Audiovisuel
Télé-réalité : les hommes politiques aussi
TF1, la principale chaîne de télévision commerciale en France, veut rapprocher l’homme politique du citoyen, et annonce dans sa grille de rentrée une nouvelle émission de télé-réalité mettant en scène des responsables politiques immergés dans une famille française. Une sorte de loft-story toutefois débarrassé de ses aspects les plus obscènes. Mais le projet ne fait pour autant pas l’unanimité : même si la distance s’accroît entre les citoyens et leurs représentants, la politique reste en France un exercice sérieux.
La télé-réalité est un concept désormais solidement établi au sein du paysage audiovisuel international et qui fait fureur depuis quelques années déjà. La télé-réalité pourrait être définie comme un avatar télévisuel de la «vraie vie», une mise en scène de l’ordinaire, pour le meilleur et pour le pire, et souvent pour rien d’autre que dévoiler des comportements que d’habitude nous nous employons à dissimuler. Ce qui lui vaut parfois le qualificatif de «télé-poubelle» malgré sa banalisation et ses considérables taux d’audience. Il n’est en tout cas ni abusif ni insultant d’estimer que ce type d’émissions s’adresse plutôt à un public de «voyeurs».
Au cours des dernières rentrées télévisuelles, le genre a été maintes fois décliné dans les registres les plus divers. L’une des constantes étant de placer les candidats dans des situations difficiles. Ceux-ci sont retenus selon des critères de sélection favorisant la proximité avec le téléspectateur. Des gens censés leur ressembler : à la fois modestes et ambitieux, mais surtout combatifs et prêts à subir les humiliations de la production, propices à appâter le chaland. L’objectif d’un bon candidat est de vaincre (en général gagner de l’argent) tout en se donnant en spectacle. Il n’y a pas de voyeurs sans exhibitionnistes.
A cet égard, les semaines qui nous attendent vont être riches d’émotions renouvelées et les amateurs vont se régaler tant le genre va régner en maître sur les programmes de divertissement sur les petits écrans français, et notamment sur la chaîne de télévision privée TF1. Mais surtout, pour la prochaine rentrée télévisuelle, une nouvelle étape va être franchie puisque les hommes politiques vont y apporter leur contribution. Le titre n’est pas encore choisi, mais l’idée est d’immerger un homme politique pendant 36 ou 48 heures dans une famille française et d’en présenter les meilleurs extraits (sur 60 minutes) aux téléspectateurs. Comme c’est d’usage lors de la mise en place d’une nouvelle émission, un «numéro zéro», qui ne devrait pas être diffusé, a été tourné avec Pierre Bédier, secrétaire d’Etat aux programmes immobiliers de la justice, au sein d’une famille dont le personnage central est une sage-femme de la banlieue parisienne. Le spectacle montrant Pierre Bédier en situation de partage du quotidien d’une famille de Français moyens, ou en salle d’accouchement, est apparemment édifiant puisque l’expérience a été validée et qu’on attend désormais avec impatience la diffusion du «numéro un» de la série (diffusable, lui) qui mettra en scène le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, au sein d’une famille d’enseignants. Ce premier numéro est programmé pour le mois d’octobre.
L’alternance majorité-opposition sera respectée
Consternant ? Aux yeux de ses concepteurs l’idée est en tout cas louable puisqu’il s’agit de «redonner du tonus» à la vie politique, déclare le vice-président de TF1 à l’AFP. Selon Etienne Mougeotte, tout le monde y trouvera son compte. Outre le téléspectateur, «on trouve un grand intérêt chez les responsables politiques qui, au plan national, ont beaucoup de mal à faire passer le discours politique. Ils espèrent, à travers une émission de ce type, nouer le contact. Il y a aussi beaucoup d’intérêt chez les gens qu’on a vus, qui ont envie de passer 36 heures avec un homme politique en lui montrant ce qu’est la réalité de leur vie quotidienne», explique-t-il. Réduire la distance, en quelque sorte. Contrairement aux autres modèles du genre, la notion d’enfermement a été effacée, les concepteurs assurent qu’on n’y verra pas le personnel politique en pyjama et que le magazine (mensuel) respectera l’alternance majorité-opposition. Pour l’heure les réactions des hommes politiques sont très mitigées et nombre d’entre eux juge le projet à l’aune de l’obscénité des émissions de télé-réalité diffusées jusqu’à présent, c’est à dire négativement.
