Proche-Orient
Les combattants palestiniens toujours à l’affût
Entre les groupes armés qui refusent toujours de déposer les armes et ceux qui s’y sont résolus à reculons, la tâche de l’Autorité palestinienne s’annonce périlleuse.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens
C’est la première brèche dans la trêve. Vingt quatre heures après l’annonce par le Hamas, le Djihad et le Fatah de la suspension de toutes opérations armées, un chauffeur bulgare, travailleur immigré en Israël, a été tué à proximité de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Par un communiqué transmis à l’Associated Press, les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, ont revendiqué ce meurtre et en ont promis d’autres. «Nous n’acceptons pas la trêve. Ceci est notre première action. C’est le début», prévient le document. Un leader local a ajouté : «Nous continuerons à combattre les colons et les soldats dans les Territoires occupés». Cette attaque, qui ne devrait pas remettre en cause la rencontre entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas prévue aujourd’hui, est néanmoins porteuse de menaces très claires pour l’Autorité palestinienne: celles d’un torpillage du cessez-le-feu par des milices en rupture de ban avec les trois factions signataires de la trêve.
Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa en sont le meilleur exemple. Fondées par le Fatah quelques mois après le démarrage de l’Intifada, pour encadrer la militarisation croissante du soulèvement, ce groupe a aussitôt été présenté comme la branche armée du parti de Yasser Arafat. Certes cette création répondait à un objectif politique évident : ne pas laisser aux islamistes le monopole des attaques anti-israéliennes et du prestige populaire qui va avec. Pour autant, le contrôle des cadres du Fatah sur les combattants a tout de suite été lâche, à l’inverse du fonctionnement très centralisé d’Ezzedine al-Qassam, le bras armé du Hamas. «Cela s’explique par le fait que les Brigades sont une récupération par le Fatah de cellules préexistantes, créées sur la base d’initiatives disparates, sans ordre venu d’en haut», explique un expert étranger.
La tendance à l’autonomisation s’est accentuée avec l’élimination par Israël de leaders locaux du Fatah susceptibles de servir de courroie de transmission. En Cisjordanie surtout, du fait de la réoccupation intégrale des villes autonomes en avril 2002, les chaînes de commandement ont été disloquées. Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, moins rompues à l’activité clandestine qu’Ezzedine al-Qassam, ont éclaté en une série de gangs locaux, composés de têtes brûlés qui mélangent allègrement racket, résistance et règlements de compte. Cette rupture de facto avec le Fatah a pris un tour politique, depuis que l’Autorité palestinienne négocie la fin de l’Intifada armée. Fidèles à leur radicalisme, les Brigades ont d’abord refusé souscrire à la trêve au motif qu’ils n’auraient pas été consultés sur sa formulation. Samedi, la veille de sa proclamation coup sur coup par le Hamas, le Jihad et le Fatah, un incident révélateur est survenu à Khan Younès, au cœur de la bande de Gaza. Des militants des Brigades ont pris en otage des policiers palestiniens qui tentaient de les empêcher de poser des mines. L’affaire, dénouée quelques heures plus tard, illustre les dangers que représente pour l’Autorité la fuite en avant de groupuscule dissidents.
Embuscades contre les colons
Finalement hier, les cellules des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, ont semble-t-il cédé. «Nous nous sommes réunis avec nos homologues de Rafah (localité du sud de la bande de Gaza, ndlr) et nous avons décidé de suspendre nos opérations sans pour autant accepter formellement la trêve, dit Abou Jandal, le leader de Khan Younès, joint par téléphone. Pour la première fois depuis le début de l’Intifada, j’ai donné l’ordre à mes hommes d’arrêter les tirs. Nous voulons donner une chance à la trêve même si nous sommes sûrs qu’Israël ne la respectera pas». La branche de Cisjordanie demeure en revanche incontrôlable. Certes ses membres n’ont plus les moyens de mener seuls des attentats suicides, comme durant l’hiver et le printemps 2002. Mais ils multiplient depuis quelques semaines, les embuscades le long des routes de colons.
Paradoxalement, les combattants d’Ezzedine al-Qassam, paraissent plus disposés à jouer le jeu de la trêve. Du moins temporairement. «Nous en avons besoin pour nous reposer, nous réorganiser et développer nos capacités, explique «Fouad», le leader de Khan Younès. Cette hudna (trêve) est une mesure tactique. A moyen terme, nous sommes condamnés à relancer le soulèvement. Pas parce que nous voulons reprendre l’Intifada à tous prix, mais parce que nous savons que les juifs ne respecteront pas leur part du contrat et qu’ils ne nous donneront jamais d’eux même une paix qui remplisse nos ambitions. Tant que nous ne verrons pas arriver le début de notre Etat, nous ne renoncerons pas à la lutte armée».
Pour la police palestinienne qui vient de reprendre du service dans la bande de Gaza, les prochains semaines seront périlleuses. Un officier confie sa hantise : «Je redoute de me retrouver pris entre deux feux: les combattants d’un côté, dont certains sont nos cousins ou nos voisins et l’armée israélienne de l’autre».
