Irak
Attentat de Najaf : la colère du peuple
Le bilan de l’attentat perpétré vendredi 29 août devant le mausolée d’Ali, à Najaf, s’est alourdi. On dénombre au moins 83 morts et 125 blessés. Parmi eux, l’un des plus hauts dignitaires chiites l’ayatollah Mohammad Baqer al-Hakim. Cette attaque à la voiture piégée a été condamnée unanimement dans le monde et a provoqué la colère en Irak. Quatre suspects ont été arrêtés vendredi soir.
Après la stupeur, c’est aujourd’hui la colère qui règne en Irak. A Najaf, où a eu lieu l’attentat mais aussi à Bagdad, la capitale, et Bassorah, la principale ville du Sud. Des milliers d’Irakiens sont descendus dans les rues samedi matin pour condamner l’attentat à la voiture piégée qui a tué plusieurs dizaines de personnes vendredi, à la sortie de la prière devant la mosquée d’Ali, l’un des lieux saints du pays. C’est aux cris de «Allah est grand», mais aussi de «revanche» et de «mort à l’Amérique, mort aux baasistes» que les Irakiens ont défilé.
Car cet attentat terriblement meurtrier a pris une valeur particulièrement symbolique puisqu’il compte au nombre des victimes le chef du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak l’ayatollah Mohammad Baqer al-Hakim qui semble avoir été directement visé par les bombes composées de 700 kilos de TNT répartis dans deux véhicules. Celles-ci ont en effet explosé tout près de la voiture qui l’attendait au moment même où il sortait de la mosquée. Le corps de l’ayatollah a d’ailleurs été déchiqueté par l’explosion. Et il a fallu attendre samedi pour retrouver les premiers restes de sa dépouille. L’ayatollah Mohammad Baqer al-Hakim doit être enterré mardi à Najaf. Mais son corps sera transféré dimanche à Bagdad puis à Kerbala, à Hilla et à Koufa où des cérémonies funèbres doivent être célébrées.
La police irakienne conduit l’enquête
Cet attentat a été condamné par toutes les capitales. A Moscou, le président russe Vladimir Poutine a réagi dès vendredi et a appelé «à enrayer l’escalade de la violence en Irak». A Paris, l’Elysée a condamné «avec la plus grande fermeté cet acte odieux». A Londres, le chef de la diplomatie Jack Straw a fait part de «sa colère». A New York, le secrétaire général de l’Onu dont le siège à Bagad a aussi été la cible d’un attentat il y a dix jours, Kofi Annan a demandé à toutes les parties en Irak «d’éviter tout nouvel acte de violence et de vengeance».
A Amman, le ministre de l’Information Nabil Sharif a estimé que l’attaque visait «les efforts destinés à conduire l’Irak vers une situation politique meilleure». A Beyrouth, le responsable chiite libanais Mohammad Hussein Fadlallah a accusé les auteurs de l’attentat de «viser l’unité des musulmans». A Téhéran, où l’ayatollah Mohammad Baqer al-Hakim avait vécu en exil, le gouvernement a décrété trois jours de deuil national et a fait peser «la faute directe» de cet acte sur «les forces occupantes, qui selon les lois internationales, sont responsables de la sécurité en Irak».
De leur côté les Etats-Unis ont condamné «fermement» l’attentat. Le président Bush qui s’est exprimé de son ranch du Texas, a parlé «d’acte haineux de terrorisme» qui a frappé «l’un des lieux les plus saints de l’islam chiite». Il a aussi rendu hommage à l’ayatollah Hakim et a indiqué qu’il avait demandé aux responsables américains de «travailler étroitement» avec les responsables de la sécurité irakienne «pour découvrir qui a commis cette terrible attaque et déférer les responsables devant la justice».
