Côte d''Ivoire
De nouveaux orages menacent
Après l’interpellation en France d’«IB», la tension est montée d’un cran en Côte d’Ivoire où la situation de blocage politique se renforce au fil des jours alors que l’application des accords de Marcoussis est en panne.
A l’approche du premier anniversaire du déclenchement de la rébellion au nord de la Côte d’Ivoire, les espoirs nés de la conclusion (dans les embrassades et le champagne) des accords de Marcoussis semblent n’être plus qu’un très lointain souvenir.
L’arrestation en France du sergent-chef «IB» que les amis de Laurent Gbagbo présentent comme l’éminence grise, voire le véritable chef, de la rébellion et du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire) risque de provoquer des secousses dans un contexte où l’équilibre des forces paraît chaque jour un peu plus fragile.
Dans les rangs des forces nouvelles, même si le MPCI dément toute tentative de «déstabilisation» et tout lien avec IB, ses dirigeants exigent la remise en liberté d’IB qu’ils présentent comme «un symbole». Sur RFI, le représentant en Europe du MPCI, le major Doumbia, va même plus loin. Il explique que le sergent-chef IB «est une référence pour tous les hommes qui sont en armes» et que «son arrestation pourrait entraîner des événements que personne ne pourrait contrôler». «Nous espérons que c’est un malentendu» conclut-il au micro d’Olivier Rogez. (écoutez l’interview). La menace est à peine voilée et elle témoigne de l’embarras des Forces nouvelles (ex-rebelles) face à cette affaire.
Des Forces nouvelles qui venaient tout juste de faire le constat de «l’impasse» dans laquelle se trouve le processus de réconciliation politique initié à Marcoussis. Réunis durant trois jours à Bouaké, les responsables des ex-rebelles estimaient lundi que l'organisation d'élections «justes et transparentes» en 2005 est incertaine.
Force est en effet de constater que l’application des accords de Marcoussis est en panne. Ni le ministre de la Défense, ni celui de l’Intérieur n’ont pu être nommés. Le chef de l’Etat campe sur ses prérogatives et, s’il accepte «l’esprit des accords de Marcoussis», il en refuse toujours l’application intégrale.
Autre blocage sur le terrain militaire. Le changement de dénomination de la rébellion n’a pas changé grand chose à la réalité du terrain. La démilitarisation des groupes armés qui devait débuter le 1er août n’a toujours pas commencé. L’accrochage survenu lundi entre une patrouille française et un groupe d’ex-rebelles dans la zone théoriquement démilitarisée témoigne que les mesures «de confiance» sont loin d’être appliquées. Cet accrochage a fait deux morts et un blessé dans les rangs des forces françaises.
La semaine dernière, c’est le Premier ministre Seydou Diarra qui était sorti de sa réserve pour dénoncer les blocages provoqués par le camp présidentiel et pour réclamer davantage de pouvoir au président Gbagbo en vue d’appliquer le programme «de réconciliation» pour lequel il a été désigné au terme des discussions de Marcoussis en janvier dernier.
L’affaire «IB» tombe en tout cas à point nommé pour la présidence ivoirienne qui affirme sans désemparer depuis des semaines que des complots sont en cours et qui constate que le désarmement des rebelles devenus «Forces nouvelles» ne progresse guère. Autant de justifications aux yeux des proches de Laurent Gbagbo pour expliquer les achats d’armement auxquels procèdent les autorités. Des achats en partie financés avec l’argent du cacao comme le révélait Jean-Pierre Boris sur RFI dans sa chronique des matières premières du 25 août.
Gbagbo remercie «chaleureusement» la France
Dans une allocution télévisée mardi soir, le président ivoirien a adressé ses remerciements «les plus chaleureux aux autorités françaises au plus haut niveau» après l’arrestation d’«IB». Selon Laurent Gbagbo: «Ce projet consistait notamment à attenter à ma vie et à assassiner mes principaux collaborateurs». Le chef de l’Etat a également réclamé des investigations pour «démasquer tous les commanditaires et leurs complices quels qu’ils soient et où qu’ils se trouvent».
Le chef de l’Etat a également salué, au cours de son allocution, la mémoire des deux soldats français tués lundi lors d’un accrochage avec un groupe d’ex-rebelles dans le centre de la Côte d’Ivoire.
Laurent Gbagbo a toutes les raisons d’être satisfait des derniers événements qui prouvent, à ses yeux, la duplicité des Forces nouvelles et le confortent dans son refus d’abandonner ses prérogatives. Parallèlement les relations avec Paris semblent se réchauffer après avoir connu une période glaciale notamment lors de la visite à Abidjan du chef de la diplomatie française en janvier et au moment des accords de Marcoussis.
Cette situation va renforcer les tensions au sein des Forces nouvelles entre radicaux et modérés. Les premiers veulent en découdre et ne croient pas en la volonté du camp présidentiel de se conformer à ses engagements tandis que les second veulent croire que le chemin de la réconciliation est encore praticable.
