Proche-Orient
Bush sous le charme de Sharon
Les appréciations de George Bush sur la politique israélienne varient au grès des visites des responsables de la région à la Maison Blanche. Déroulant le tapis rouge vendredi dernier pour le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas, le président américain n’avait pas hésité à se montrer très critique envers Israël concernant le «mur» de sécurité que construit l’Etat hébreu en Cisjordanie. «Je pense que le mur est un problème et j’en ai discuté avec Ariel Sharon», avait-il affirmé prenant à son compte le terme utilisé par les Palestiniens alors que les responsables israéliens préfèrent parler de «clôture de sécurité». George Bush a adopté un tout autre ton en accueillant pour la 8ème fois «son ami» Ariel Sharon et en affirmant avoir été «sensible» à ses arguments.
Le Premier ministre Mahmoud Abbas attendait beaucoup de George Bush. Ne jouissant que d’une popularité limitée auprès des siens, il espérait un sérieux coup de pousse de la part de la Maison Blanche pour convaincre les Palestiniens du bien-fondé de la feuille de route et les groupes radicaux de ne pas rompre la trêve dans les attentats anti-israéliens décrétée le 29 juin dernier pour trois mois . L’appui inattendu, la semaine dernière du président américain, sur le sujet sensible du «mur» de sécurité pouvait laisser présager qu’Ariel Sharon n’échapperait pas aux pressions américaines pour s’engager plus franchement dans le processus de paix pour lequel George Bush, après maintes hésitations, a finalement accepté lors du sommet d’Aqaba d’assurer le parrainage. Soucieux de ne pas fâcher l’allié traditionnel, le Premier ministre israélien avait d’ailleurs, avant de se rendre à Washington pour sa 8ème visite, multiplié les gages de bonne volonté. Son gouvernement avait ainsi donné son accord pour la libération de quelque 500 prisonniers palestiniens, parmi lesquels des activistes du Hamas et du Jihad islamique non impliqués dans des crimes de sang. Il s’était également engagé à démanteler des points de contrôle de l’armée et à évacuer deux nouvelles localités en Cisjordanie après avoir début juillet transféré le contrôle de la ville de Bethléem à l’Autorité palestinienne.
Il faut croire que ces mesures ont suffi à convaincre le président américain qui n’a pas jugé bon exercer de pressions ouvertes sur Ariel Sharon. Selon un responsable israélien qui faisait partie de la délégation qui s’est rendue à la Maison Blanche, les deux hommes n’ont eu aucune différence d’opinion lors de leurs entretiens à Washington. «Il n’y a eu aucune ambiance de désaccord pendant toute la rencontre», a-t-il affirmé en précisant que les Américains avaient «compris les besoins» des Israéliens. Toujours selon ce responsable, Ariel Sharon aurait souligné à George Bush que «les bonnes clôtures font les bons voisins», ce que le président américain semble avoir compris. D’ailleurs lors du point de presse qui a suivi ses entretiens avec le chef du gouvernement israélien, le président américain s’est bien gardé de renouveler ses critiques sur la ligne de sécurité. «Je comprends totalement que la manière la plus efficace de protéger la sécurité d’Israël, tout comme celles des personnes éprises de paix dans les territoires palestiniens, est de s’en prendre à des organisations comme le Hamas et les organisations terroristes qui font en sorte que la paix ne puisse exister. En conséquence, j’espère qu’à long terme la clôture sera inutile», a-t-il déclaré. Un vieux discours sécuritaire qui ne tient pas compte des problèmes auxquels doit faire face Mahmoud Abbas sur le plan intérieur.
Colère des Palestiniens
Soucieuse de ne pas affaiblir la position du gouvernement palestinien, la Maison Blanche a cependant tenu à minimiser ce changement d’attitude pourtant notable du président américain. Son porte-parole a ainsi affirmé que George Bush n’avait «pas changé de ton». «Il continue d’exprimer sa préoccupation à ce propos», a déclaré Scott MaClellan. «Vous devez également tenir compte de ce que le Premier ministre israélien a dit à propos de l’importance de limiter l’impact sur la vie des Palestiniens» a-t-il ajouté en insistant sur l’importance accordée par le président américain sur l’amélioration des conditions de vie des Palestiniens.
Cette mise au point n’a pas convaincu le gouvernement de Mahmoud Abbas qui a violemment critiqué l’attitude d’Ariel Sharon. Le ministre palestinien pour les Affaires de sécurité, Mohamed Dahlan, est en effet sorti pour la première fois de sa réserve légendaire pour affirmer que l’édification par Israël d’une ligne de sécurité le long de la Cisjordanie «prouvait» le manque de sérieux de l’Etat hébreu quant à l’application de la feuille de route. «Nous refusons ce mur car il ne répond à des impératifs sécuritaires. En fait il s’agit d’un mur de séparation raciste qui va uniquement accroître la haine entre Israéliens et Palestiniens», s’est-il indigné.
