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Proche-Orient

La trêve menacée

Après plusieurs semaines d’accalmie, le Proche-Orient va-t-il renouer avec le cycle de la violence ? C’est en tous cas ce que prédisent Israéliens et Palestiniens. Les premiers affirment en effet que les groupes radicaux palestiniens profitent de la trêve pour se restructurer dans le but de lancer une vague d’attentats meurtriers contre l’Etat hébreu. Les seconds accusent le gouvernement Sharon d’attiser les haines en poursuivant notamment la construction du «mur» de sécurité et en procédant à des arrestations d’activistes palestiniens. La dernière incursion israélienne opérée vendredi dans la ville de Naplouse a ainsi coûté la vie à deux militants du Hamas. Le groupe radical a aussitôt menacé de rompre la trêve pour les venger. Parallèlement le Hezbollah libanais, qui s’était fait oublier ces derniers mois, a bombardé des positions israéliennes dans le secteur très controversé des fermes de Chebaa. L’artillerie et l’aviation israéliennes ont aussitôt riposté.
En moins de 24 heures, l’armée israélienne a arrêté 26 Palestiniens parmi lesquels des membres des services de sécurité palestiniens mais également des activistes du Jihad islamique qu’elle accuse de préparer des attentats en territoire hébreu. L’incursion dans la nuit de jeudi à vendredi dans la ville de Naplouse avait pour objectif d’arrêter un militant de la branche armée du Hamas. Les militaires israéliens, chargés de l’appréhender, se sont heurtés à une résistance violente. Des échanges de tirs ont en effet éclaté lorsque le commando a encerclé le bâtiment où il se trouvait. Les soldats israéliens ont alors tiré une roquette anti-char contre le troisième étage où se sont produites plusieurs explosions, signe sans doute de la présence d’explosifs. Selon des témoins, le bâtiment a ensuite été dynamité et les décombres rasés par un bulldozer. Deux activistes du Hamas ainsi qu’un soldat israélien ont trouvé la mort au cour de cette opération. Huit Palestiniens, de simples citoyens, ont également été blessés. Deux ont succombé à leurs blessures.

Cet incident est sans aucun doute le plus grave qui se soit produit en territoire palestinien depuis l’entrée en vigueur de la trêve de trois mois, décrétée le 29 juin dernier par les groupes armés palestiniens. Le mouvement radical Hamas a aussitôt menacé de rompre le cessez-le-feu pour venger ses militants. «Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve par l’ennemi sioniste», a affirmé un des ses responsables politiques. «Pour nous une ligne rouge vient d’être franchie et nous ne resterons pas silencieux face à une telle agression», a-t-il martelé. La branche armée du mouvement, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a très vite appelé ses combattants à venger ses deux membres tués. Dans un communiqué, elle a invité «toutes les cellules résistantes à riposter à ce crime et à infliger une leçon radicale à l’ennemi». Elle accuse en outre l’armée israélienne d’avoir violé «des dizaines de fois» la trêve décrétée il y a un peu plus d’un mois.

Le réveil du Hezbollah

Les autorités israéliennes ont beau souligner que l’incursion dans la ville de Naplouse était «une opération ponctuelle et parfaitement ciblée» pour ne pas mettre en danger les civils, leur initiative risque avant tout d’affaiblir un peu plus le gouvernement de Mahmoud Abbas, en mal de popularité auprès des Palestiniens. L’homme chargé au sein du cabinet Abbas du contact avec les groupes islamistes a d’ailleurs estimé que ce type d’opération risquait de torpiller les efforts de l’Autorité palestinienne pour prolonger la trêve. «Je constate que l’armée israélienne tente de nous empêcher de parvenir à un accord sur ce point», a ainsi affirmé le ministre de la Culture Ziad Abou Amr, estimant que les derniers contacts avaient été jusqu’à présent «très prometteurs».

Alors que la situation est de plus en plus tendue politiquement entre Israéliens et Palestiniens, le Hezbollah chiite libanais, qui depuis plusieurs mois s’était contenté de s’en prendre verbalement à l’Etat hébreu, a repris ses attaques sur le secteur controversé des fermes de Chebaa, conquis par Israël en 1967 sur la Syrie et réclamé par Beyrouth avec l’accord de Damas. Des tirs de mortiers et de roquette ont visé vendredi matin des positions israéliennes sans faire de victimes. L’Etat hébreu a aussitôt riposté en bombardant à l’artillerie les abords de la localité libanaise frontalière de Kfar Chouba.

Ce regain de tension intervient moins d’une semaine après l’assassinat samedi dernier d’un des cadres de ce mouvement radical pro-iranien dans un attentat à l’explosif. Le Hezbollah avait aussitôt imputé à l’Etat hébreu cette attaque survenue dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth et avait promis de le venger. Le ministre libanais de l’Information avait également rendu responsable Israël de ce qu’il avait qualifié d’«opération terroriste».



par Mounia  Daoudi

Article publié le 08/08/2003