Politique française
Budget 2004 : Raffarin a du vague à l’âme
Confronté à la difficulté de préparer un budget pour 2004 réduisant les impôts en limitant le déficit, le Premier ministre a du vague à l’âme. Son optimisme est d’autant plus mis à mal que, même dans les rangs de la majorité, on ne croit guère à ses chances de résoudre la quadrature du cercle.
«Je dois faire face aujourd’hui à des difficultés budgétaires que je ne cache pas» a déclaré Jean-Pierre Raffarin, lors d’un déplacement en province. La sobriété de cet aveu, bien éloignée du ton habituel des «raffarinades», ces expressions imagées qui sont devenues sa note personnelle depuis son arrivée à Matignon, dénote la conscience qu’a Jean-Pierre Raffarin d’être pris entre deux feux. A l’occasion de sa traditionnelle intervention télévisée du 14 juillet Jacques Chirac lui a indirectement assigné la double mission de baisser les impôts et les charges, tout en respectant les engagements européens de la France. Pour élaborer, d’ici le mois de septembre, son projet de budget 2004, le Premier ministre s’inscrit donc «dans la ligne même des orientations du président de la République».
Plus facile à dire qu’à faire. Dans une période de faible croissance économique qui pèse sur l’activité des entreprises, leurs résultats et donc les rentrées fiscales, les promesses de Jacques Chirac sur la poursuite des baisses d’impôts et des charges sociales viennent encore réduire les recettes de l’Etat. La réduction de la TVA sur la restauration, arrachée de haute lutte à Bruxelles, en est un exemple.
Afin de financer ce manque à gagner pour les finances publiques, il est classique de recourir au déficit budgétaire et à l’emprunt. Or, la France, comme ses partenaires européens, est liée par le Pacte de stabilité et de croissance de la zone euro qui limite à 3% de la richesse nationale l’endettement public (Etat, collectivités locales, régimes sociaux). La France est déjà dans le collimateur de la Commission européenne et devrait dépasser un déficit de 3,5% du PIB en 2003. Avec une croissance quasi imprévisible en 2004, mais selon toute probabilité assez faible, le gouvernement est bien embarrassé. D’autant que du côté des dépenses nul n’est à l’abri de circonstances exceptionnelles.
Discipline budgétaire
Ainsi, le Premier ministre a annoncé pour fin août aune conférence agricole au cours de laquelle des aides aux agriculteurs touchés par la sécheresse ne manqueront pas d’être évoquées. De même, la tendance des derniers mois à la remontée du chômage devrait entraîner un alourdissement des dépenses publiques en faveur de l’emploi. Le Premier ministre envisage donc de «faire des économies dans les dépenses de l’Etat» et invite ses ministres à la discipline budgétaire.
C’est dans ce cadre étroit que Jean-Pierre Raffarin réaffirme qu’il «fera tout» pour rester en dessous de 3% de déficit en 2004. Cependant, même le ministre de l’Economie et des Finances Francis Mer n’y croit guère. Lui aussi fera, dit-il, le «maximum», ajoutant que ce sera «très difficile» . Ce que les analystes économiques traduisent plutôt par «impossible».
Pas beaucoup de soutien moral à attendre, non plus, des rangs de la majorité parlementaire qui aura à adopter le budget pour 2004. Patrick Ollier, président UMP de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale juge prudent de ne pas aller au delà d’exonérations fiscales sur l’épargne-retraite. Jean Artuis, président centriste de la commission des finances du Sénat estime, plus sévèrement, que «l’hypothèse d’une baisse d’impôts n’est pas crédible». Le rapporteur général du budget au Sénat l’UMP Philippe Marini qualifie d’irréaliste le retour au dessous de 3% du PIB de déficit public l’année prochaine. Quant à l’opposition, par la voix de l’ancien Premier ministre Laurent Fabius, elle ne se prive pas de souligner que «le gouvernement dépense 25% de plus qu’il n’a de recettes» et qu’il faudra bien, à terme, lever des impôts pour rembourser.
Plus facile à dire qu’à faire. Dans une période de faible croissance économique qui pèse sur l’activité des entreprises, leurs résultats et donc les rentrées fiscales, les promesses de Jacques Chirac sur la poursuite des baisses d’impôts et des charges sociales viennent encore réduire les recettes de l’Etat. La réduction de la TVA sur la restauration, arrachée de haute lutte à Bruxelles, en est un exemple.
Afin de financer ce manque à gagner pour les finances publiques, il est classique de recourir au déficit budgétaire et à l’emprunt. Or, la France, comme ses partenaires européens, est liée par le Pacte de stabilité et de croissance de la zone euro qui limite à 3% de la richesse nationale l’endettement public (Etat, collectivités locales, régimes sociaux). La France est déjà dans le collimateur de la Commission européenne et devrait dépasser un déficit de 3,5% du PIB en 2003. Avec une croissance quasi imprévisible en 2004, mais selon toute probabilité assez faible, le gouvernement est bien embarrassé. D’autant que du côté des dépenses nul n’est à l’abri de circonstances exceptionnelles.
Discipline budgétaire
Ainsi, le Premier ministre a annoncé pour fin août aune conférence agricole au cours de laquelle des aides aux agriculteurs touchés par la sécheresse ne manqueront pas d’être évoquées. De même, la tendance des derniers mois à la remontée du chômage devrait entraîner un alourdissement des dépenses publiques en faveur de l’emploi. Le Premier ministre envisage donc de «faire des économies dans les dépenses de l’Etat» et invite ses ministres à la discipline budgétaire.
C’est dans ce cadre étroit que Jean-Pierre Raffarin réaffirme qu’il «fera tout» pour rester en dessous de 3% de déficit en 2004. Cependant, même le ministre de l’Economie et des Finances Francis Mer n’y croit guère. Lui aussi fera, dit-il, le «maximum», ajoutant que ce sera «très difficile» . Ce que les analystes économiques traduisent plutôt par «impossible».
Pas beaucoup de soutien moral à attendre, non plus, des rangs de la majorité parlementaire qui aura à adopter le budget pour 2004. Patrick Ollier, président UMP de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale juge prudent de ne pas aller au delà d’exonérations fiscales sur l’épargne-retraite. Jean Artuis, président centriste de la commission des finances du Sénat estime, plus sévèrement, que «l’hypothèse d’une baisse d’impôts n’est pas crédible». Le rapporteur général du budget au Sénat l’UMP Philippe Marini qualifie d’irréaliste le retour au dessous de 3% du PIB de déficit public l’année prochaine. Quant à l’opposition, par la voix de l’ancien Premier ministre Laurent Fabius, elle ne se prive pas de souligner que «le gouvernement dépense 25% de plus qu’il n’a de recettes» et qu’il faudra bien, à terme, lever des impôts pour rembourser.
par Francine Quentin
Article publié le 18/07/2003