Très en avance sur son temps en matière de communication politique, l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing avait été l’un des pionniers du genre lorsqu’il s’invitait régulièrement à dîner chez des citoyens réputés «ordinaires», ce dont la presse de l’époque s’empressait de rendre compte. Ridiculisée par une opposition autrement plus virulente, la formule ne fit pas long feu. Rétrospectivement, force est de constater que sa démarche était résolument moderne.
Au cours des dernières rentrées télévisuelles, le genre a été maintes fois décliné dans les registres les plus divers. L’une des constantes étant de placer les candidats dans des situations difficiles. Ceux-ci sont retenus selon des critères de sélection favorisant la proximité avec le téléspectateur. Des gens censés leur ressembler : à la fois modestes et ambitieux, mais surtout combatifs et prêts à subir les humiliations de la production, propices à appâter le chaland. L’objectif d’un bon candidat est de vaincre (en général gagner de l’argent) tout en se donnant en spectacle. Il n’y a pas de voyeurs sans exhibitionnistes.
A cet égard, les semaines qui nous attendent vont être riches d’émotions renouvelées et les amateurs vont se régaler tant le genre va régner en maître sur les programmes de divertissement sur les petits écrans français, et notamment sur la chaîne de télévision privée TF1. Mais surtout, pour la prochaine rentrée télévisuelle, une nouvelle étape va être franchie puisque les hommes politiques vont y apporter leur contribution. Le titre n’est pas encore choisi, mais l’idée est d’immerger un homme politique pendant 36 ou 48 heures dans une famille française et d’en présenter les meilleurs extraits (sur 60 minutes) aux téléspectateurs. Comme c’est d’usage lors de la mise en place d’une nouvelle émission, un «numéro zéro», qui ne devrait pas être diffusé, a été tourné avec Pierre Bédier, secrétaire d’Etat aux programmes immobiliers de la justice, au sein d’une famille dont le personnage central est une sage-femme de la banlieue parisienne. Le spectacle montrant Pierre Bédier en situation de partage du quotidien d’une famille de Français moyens, ou en salle d’accouchement, est apparemment édifiant puisque l’expérience a été validée et qu’on attend désormais avec impatience la diffusion du «numéro un» de la série (diffusable, lui) qui mettra en scène le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, au sein d’une famille d’enseignants. Ce premier numéro est programmé pour le mois d’octobre.
L’alternance majorité-opposition sera respectée
Consternant ? Aux yeux de ses concepteurs l’idée est en tout cas louable puisqu’il s’agit de «redonner du tonus» à la vie politique, déclare le vice-président de TF1 à l’AFP. Selon Etienne Mougeotte, tout le monde y trouvera son compte. Outre le téléspectateur, «on trouve un grand intérêt chez les responsables politiques qui, au plan national, ont beaucoup de mal à faire passer le discours politique. Ils espèrent, à travers une émission de ce type, nouer le contact. Il y a aussi beaucoup d’intérêt chez les gens qu’on a vus, qui ont envie de passer 36 heures avec un homme politique en lui montrant ce qu’est la réalité de leur vie quotidienne», explique-t-il. Réduire la distance, en quelque sorte. Contrairement aux autres modèles du genre, la notion d’enfermement a été effacée, les concepteurs assurent qu’on n’y verra pas le personnel politique en pyjama et que le magazine (mensuel) respectera l’alternance majorité-opposition. Pour l’heure les réactions des hommes politiques sont très mitigées et nombre d’entre eux juge le projet à l’aune de l’obscénité des émissions de télé-réalité diffusées jusqu’à présent, c’est à dire négativement.
Très en avance sur son temps en matière de communication politique, l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing avait été l’un des pionniers du genre lorsqu’il s’invitait régulièrement à dîner chez des citoyens réputés «ordinaires», ce dont la presse de l’époque s’empressait de rendre compte. Ridiculisée par une opposition autrement plus virulente, la formule ne fit pas long feu. Rétrospectivement, force est de constater que sa démarche était résolument moderne.
par Georges Abou
Article publié le 28/08/2003