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Côte d''Ivoire

Affaire IB : le procureur dévoile ses investigations

Le procureur militaire, le capitaine de corvette Ange Kessy, a donné une conférence de presse le 2 septembre à Abidjan, pendant laquelle il s’est livré à un certain nombre révélations sur l’affaire «IB», fondant sa conviction sur la concordance de certains indices qui seraient en possession de la police judiciaire militaire.
Depuis l’arrestation le 25 août dernier à Paris du sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit «IB», les autorités ivoiriennes vont de révélations en révélations, se persuadant d’avoir échappé à «une vaste opération de déstabilisation de la Côte d’Ivoire». En effet, «IB» et de nombreuses autres personnes ont été mis en examen par le juge anti-terroriste français pour «appartenance à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» et écroués à la prison de la Santé dans la capitale française. Plusieurs demandes de mise en liberté ont été introduites par les avocats mais ont toutes été rejetées par le juge chargé de l’application des peines.

Pendant ce temps à Abidjan, le capitaine de corvette Ange Kessy, commissaire du gouvernement, chargé de l’enquête fait régulièrement le point sur l’avancement de ses investigations dans la presse nationale. Selon le procureur militaire, il existe bel et bien un plan d’attaque des symboles de la république qui devrait conduire à une prise de pouvoir le sergent-chef Ibrahim Coulibaly. Selon le commissaire du gouvernement ivoirien, «IB» projetait de présider un Comité intérimaire national (CIN), nouvel exécutif composé de cinq personnes pour une nouvelle période transitoire «non déterminée» affirme Ange Kessy. Selon ses mêmes révélations «IB» envisageait d’occuper le poste de ministre de la Défense, tout en maintenant en poste le Premier ministre Seydou Diarra.

«Comme le 11 septembre»

La réalisation d’un tel projet s’inscrit dans une opération de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, qui, selon Ange Kessy prévoyait l’assassinat des plus hautes personnalités de l’Etat. Il a même donné le détail de certaines actions que les comploteurs préparaient. «Il s’agissait de se positionner à un endroit bien précis, de mettre en place le dispositif dans le quartier résidentiel de Cocody, et de souffler à partir d’une arme très puissante, tel un RPG (lance-roquette) le cortège présidentiel. La destruction des deux ponts, de Gaulle et Houphouët Boigny, de trois hélicoptères et des dépôts d’armes faisaient également partie des objectifs» affirme le procureur militaire Ange Kessy. Il a également dressé la liste des personnalités dont l’élimination physique était prévue. Il s’agirait du président de la République et de son épouse, du président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, du leader des «jeunes patriotes», Charles Blé Goudé ou encore du chef d’état-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci), le général Mathias Doué.

Selon les enquêteurs ivoiriens, plusieurs édifices de la capitale étaient visés et voués à la destruction, parmi lesquels la Cité des étudiants ou encore l’aéroport. La violence présumée que susciterait la mise en application d’un tel projet a conduit le commissaire de la République à assimiler «le complot à un acte terroriste. Ce sont ces effets aussi épouvantables qu’effroyables, que n’égaleront que les événements du 11 septembre» a-t-il souligné. Par ailleurs, il a salué la coopération française qui a permis de déjouer «l’attentat contre la sûreté de l’Etat, des assassinats et des activités subversives à portée terroriste». Le procureur militaire n’exclut pas d’entendre comme témoins de nombreuses personnalités de l’Etat, surtout dans les rangs des Forces nouvelles (ex-rebelles), de l’armée et de la société civile. Il a laissé entendre lors de sa conférence de presse, que de nombreuses autres révélations pourraient survenir prochainement.



par Didier  Samson

Article publié le 03/09/2003