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Nations unies

L’Irak au cœur des débats à l’ONU

Alors que l’année dernière la menace d’une guerre contre le régime de Saddam Hussein avait lourdement pesé sur les débats de l’Assemblée générale des Nations unies, cette année c’est l’insécurité qui prévaut en Irak cinq mois après le déclenchement de l’offensive américano-britannique qui devrait être au cœur des discussions. Le président Bush devrait une nouvelle fois justifier sa décision d’attaquer l’ancien pouvoir de Bagdad mais face aux difficultés rencontrées pour la reconstruction de l’Irak il devrait également réclamer un plus grand engagement sur le terrain des Nations unies. Un engagement en faveur duquel la France milite depuis des mois même si elle y met certaines conditions comme par exemple un retour rapide du pouvoir aux Irakiens.
Le président George Bush en personne annonçait officiellement le 1er mai dernier la fin des opérations de guerre en Irak. Mais près de quatre mois plus tard, la situation sur le terrain relève plus du chaos que du retour à la normale et la reconstruction du pays s’apparente de plus en plus à un vœu pieux. Ironie de l’histoire, l’homme qui l’année dernière menaçait de disparition l’ONU si elle ne s’alignait pas sur la position de Washington en votant la guerre contre le régime de Saddam Hussein, revient devant la tribune des Nations unies pour réclamer cette fois-ci un engagement plus poussé de l’organisation. «Les membres de l’ONU ont maintenant l’occasion et la responsabilité de prendre les dispositions nécessaires pour permettre à l’Irak de devenir un pays libre et démocratique», a d’ores et déjà déclaré George Bush au cours d’une allocution télévisée à la nation le 7 septembre dernier. Une position qu’il ne manquera pas de réitérer à l’Assemblée générale de l’ONU tout en justifiant une nouvelle fois la guerre déclenchée contre le régime de Saddam Hussein.

Mais si le retour au calme dans un pays en proie à une grande insécurité et la reconstruction de l’Irak sont aujourd’hui des objectifs largement partagés par l’ensemble de la communauté internationale, les moyens d’y parvenir ne font pas l’unanimité. Comme lors des débats sur l’entrée ou non en guerre contre le régime irakien, la France est de nouveau en tête des pays qui refusent de se soumettre au diktat américain. Paris a certes modéré son discours et a même accepté l’idée d’une force multinationale onusienne sous commandement américain mais elle maintient son exigence d’un retour rapide de la souveraineté politique entre les mains des Irakiens.

Paris n’enverra pas de troupes en Irak

Soucieux de ne pas apparaître triomphaliste par rapport aux difficultés rencontrées sur le terrain par les troupes de la coalition, Jacques Chirac a d’ores et déjà annoncé que la France ne brandirait pas son veto pour empêcher le vote de la nouvelle résolution américaine qui réclame à la communauté internationale d’aider militairement et économiquement les Etats-Unis à affronter la situation en Irak. Dans une interview au quotidien New York Times, le chef de l’Etat français a toutefois précisé que Paris «peut s’abstenir ou voter oui». Et Jacques Chirac de détailler ce qui encouragerait la France à appuyer la nouvelle résolution américaine. Il faudrait selon lui que le texte fixe «un horizon politique clair» avec «une échéance précise –six à neuf mois– pour le transfert de souveraineté» et un «calendrier» pour une évolution progressive des responsabilités à l’autorité provisoire irakienne.

Le président français estime en effet que c’est le seul moyen de ramener la sécurité et la stabilité dans ce pays où les soldats américains sont la cible d’attaques quotidiennes de la part des fidèles au régime déchu. Comme preuve de la bonne volonté de Paris de trouver une solution à l’insécurité qui règne en Irak, Jacques Chirac n’a pas exclu que la France puisse contribuer à former des policiers et des soldats irakiens en «France ou ailleurs». Mais concernant l’envoi de soldats français en Irak, il en a en revanche catégoriquement rejeté l’idée. Selon un diplomate qui a souhaité garder l’anonymat, «les Etats-Unis peuvent en effet passer le texte qu’ils souhaitent mais ils ne peuvent forcer personne à envoyer des troupes et à fournir des fonds».

Sans compter que l’attentat qui a visé lundi matin, 24 heures avant l’ouverture des débats à l’Assemblée générale des Nations unies, le siège de l’ONU à Bagdad risque de décourager les rares pays prêts à envoyer des troupes sur place. Un kamikaze a en effet fait exploser une voiture piégée, provoquant la mort d’une personne et en blessant 17 autres. Une attaque qui survient un peu plus d’un mois après l’attaque sanglante qui avait coûté la vie au représentant spécial de Kofi Annan, Sergio Vieira de Mello, et à une vingtaine d’autres personnes, en majorité des fonctionnaires de l’ONU. Cet attentat intervient en outre après un week-end particulièrement sanglant en Irak au cours duquel trois soldats américains ont été tués et un membre du Conseil de gouvernement transitoire grièvement blessé par balles.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 22/09/2003