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Côte d''Ivoire

La vie politique affectée par l’affaire IB

L’affaire IB s’affirme comme un nouvel élément discordant du conflit ivoirien, de nature à en retarder le dénouement. La réunion du Conseil national de sécurité, lundi, pourrait être affecté par ce nouvel épisode en raison des prises de position et des déclarations menaçantes qui l’accompagnent.
Le président ivoirien a convoqué ce lundi 8 septembre une réunion du Conseil national de sécurité (CNS). Cet organe est composé de 15 membres représentant les différentes factions ivoiriennes et il a pour mission de désigner les titulaires des porte-feuilles de la Défense et de la Sécurité, actuellement détenus par des intérimaires faute de consensus entre les différentes factions représentées au sein du gouvernement.

On n’attend pas de miracle de cette réunion du CNS en raison du climat qui continue d’affecter le pays et du regain de tension créé par les prolongements français de la crise ivoirienne, avec l’arrestation à Paris d’une douzaine de présumés comploteurs contre le régime de Laurent Gbagbo, parmi lesquels le sergent-chef Ibrahim Coulibaly, dit IB.

Celui-ci a fait, au cours de ces derniers jours, la démonstration de sa popularité dans le nord du pays, contrôlé par les troupes ex-rebelles des Forces nouvelles, notamment ce week-end où ont eu lieu des manifestations réclamant sa libération. A Ferkessedougou, une marche de soutien a rassemblé 4 000 personnes, selon l’AFP, alors que dans la matinée, une cinquantaine de chefs traditionnels, venus de douze départements du nord, avaient eux aussi réclamé la libération «immédiate» d’IB. Selon le président de l’association des chefs traditionnels et rois du nord de la Côte d’Ivoire, Gaoussou Dramane Ouattara (ancien député et frère aîné de l’ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara), IB est victime «d’un complot parti de la Côte d’Ivoire avec l’appui de barbouzes en France». Si la France ne le libère pas, a-t-il précisé, il ne «garantit pas ce qui va se passer».

Climat de défiance

Une semaine auparavant, à Korhogo, une première manifestation de soutien au sergent-chef Coulibaly avait rassemblé plusieurs milliers de personnes, alors que l’état-major des Forces nouvelles (ex-rebelles) s’interrogeait sur la conduite à tenir dans cette affaire. Les «politiques» hésitent à s’engager dans une nouvelle confrontation avec la mouvance présidentielle et, estimant que le sergent-chef IB n’est pas mêlé à une tentative de déstabilisation, semblent convaincus que la justice française le relâchera bientôt. En revanche, les «militaires» ne l’entendent pas ainsi et semblent tentés par la reprise de la lutte armée.

En tout état de cause, le sort d’IB n’est pas indifférent aux ex-putschistes. Et cette nouvelle «affaire IB» ajoute de toute évidence à la situation ivoirienne un élément de nature à en compliquer le dénouement. Conforté dans son souci de faire face à la menace, le président Gbagbo insiste sur la nécessité d’achever le processus de désarmement et de réunification du pays, «préalable au bon déroulement du jeu démocratique». Les membres des Forces nouvelles, qui attendent depuis janvier l’application des accords de Marcoussis, campent sur leurs positions de refus estimant que les conditions ne seront pas réunies tant qu’un ministre de la Défense digne de confiance n’aura pas été nommé. Lundi, si elle se tient, la réunion du CNS pourrait bien s’achever sur un nouveau constat d’échec.



par Georges  Abou

Article publié le 07/09/2003