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Côte d''Ivoire

Le général Coulibaly libéré à Abidjan

Aucune charge n’a été retenue contre l’ancien général putschiste Abdoulaye Coulibaly. Il avait été interpellé la semaine dernière à son retour à Abidjan dans le cadre des prolongements ivoiriens de l’enquête entamée en France et au cours de laquelle son ancien compagnon d’arme, le sergent-chef Ibrahim Coulibaly, a été arrêté et incarcéré, à Paris. Ce dernier est accusé par le juge anti-terroriste d’avoir préparé un complot visant à éliminer le président ivoirien, Laurent Gbagbo.
Le général Abdoulaye Coulibaly a été relâché lundi. Il avait été interpellé jeudi 28 août à l’aéroport d’Abidjan, à son retour de France. «Rien n’a été retenu contre lui», a déclaré le commandant Ange Kessi, qui fait office de procureur de la république devant le tribunal militaire ivoirien. «Il avait été arrêté pour participation à attentat contre la sûreté de l’Etat avec visée terroriste et assassinat», a précisé le commandant Kessi. Son arrestation entrait dans le cadre de l’enquête ouverte à Abidjan, parallèlement aux investigations qui ont abouti en France à l’inculpation d’une douzaine de personnes, parmi lesquelles le sergent-chef Ibrahim Coulibaly (dit IB) mis en examen par un juge anti-terroriste français et placé en détention à Paris pour «appartenance à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» et «recrutement de mercenaires».

Le général Coulibaly (qui n’a pas de lien de parenté avec le sergent-chef Coulibaly) est l’ancien numéro trois de la junte ivoirienne conduite par feu le général Gueï, après le coup d’Etat de décembre 1999. Avec le général Lassana Palenfo, numéro deux de la junte, et une trentaine d’autres militaires, il avait été accusé d’avoir tenté de renverser Robert Gueï, en septembre 2000. Un tribunal militaire avait acquitté Coulibaly, mais Palenfo avait été condamné à un an de prison ferme. Resté en Côte d’Ivoire après le procès, le général Coulibaly avait récemment obtenu une permission du ministère de la Défense et s’était rendu en France.

Le Premier ministre sur la sellette

Après le coup de filet opéré en France sous la conduite du juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière, le général Coulibaly n’ignorait pas qu’il risquait d’être, lui aussi, soupçonné d’avoir trempé dans le complot dont sont accusés les présumés conspirateurs interpellés à Paris. C’est donc en toute connaissance de cause qu’il a pris la décision de rentrer à Abidjan où les prolongements de l’affaire IB ont finalement provoqué les arrestations de dix-huit personnes, sept civils et onze militaires dont deux généraux, a annoncé le commandant Kessi. Comme le sergent-chef Ibrahim Coulibaly, artisan lui aussi du coup d’Etat de décembre 99, et le général Lassana Palenfo, Abdoulaye Coulibaly avait été appelé, le 20 août dernier, par les ex-rebelles des Forces nouvelles à profiter du bénéfice de la loi d’amnistie votée en faveur des membres des forces armées et à «regagner en toute liberté leur patrie pour participer au processus de paix et de démocratisation en cours». C’est de cette mesure dont s’était prévalu le sergent-chef IB pour expliquer sa volonté de rentrer au pays.

Entre-temps, le climat s’est considérablement dégradé avec le coup filet réalisé en France et le placement en détention d’IB en détention provisoire. Les positions se sont encore éloignées, entre partisans et adversaires des accords de réconciliation. Le Premier ministre Seydou Diarra est désormais accusé par le parti présidentiel de participer à une entreprise de déstabilisation. Les ex-rebelles des Forces nouvelles estiment que cette affaire est montée de toute pièce par la France pour soutenir le régime de Laurent Gbagbo.

Selon ses avocats, le sergent-chef IB affirme ne pas connaître les présumés mercenaires arrêtés dans le cadre de cette affaire et, dans leurs aveux, ces derniers n’ont pas mis en cause son client. Ils sont accusés d’avoir préparé un complot visant à assassiner le président ivoirien.



par Georges  Abou

Article publié le 29/08/2003