L’enquête sur l’attentat devrait en effet être menée par la police irakienne qui a annoncé qu’elle avait arrêté dès vendredi quatre personnes suspectées d’avoir participé à l’organisation de cette attaque terroriste. Des informations selon lesquelles il s’agissait d’hommes d’origine arabe mais pas d’Irakiens ont d’abord circulé. Mais le gouverneur de Najaf a ensuite précisé qu’il y avait en fait «deux Irakiens de Bassorah» appartenant à l’ancien régime et «deux Arabes Wahhabites». Même si la nationalité précise de ces derniers n’a pas été dévoilée, leur appartenance au courant wahhabite fait penser à l’Arabie Saoudite qui a dû faire face récemment à certaines accusations concernant l’infiltration en Irak de Saoudiens envoyés pour combattre les forces américaines, auxquelles Ryad a apporté un démenti immédiat. Le ministre saoudien de l’Information Nayef Ben Abdel Aziz a déclaré : «De telles allégations sont infondées. Nous ne sommes au courant de l’entrée d’aucun Saoudien par la frontière avec ce pays… Ils seraient entrés par un pays tiers».
Pour le moment, aucune piste ne peut malgré tout être privilégiée. Parmi les hypothèses possibles existe celle d’une action menée par des partisans de l’ancien dictateur Saddam Hussein qui auraient voulu se débarrasser d’un responsable religieux chiite, déjà persécuté avant la chute du régime, et qui appelait à la modération depuis son retour d’exil. Mais aussi celles de mercenaires, d’organisations terroristes comme Al Qaïda qui utilisent les voitures piégées, de factions sunnites et même de radicaux chiites opposés à l’ayatollah.
Dans tous les cas, cet attentat remet une fois de plus en cause l’efficacité des forces américaines présentes en Irak, qui subissent des pertes quasi-quotidiennes, pour restaurer la sécurité dans le pays. Le neveu de l’ayatollah Mohammad Baqer al-Hakim présent sur les lieux de l’attaque, Sayyed Ammar Abdel Aziz al-Hakim a résumé cette situation en décalarant : «Nous avons dit aux forces d’occupation que l’Irak est pour les Irakiens et ne leur appartenait pas. Nous leur avons dit aussi que la sécurité ne peut être assurée que si le pays est aux mains des forces croyantes car ils savent qui sont les amis et les ennemis». Dans ce contexte, le président français Jacques Chirac a prôné une nouvelle fois le transfert du pouvoir aux Irakiens «qui doit être mis en œuvre sans délai, dans le cadre d’un processus auquel les Nations unies seules sont en mesure de donner toute sa légitimité».
Car cet attentat terriblement meurtrier a pris une valeur particulièrement symbolique puisqu’il compte au nombre des victimes le chef du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak l’ayatollah Mohammad Baqer al-Hakim qui semble avoir été directement visé par les bombes composées de 700 kilos de TNT répartis dans deux véhicules. Celles-ci ont en effet explosé tout près de la voiture qui l’attendait au moment même où il sortait de la mosquée. Le corps de l’ayatollah a d’ailleurs été déchiqueté par l’explosion. Et il a fallu attendre samedi pour retrouver les premiers restes de sa dépouille. L’ayatollah Mohammad Baqer al-Hakim doit être enterré mardi à Najaf. Mais son corps sera transféré dimanche à Bagdad puis à Kerbala, à Hilla et à Koufa où des cérémonies funèbres doivent être célébrées.
La police irakienne conduit l’enquête
Cet attentat a été condamné par toutes les capitales. A Moscou, le président russe Vladimir Poutine a réagi dès vendredi et a appelé «à enrayer l’escalade de la violence en Irak». A Paris, l’Elysée a condamné «avec la plus grande fermeté cet acte odieux». A Londres, le chef de la diplomatie Jack Straw a fait part de «sa colère». A New York, le secrétaire général de l’Onu dont le siège à Bagad a aussi été la cible d’un attentat il y a dix jours, Kofi Annan a demandé à toutes les parties en Irak «d’éviter tout nouvel acte de violence et de vengeance».