C’est la première brèche dans la trêve. Vingt quatre heures après l’annonce par le Hamas, le Djihad et le Fatah de la suspension de toutes opérations armées, un chauffeur bulgare, travailleur immigré en Israël, a été tué à proximité de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Par un communiqué transmis à l’Associated Press, les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, ont revendiqué ce meurtre et en ont promis d’autres. «Nous n’acceptons pas la trêve. Ceci est notre première action. C’est le début», prévient le document. Un leader local a ajouté : «Nous continuerons à combattre les colons et les soldats dans les Territoires occupés». Cette attaque, qui ne devrait pas remettre en cause la rencontre entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas prévue aujourd’hui, est néanmoins porteuse de menaces très claires pour l’Autorité palestinienne: celles d’un torpillage du cessez-le-feu par des milices en rupture de ban avec les trois factions signataires de la trêve.
Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa en sont le meilleur exemple. Fondées par le Fatah quelques mois après le démarrage de l’Intifada, pour encadrer la militarisation croissante du soulèvement, ce groupe a aussitôt été présenté comme la branche armée du parti de Yasser Arafat. Certes cette création répondait à un objectif politique évident : ne pas laisser aux islamistes le monopole des attaques anti-israéliennes et du prestige populaire qui va avec. Pour autant, le contrôle des cadres du Fatah sur les combattants a tout de suite été lâche, à l’inverse du fonctionnement très centralisé d’Ezzedine al-Qassam, le bras armé du Hamas. «Cela s’explique par le fait que les Brigades sont une récupération par le Fatah de cellules préexistantes, créées sur la base d’initiatives disparates, sans ordre venu d’en haut», explique un expert étranger.
La tendance à l’autonomisation s’est accentuée avec l’élimination par Israël de leaders locaux du Fatah susceptibles de servir de courroie de transmission. En Cisjordanie surtout, du fait de la réoccupation intégrale des villes autonomes en avril 2002, les chaînes de commandement ont été disloquées. Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, moins rompues à l’activité clandestine qu’Ezzedine al-Qassam, ont éclaté en une série de gangs locaux, composés de têtes brûlés qui mélangent allègrement racket, résistance et règlements de compte. Cette rupture de facto avec le Fatah a pris un tour politique, depuis que l’Autorité palestinienne négocie la fin de l’Intifada armée. Fidèles à leur radicalisme, les Brigades ont d’abord refusé souscrire à la trêve au motif qu’ils n’auraient pas été consultés sur sa formulation. Samedi, la veille de sa proclamation coup sur coup par le Hamas, le Jihad et le Fatah, un incident révélateur est survenu à Khan Younès, au cœur de la bande de Gaza. Des militants des Brigades ont pris en otage des policiers palestiniens qui tentaient de les empêcher de poser des mines. L’affaire, dénouée quelques heures plus tard, illustre les dangers que représente pour l’Autorité la fuite en avant de groupuscule dissidents.
Embuscades contre les colons
Finalement hier, les cellules des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, ont semble-t-il cédé. «Nous nous sommes réunis avec nos homologues de Rafah (localité du sud de la bande de Gaza, ndlr) et nous avons décidé de suspendre nos opérations sans pour autant accepter formellement la trêve, dit Abou Jandal, le leader de Khan Younès, joint par téléphone. Pour la première fois depuis le début de l’Intifada, j’ai donné l’ordre à mes hommes d’arrêter les tirs. Nous voulons donner une chance à la trêve même si nous sommes sûrs qu’Israël ne la respectera pas». La branche de Cisjordanie demeure en revanche incontrôlable. Certes ses membres n’ont plus les moyens de mener seuls des attentats suicides, comme durant l’hiver et le printemps 2002. Mais ils multiplient depuis quelques semaines, les embuscades le long des routes de colons.
Paradoxalement, les combattants d’Ezzedine al-Qassam, paraissent plus disposés à jouer le jeu de la trêve. Du moins temporairement. «Nous en avons besoin pour nous reposer, nous réorganiser et développer nos capacités, explique «Fouad», le leader de Khan Younès. Cette hudna (trêve) est une mesure tactique. A moyen terme, nous sommes condamnés à relancer le soulèvement. Pas parce que nous voulons reprendre l’Intifada à tous prix, mais parce que nous savons que les juifs ne respecteront pas leur part du contrat et qu’ils ne nous donneront jamais d’eux même une paix qui remplisse nos ambitions. Tant que nous ne verrons pas arriver le début de notre Etat, nous ne renoncerons pas à la lutte armée».
Pour la police palestinienne qui vient de reprendre du service dans la bande de Gaza, les prochains semaines seront périlleuses. Un officier confie sa hantise : «Je redoute de me retrouver pris entre deux feux: les combattants d’un côté, dont certains sont nos cousins ou nos voisins et l’armée israélienne de l’autre».
par Benjamin Barthe
Article publié le 01/07/2003