«La clôture de sécurité», dont l’Etat hébreu a lancé la construction en juin 2002 est un ensemble d’ouvrages défensifs censé empêcher les infiltrations d’activistes palestiniens en territoire israélien. Réclamée aussi bien par la droite que par la gauche israéliennes après la vague d’attentats qui a frappé le pays depuis le début de l’Intifada en septembre 2000, elle a en revanche suscité de nombreuses polémiques quant à son tracé. Pour la gauche, cette clôture se doit d’épouser le plus fidèlement possible la ligne d’armistice de la guerre israélo-arabe de 1967 plus communément appelé «la ligne verte». La droite en revanche la veut beaucoup plus à l’Est, pour englober un maximum de colonies juives. Quant aux Palestiniens, ils considèrent la construction de ce «mur» comme une tentative d’expropriation déguisée. D’une longueur prévue de 350 km, cette ligne de sécurité prend la forme d’un vaste ensemble d'ouvrages défensifs d'une largeur pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres, comprenant une clôture de sécurité munie d'un dispositif électronique capable de détecter toute infiltration, des pistes de patrouille, des fossés antichar et, par endroits comme près de la ville palestinienne de Kalkiliya, une muraille de béton de huit mètres de haut.
Ecouter également :
Hervé Pottier, responsable de la mission économique et commerciale au consulat de France de Jérusalem-Est. Il est l'invité de Pierre Ganz. 10'40"
Il faut croire que ces mesures ont suffi à convaincre le président américain qui n’a pas jugé bon exercer de pressions ouvertes sur Ariel Sharon. Selon un responsable israélien qui faisait partie de la délégation qui s’est rendue à la Maison Blanche, les deux hommes n’ont eu aucune différence d’opinion lors de leurs entretiens à Washington. «Il n’y a eu aucune ambiance de désaccord pendant toute la rencontre», a-t-il affirmé en précisant que les Américains avaient «compris les besoins» des Israéliens. Toujours selon ce responsable, Ariel Sharon aurait souligné à George Bush que «les bonnes clôtures font les bons voisins», ce que le président américain semble avoir compris. D’ailleurs lors du point de presse qui a suivi ses entretiens avec le chef du gouvernement israélien, le président américain s’est bien gardé de renouveler ses critiques sur la ligne de sécurité. «Je comprends totalement que la manière la plus efficace de protéger la sécurité d’Israël, tout comme celles des personnes éprises de paix dans les territoires palestiniens, est de s’en prendre à des organisations comme le Hamas et les organisations terroristes qui font en sorte que la paix ne puisse exister. En conséquence, j’espère qu’à long terme la clôture sera inutile», a-t-il déclaré. Un vieux discours sécuritaire qui ne tient pas compte des problèmes auxquels doit faire face Mahmoud Abbas sur le plan intérieur.
Colère des Palestiniens
Soucieuse de ne pas affaiblir la position du gouvernement palestinien, la Maison Blanche a cependant tenu à minimiser ce changement d’attitude pourtant notable du président américain. Son porte-parole a ainsi affirmé que George Bush n’avait «pas changé de ton». «Il continue d’exprimer sa préoccupation à ce propos», a déclaré Scott MaClellan. «Vous devez également tenir compte de ce que le Premier ministre israélien a dit à propos de l’importance de limiter l’impact sur la vie des Palestiniens» a-t-il ajouté en insistant sur l’importance accordée par le président américain sur l’amélioration des conditions de vie des Palestiniens.
Cette mise au point n’a pas convaincu le gouvernement de Mahmoud Abbas qui a violemment critiqué l’attitude d’Ariel Sharon. Le ministre palestinien pour les Affaires de sécurité, Mohamed Dahlan, est en effet sorti pour la première fois de sa réserve légendaire pour affirmer que l’édification par Israël d’une ligne de sécurité le long de la Cisjordanie «prouvait» le manque de sérieux de l’Etat hébreu quant à l’application de la feuille de route. «Nous refusons ce mur car il ne répond à des impératifs sécuritaires. En fait il s’agit d’un mur de séparation raciste qui va uniquement accroître la haine entre Israéliens et Palestiniens», s’est-il indigné.
«La clôture de sécurité», dont l’Etat hébreu a lancé la construction en juin 2002 est un ensemble d’ouvrages défensifs censé empêcher les infiltrations d’activistes palestiniens en territoire israélien. Réclamée aussi bien par la droite que par la gauche israéliennes après la vague d’attentats qui a frappé le pays depuis le début de l’Intifada en septembre 2000, elle a en revanche suscité de nombreuses polémiques quant à son tracé. Pour la gauche, cette clôture se doit d’épouser le plus fidèlement possible la ligne d’armistice de la guerre israélo-arabe de 1967 plus communément appelé «la ligne verte». La droite en revanche la veut beaucoup plus à l’Est, pour englober un maximum de colonies juives. Quant aux Palestiniens, ils considèrent la construction de ce «mur» comme une tentative d’expropriation déguisée. D’une longueur prévue de 350 km, cette ligne de sécurité prend la forme d’un vaste ensemble d'ouvrages défensifs d'une largeur pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres, comprenant une clôture de sécurité munie d'un dispositif électronique capable de détecter toute infiltration, des pistes de patrouille, des fossés antichar et, par endroits comme près de la ville palestinienne de Kalkiliya, une muraille de béton de huit mètres de haut.
Ecouter également :
Hervé Pottier, responsable de la mission économique et commerciale au consulat de France de Jérusalem-Est. Il est l'invité de Pierre Ganz. 10'40"
par Mounia Daoudi
Article publié le 30/07/2003 Dernière mise à jour le 29/07/2003 à 22:00 TU