Dans les semaines qui viennent, un an après l’éclatement de la rébellion et alors que le pays est toujours divisé en deux entre Nord et Sud, de nouveaux orages menacent d’éclater en Côte d’Ivoire.
L’arrestation en France du sergent-chef «IB» que les amis de Laurent Gbagbo présentent comme l’éminence grise, voire le véritable chef, de la rébellion et du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire) risque de provoquer des secousses dans un contexte où l’équilibre des forces paraît chaque jour un peu plus fragile.
Dans les rangs des forces nouvelles, même si le MPCI dément toute tentative de «déstabilisation» et tout lien avec IB, ses dirigeants exigent la remise en liberté d’IB qu’ils présentent comme «un symbole». Sur RFI, le représentant en Europe du MPCI, le major Doumbia, va même plus loin. Il explique que le sergent-chef IB «est une référence pour tous les hommes qui sont en armes» et que «son arrestation pourrait entraîner des événements que personne ne pourrait contrôler». «Nous espérons que c’est un malentendu» conclut-il au micro d’Olivier Rogez. (écoutez l’interview). La menace est à peine voilée et elle témoigne de l’embarras des Forces nouvelles (ex-rebelles) face à cette affaire.
Des Forces nouvelles qui venaient tout juste de faire le constat de «l’impasse» dans laquelle se trouve le processus de réconciliation politique initié à Marcoussis. Réunis durant trois jours à Bouaké, les responsables des ex-rebelles estimaient lundi que l'organisation d'élections «justes et transparentes» en 2005 est incertaine.
Force est en effet de constater que l’application des accords de Marcoussis est en panne. Ni le ministre de la Défense, ni celui de l’Intérieur n’ont pu être nommés. Le chef de l’Etat campe sur ses prérogatives et, s’il accepte «l’esprit des accords de Marcoussis», il en refuse toujours l’application intégrale.
Autre blocage sur le terrain militaire. Le changement de dénomination de la rébellion n’a pas changé grand chose à la réalité du terrain. La démilitarisation des groupes armés qui devait débuter le 1er août n’a toujours pas commencé. L’accrochage survenu lundi entre une patrouille française et un groupe d’ex-rebelles dans la zone théoriquement démilitarisée témoigne que les mesures «de confiance» sont loin d’être appliquées. Cet accrochage a fait deux morts et un blessé dans les rangs des forces françaises.
La semaine dernière, c’est le Premier ministre Seydou Diarra qui était sorti de sa réserve pour dénoncer les blocages provoqués par le camp présidentiel et pour réclamer davantage de pouvoir au président Gbagbo en vue d’appliquer le programme «de réconciliation» pour lequel il a été désigné au terme des discussions de Marcoussis en janvier dernier.
L’affaire «IB» tombe en tout cas à point nommé pour la présidence ivoirienne qui affirme sans désemparer depuis des semaines que des complots sont en cours et qui constate que le désarmement des rebelles devenus «Forces nouvelles» ne progresse guère. Autant de justifications aux yeux des proches de Laurent Gbagbo pour expliquer les achats d’armement auxquels procèdent les autorités. Des achats en partie financés avec l’argent du cacao comme le révélait Jean-Pierre Boris sur RFI dans sa chronique des matières premières du 25 août.
Gbagbo remercie «chaleureusement» la France
Dans une allocution télévisée mardi soir, le président ivoirien a adressé ses remerciements «les plus chaleureux aux autorités françaises au plus haut niveau» après l’arrestation d’«IB». Selon Laurent Gbagbo: «Ce projet consistait notamment à attenter à ma vie et à assassiner mes principaux collaborateurs». Le chef de l’Etat a également réclamé des investigations pour «démasquer tous les commanditaires et leurs complices quels qu’ils soient et où qu’ils se trouvent».
Le chef de l’Etat a également salué, au cours de son allocution, la mémoire des deux soldats français tués lundi lors d’un accrochage avec un groupe d’ex-rebelles dans le centre de la Côte d’Ivoire.
Laurent Gbagbo a toutes les raisons d’être satisfait des derniers événements qui prouvent, à ses yeux, la duplicité des Forces nouvelles et le confortent dans son refus d’abandonner ses prérogatives. Parallèlement les relations avec Paris semblent se réchauffer après avoir connu une période glaciale notamment lors de la visite à Abidjan du chef de la diplomatie française en janvier et au moment des accords de Marcoussis.
Cette situation va renforcer les tensions au sein des Forces nouvelles entre radicaux et modérés. Les premiers veulent en découdre et ne croient pas en la volonté du camp présidentiel de se conformer à ses engagements tandis que les second veulent croire que le chemin de la réconciliation est encore praticable.
Dans les semaines qui viennent, un an après l’éclatement de la rébellion et alors que le pays est toujours divisé en deux entre Nord et Sud, de nouveaux orages menacent d’éclater en Côte d’Ivoire.
par Philippe Couve
Article publié le 27/08/2003