent parmi les plus importantes du monde. Elles sont exploitées par le biais d’une joint-venture, la Debswana, formée à parts égales entre l’Etat et le groupe sud-africain De Beers. Les gemmes représentent 60 % des recettes fiscales du pays, et ont tiré un taux de croissance de 5 % ces deux dernières années (contre 9 % en 2000 et 8 % en 1999, deux années records de ventes mondiales de diamants). Avec un revenu par habitant de 3 700 dollars par an, le Botswana se distingue parmi les pays «riches» en Afrique, mais aussi parmi les moins dépensiers. Au lieu de la gabegie qui a libre cours ailleurs, Gaborone s’est appliquée à une politique d’investissements utiles –sans parvenir à éliminer ni chômage, ni poches de pauvreté.

Le plus fort taux de prévalence du sida

A quelques kilomètres de Gaborone, la capitale, se trouve par exemple un institut de recherche, entièrement financé par l’État, qui vise à réduire la dépendance du pays vis-à-vis de sa rente diamantaire, en travaillant à des prototypes de produits agro-alimentaires. Un autre institut de recherche ultra-moderne, le Botswana Harvard Institute, financé par des fonds publics et privés, cherche à mettre au point un vaccin contre le virus HIV. Et pour cause : avec 38 % de sa population adulte contaminée (15-49 ans), le pays affiche le plus fort taux de prévalence du sida au monde.

Impressionnés par la volonté des autorités d’endiguer la pandémie, les États-Unis ont offert une aide abondante. Seize centres de dépistages ont été instaurés, à travers le pays. En février 2002, Robert Zoellick, le principal conseiller commercial de George Bush, s’est lui-même rendu à Gaborone. Il y a évalué les résultats d’un partenariat public-privé lancé par l’État avec Bristol-Myers Squibb. Ces grand laboratoire américain a dépensé 26 millions de dollars au Botswana, répartis entre le Botswana Harvard Institute, une clinique pour enfants et un hôpital.



par Sabine  Cessou

Article publié le 10/07/2003