A Amman, le ministre de l’Information Nabil Sharif a estimé que l’attaque visait «les efforts destinés à conduire l’Irak vers une situation politique meilleure». A Beyrouth, le responsable chiite libanais Mohammad Hussein Fadlallah a accusé les auteurs de l’attentat de «viser l’unité des musulmans». A Téhéran, où l’ayatollah Mohammad Baqer al-Hakim avait vécu en exil, le gouvernement a décrété trois jours de deuil national et a fait peser «la faute directe» de cet acte sur «les forces occupantes, qui selon les lois internationales, sont responsables de la sécurité en Irak».
De leur côté les Etats-Unis ont condamné «fermement» l’attentat. Le président Bush qui s’est exprimé de son ranch du Texas, a parlé «d’acte haineux de terrorisme» qui a frappé «l’un des lieux les plus saints de l’islam chiite». Il a aussi rendu hommage à l’ayatollah Hakim et a indiqué qu’il avait demandé aux responsables américains de «travailler étroitement» avec les responsables de la sécurité irakienne «pour découvrir qui a commis cette terrible attaque et déférer les responsables devant la justice».
L’enquête sur l’attentat devrait en effet être menée par la police irakienne qui a annoncé qu’elle avait arrêté dès vendredi quatre personnes suspectées d’avoir participé à l’organisation de cette attaque terroriste. Des informations selon lesquelles il s’agissait d’hommes d’origine arabe mais pas d’Irakiens ont d’abord circulé. Mais le gouverneur de Najaf a ensuite précisé qu’il y avait en fait «deux Irakiens de Bassorah» appartenant à l’ancien régime et «deux Arabes Wahhabites». Même si la nationalité précise de ces derniers n’a pas été dévoilée, leur appartenance au courant wahhabite fait penser à l’Arabie Saoudite qui a dû faire face récemment à certaines accusations concernant l’infiltration en Irak de Saoudiens envoyés pour combattre les forces américaines, auxquelles Ryad a apporté un démenti immédiat. Le ministre saoudien de l’Information Nayef Ben Abdel Aziz a déclaré : «De telles allégations sont infondées. Nous ne sommes au courant de l’entrée d’aucun Saoudien par la frontière avec ce pays… Ils seraient entrés par un pays tiers».
Pour le moment, aucune piste ne peut malgré tout être privilégiée. Parmi les hypothèses possibles existe celle d’une action menée par des partisans de l’ancien dictateur Saddam Hussein qui auraient voulu se débarrasser d’un responsable religieux chiite, déjà persécuté avant la chute du régime, et qui appelait à la modération depuis son retour d’exil. Mais aussi celles de mercenaires, d’organisations terroristes comme Al Qaïda qui utilisent les voitures piégées, de factions sunnites et même de radicaux chiites opposés à l’ayatollah.
Dans tous les cas, cet attentat remet une fois de plus en cause l’efficacité des forces américaines présentes en Irak, qui subissent des pertes quasi-quotidiennes, pour restaurer la sécurité dans le pays. Le neveu de l’ayatollah Mohammad Baqer al-Hakim présent sur les lieux de l’attaque, Sayyed Ammar Abdel Aziz al-Hakim a résumé cette situation en décalarant : «Nous avons dit aux forces d’occupation que l’Irak est pour les Irakiens et ne leur appartenait pas. Nous leur avons dit aussi que la sécurité ne peut être assurée que si le pays est aux mains des forces croyantes car ils savent qui sont les amis et les ennemis». Dans ce contexte, le président français Jacques Chirac a prôné une nouvelle fois le transfert du pouvoir aux Irakiens «qui doit être mis en œuvre sans délai, dans le cadre d’un processus auquel les Nations unies seules sont en mesure de donner toute sa légitimité».
par Valérie Gas
Article publié le 30/08/2003