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Côte d''Ivoire

La justice française libère IB

Après trois semaines de détention, le sergent-chef Ibrahim Coulibaly «IB» est libéré sous caution. Aucune charge ne serait retenue contre lui, alors qu’en Côte d’Ivoire l’idée d’un complot déjoué à Paris suit son cours.
Les avocats du sergent-chef Ibrahim Coulibaly, alias IB, ont annoncé la libération de leur client. Après le rejet de plusieurs demandes en référé de mise en liberté, la procédure a suivi son cours normal jusqu’à l’aboutissement de ce 16 septembre. «Nous sommes heureux de la remise en liberté de notre client, qui visiblement est victime d’un piège qu’on lui a tendu. Son dossier est vide», a déclaré maître Antoine Conte un de ses avocats. Il fait état d’éléments postérieurs à l’arrestation de son client versés au dossier, ce qui laisse ce qui prouve que «la détention de Ibrahim Coulibaly s’est faite sur des pré-supposés», affirme-t-il.

Maître Antoine Conte a rappelé que son client n’avait manifesté qu’une seule intention, «celle de renter dans son pays à la faveur de la d’amnistie récemment promulguée en Côte d’Ivoire». Il a également rappelé les mesures de détente politique entre les pays voisins de la Côte d’Ivoire et surtout la réouverture de la frontière avec le Burkina Faso et de la poursuite du processus de paix qui paraissent en contradiction avec la détention de IB. L’avocat a néanmoins précisé que la libération du sergent-chef Ibrahim Coulibaly ne serait effective qu’après le versement d’une caution 20 000 euros. Cette même somme devra être versée pour la libération de Mamadou Diomandé, avocat et Hassan «le Libanais», tous appréhendés en même temps que IB. Mais le parquet général de la Cour d'appel de Paris a décidé de se pourvoir en cassation contre les arrêts ordonnant leur libération.

Pressions françaises sur le Burkina Faso

La libération d’Ibrahim Coulibaly fait suite à un week-end riche en événements pour la Côte d’Ivoire. En nommant lui-même les ministres de la Défense et de la Sécurité, le président de la République prend ses dispositions pour que le contrôle et la surveillance des armées et des forces de sécurité intérieure ne lui échappent pas. Un accroc qui met en péril le plan de retour à la paix piloté par Seydou Diarra avec la bienveillance de la France. La réouverture de la frontière nord avec le Burkina Faso procède de cette logique. Des pressions auraient été exercées par la France sur le Burkina Faso pour que certaines armes acquises par les Forces nouvelles «ne passent plus la frontière». Par ailleurs, selon certains observateurs l’arrestation à Paris de IB participe aussi de ce souci «de calmer le jeu politico-militaire» en vue de favoriser l’application intégrale des accords de Marcoussis. La visite de la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie était aussi un signe fort de soutien à la politique conduite et au processus de paix en cours en Côte d’Ivoire.

Tout semblait respecter un calendrier bien huilé, lorsque le président Laurent Gbagbo craque et se laisse aller à un discours de défiance face à ses adversaires. La procédure de nomination des ministres de la Défense et de la Sécurité n’aurait pas été respectée provoquant des réactions fermes des ministres du RDR et des Forces nouvelles. Contre toute attente, le président Gbagbo a pris l’initiative de leur nomination tout en appelant les siens à affronter ceux qui contestent son autorité. Il a pris également de court son Premier ministre, Seydou Diarra, qui avait au paravent installé les différents organes de cantonnement des forces antagonistes, de démobilisation, de désarmement et de réinsertion qui devaient être soumis l’autorité des ministres aujourd’hui contestés.



par Didier  Samson

Article publié le 16/09/2003