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Politique française

L’intervention du 14 juillet de Jacques Chirac

Depuis près de vingt ans, l’entretien du président de la République avec des journalistes le 14 juillet est devenu un moment fort de la vie politique. Cet entretien désormais rituel du 14 juillet est l’occasion d’annonces programmatiques. En quelque sorte, c’est le discours de politique générale du chef de l’État attendu par la classe politique et soigneusement préparé par les journalistes de télévision choisis pour l’interview, Patrick Poivre d’Arvor (TF1) et David Pujadas (France2).

En règle générale –et cette année n’a pas fait exception à la règle– les interlocuteurs du président se montrent peu pugnaces sur les sujets qui fâchent et laissent ce dernier développer longuement sa pensée sans interruption et sans relancer les questions lorsqu’elles sont restées sans réponse. Du reste, Jacques Chirac s’est permis en fin d’entretien de leur administrer courtoisement une leçon de journalisme en notant qu’ils avaient omis de l’interroger sur les suites données aux trois priorités qu’il avait définies le 14 juillet 2002, à savoir la sécurité routière, la lutte contre le cancer, et la situation des handicapés. Voici les principaux points abordés.
Les tensions sociales
Pour le chef de l’État, la réforme des retraites a été l’occasion «pour la première fois d’un dialogue et d’une négociation». Invoquant à plusieurs reprises «l’esprit gaulois», le «tempérament français», la «caractéristique de notre pays» marquée par la victoire de l’affrontement sur le dialogue pour expliquer la résistance aux réformes de son gouvernement, Jacques Chirac n’a pas voulu en faire porter la responsabilité aux syndicats, mais a appelé les Français au «mouvement, à l’ouverture d’esprit, l’adaptation au monde tel qu’il évolue». Il estime par ailleurs à propos de l’assurance maladie qu’il ne s’agit «pas de la réformer mais de la maintenir» et souhaite qu’il soit donné à tous les Français les moyens de «pouvoir souscrire une couverture maladie complémentaire».

Les intermittents du spectacle
Le président de la République a regretté «l’épouvantable gâchis artistique, humain et économique» que constitue l’annulation des festivals d’été et a annoncé une aide à la création culturelle. Tout en notant que les 650 artistes et créateurs qui lui ont adressé une lettre ouverte notent que la France a obtenu de l’Europe le maintien de l’exception culturelle, il a annoncé la mise en place avant le premier janvier d’un «système d’aide à la création culturelle qui vise à régler le problème des intermittents». Il n’envisage pas le retrait de la réforme décidée non par l’État mais «par les partenaires sociaux». Toutefois, il a promis d’engager une lutte contre les abus de l’utilisation par certaines entreprises de spectacle et de l’audiovisuel du statut d’intermittents du spectacle qui «ont sciemment détourné ce système à leur profit. Le résultat, c’est qu’il y avait un déficit considérable payé par les cotisations des salariés et des entreprises à l’Unedic [assurance chômage]».

La Corse
«La violence est sans issue. Les Corses ont droit, comme tous les Français, à la paix civile». Le président a pris acte de la victoire du non au référendum mais a dédramatisé le résultat en affirmant qu’«on ne peut pas dire qu’on va consulter et politiser la réponse».

La grâce de José Bové
«Les militants syndicaux sont des Français comme les autres et ne doivent pas s’imaginer que cette vocation leur donne le droit d’enfreindre la loi». Il a refusé de commenter la grâce accordée à José Bové, se contentant d’observer qu’il l’avait exercé «en conscience, après réflexion et sans aucune pression d’aucune sorte».

La situation économique
Jacques Chirac souhaite que les ministres de la zone euro «examinent ensemble les modalités provisoires d’assouplissement» du Pacte de stabilité qui soient «cohérentes avec l’impératif de stabilité et permettent de ne pas diminuer la croissance». Le président a par ailleurs souhaité que le gouvernbement continue de baisser les impôts.

Le gouvernement
Interrogé sur les performances de Jean-Pierre Raffarin, Jacques Chirac a répondu qu’au cours de sa longue carrière politique, il avait connu de nombreux Premiers ministres et qu’il est «particulièrement heureux de ce gouvernement» qui doit faire face à une période difficile sur le plan économique. Enfin, alors qu’on lui demandait si avec les enseignants, Luc Ferry avait su mener le dialogue que préconisait le chef de l’État, ce dernier a répondu après un temps de silence : «C’était un autre temps et tout le monde lui reconnaît un grand mérite, mais aujourd’hui il faut naturellement…». Jacques Chirac avait entendu «Jules Ferry». Réalisant sa méprise, les deux journalistes insistent : «Luc Ferry». Sans se démonter, Jacques Chirac reprend : «c’est un homme de dialogue…»

A écouter également:

Geneviève Goëtzinger, chef du service politique de RFI, analyse l'intervention du chef de l'Etat.




par Olivier  Da Lage

Article publié le 14/07/2003