Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Nations unies

Vieira de Mello: la mort de l’étoile montante de l’ONU

Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Irak, le Brésilien Sergio Vieira de Mello a trouvé la mort dans l’attentat contre le siège de l’ONU à Bagdad. C’est une figure familière de la diplomatie internationale qui disparaît.
Son nom ne vous disait peut-être rien, mais son visage aux faux airs d’acteur américain qui aurait pu tourner avec Hitchcock et sa silhouette élégante ont traversé les images d’actualité de ses dernières années au fil des interventions de Sergio Vieira de Mello dans nombre de conflits qui ont ensanglanté la planète. Bosnie, Cambodge, région des Grands lacs, Kosovo, Timor oriental, Irak, et bien d’autres pays encore que ce diplomate a parcouru notamment en tant que Haut commissaire aux droits de l’homme (poste qu’il occupait depuis septembre 2002).

Né le 15 mars 1948 à Rio de Janeiro, Sergio Vieira de Mello avait effectué une partie de ses études en France, à Paris et il se plaisait à se présenter comme un «ex-soixante huitard» en souvenir de ses années d’études de philosophie à la Sorbonne à la fin des années 60. Il avait gardé de cette période une parfaite maîtrise de la langue française.

A 55 ans, Sergio Vieira de Mello apparaissait comme l’incarnation de ce que les Nations unies peuvent produire de meilleur. Pur produit de système ONU dans lequel il fait toute sa carrière durant 35 ans, il avait franchi tous les échelons et occupé toutes les fonctions depuis ses débuts en 1969 comme rédacteur des publications du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés à Genève.

Après avoir franchi tous les échelons au sein du HCR, il est appelé en 1995 à New York par Kofi Annan qui fait de lui son sous-secrétaire général en charge des affaires humanitaires avant de l’envoyer au Kosovo en 1999 où durant quelques semaines, il assure la mise en place de la mission de l’ONU avant de passer le relais au Français Bernard Kouchner. Quelques mois plus tard, Kofi Annan l’enverra au Timor oriental avec pour charge d’aider à la construction d’un Etat dans ce nouveau pays qui vient alors de sortir du joug indonésien.

Décrit souvent comme un diplomate pragmatique, Sergio Vieira de Mello avait expliqué sur RFI sa manière de concevoir son rôle en tant que Haut commissaire au droits de l’homme, poste auquel il succédait à l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson qui avait marqué les esprits par ses déclarations tonitruantes à l’encontre de tous les régimes qui ne respectent pas les droits de l’homme. Sergio Vieira de Mello avait une conception différente de son rôle préférant la discrétion pour plus d’efficacité expliquait-il.

Depuis quelques mois, le nom de Sergio Vieira de Mello était fréquemment avancé comme celui d’un possible successeur de Kofi Annan à la tête de l’ONU.

Un hommage unanime

L’ampleur de l’hommage rendu aujourd’hui au diplomate onusien témoigne sans conteste de l’émotion que sa mort provoque. Dans son pays, le Brésil, trois jours de deuil national ont été décrétés en hommage à celui que le chef de l’Etat, Luiz Inacio «Lula» da Silva, a décrit comme «victime de la folie du terrorisme».

«Personne ne nous manquera plus que lui» a déclaré le secrétaire général de l’ONU en apprenant la nouvelle de sa mort. «C’est un coup dur pour les Nations unies et pour moi-même» a ajouté Kofi Annan qui a interrompu ses vacances en Europe pour regagner le siège de l’ONU à New York où les drapeaux ont été mis en berne.

George W. Bush s’est dit «profondément attristé» par la mort du diplomate qui «avait mis sa vie au service des droits de l’homme».

Jacques Chirac a fait part de «sa condamnation sans réserve» et a salué l'action «intelligente et courageuse» du représentant spécial de Kofi Annan à Bagdad,

Au Timor oriental, où Sergio Vieira de Mello avait conduit la transition avant l’indépendance du pays, le prix Nobel de la paix José Ramos Horta s’est dit «consterné» par cet attentat qui frappe un homme «qui a su gagner notre amitié et notre respect».

Pour Amnesty international «sa contribution aux droits de l’homme est unanimement reconnue».

Visiblement très ému, Bernard Kouchner, qui avait succédé à Vieira de Mello comme représentant de l’ONU au Kosovo, a tenu a salué le «militant des droits de l’homme et de la paix». Pour l’ancien ministre français, «c’était un juste».

Ecouter également : Valérie de Campos répond aux questions de Philippe Bolopion. Elle travaille auprès du secrétaire général des affaires politiques à l'Onu.

Ecouter également : Antoine Sfeir, Journaliste, directeur de la rédaction des Cahiers de l'Orient. Au micro d'Emmanuelle Bastide, Antoine Sfeir analyse la situation irakienne.

Ecouter également : Shashi Taroor, Secrétaire général adjoint de l'ONU à l'Information et à la Communication qui répond aux questions de Philippe Bolopion.



par Philippe  Couve

Article publié le 20/08/2003