Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Education

Raffarin ouvre le débat sur l’école

Jacques Chirac l’avait promis lors de la campagne pour la présidentielle, c’est aujourd’hui chose faite : le débat national sur l’école est lancé à l’occasion de la mise en place lundi par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, de la commission chargée de le piloter. Dans un contexte où certains comme le ministre de l’Education Luc Ferry, diagnostiquent une véritable «panne» du système éducatif français, cette initiative a pour but d’analyser, grâce à une concertation de grande ampleur, toutes les difficultés qui empêchent l’école de remplir totalement son rôle.
«L’école est le ciment de la Nation… Je souhaite que le débat national qui s’ouvre soit l’occasion, à partir d’un diagnostic partagé, de resserrer les liens entre les Français et leur école et de bâtir ensemble un projet commun pour notre système éducatif et nos enfants permettant de faire mieux vivre l’égalité des chances.» Le président de la République Jacques Chirac a fait part lors du dernier conseil des ministres de l’intérêt qu’il porte au vaste débat engagé ce lundi en France sur le thème de l’école, qui était au cœur de sa campagne pour la dernière élection présidentielle.

L’ouverture d’une concertation nationale sur l’école arrive après une période bien tourmentée pour le monde scolaire. Les enseignants ont en effet mené un vaste mouvement de protestation qui a duré jusqu’à la fin du mois de juin. Leurs revendications portaient naturellement sur les problèmes des retraites, des statuts mais aussi sur leurs conditions de travail et le manque de moyens dont ils souffrent dans l’exercice de leur fonction. Le malaise des enseignants est l’un des signes du malaise de l’école en général. Mais d’autres symptômes alertent les spécialistes sur le fait que l’école ne semble plus capable de remplir l’un de ses rôles fondamentaux : assurer l’égalité des chances et permettre la promotion sociale. Un nombre croissant de jeunes sortent en effet du système scolaire sans qualification et les taux de réussite au bac stagnent depuis le milieu des années 90. Dans ce contexte, un certain nombre de questions se posent aujourd’hui non seulement sur les méthodes pédagogiques et leurs limites avec par exemple, la question du choix de la mixité et des rapports filles-garçons au sein de l’école, sur la violence scolaire, la laïcité…

Dix mille débats en France

La commission sur l’école mise en place lundi par Jean-Pierre Raffarin a donc du pain sur la planche pour arriver à faire un diagnostic et des propositions qui alimenteront le nouveau projet de loi d’orientation qui doit être présenté à la fin de l’année 2004. D’ici là, les quelque cinquante membres de la commission (politiques, experts, intellectuels, enseignants, parents d’élèves, fonctionnaires…) dirigée par Claude Thélot, un spécialiste reconnu du système éducatif qui a travaillé notamment à l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), travailleront à partir du rapport que le Haut conseil de l’évaluation de l’Education nationale doit leur rendre avant novembre. En attendant à la fin du mois de janvier 2004, la synthèse des 10 000 débats qui doivent être organisés dans toute la France sur les questions liées à l’école.

Même si l’objectif affiché est d’obtenir «un diagnostic partagé» sur l’école, il ne sera pas facile de mener cette concertation en toute sérénité sur un sujet traditionnellement sensible et dans un climat social tendu. Les syndicats d’enseignants ont d’ailleurs d’ores et déjà fait part de leur manque d’enthousiasme. Gérard Aschiéri, le secrétaire général de la FSU, a ainsi déclaré : «Le climat est tendu, le contentieux n’est pas réglé, les sources de conflit sont loin d’être éteintes dans l’Education. Le ministre semble ne pas nous avoir entendu. S’il veut que le débat sur l’école ait lieu…il doit en créer les conditions, c’est à dire enfin répondre aux problèmes posés et les traiter

D’autre part, une polémique a été déclenchée par la révélation de l’autocensure de Xavier Darcos, le ministre délégué à l’Enseignement scolaire, qui aurait renoncé à la publication d’un livre d’entretien avec le pédagogue Philippe Meirieu jugé malvenu par l’entourage du Premier ministre. Dans cet ouvrage Xavier Darcos aborderait les problèmes du conflit social du printemps, du statut des enseignants, de la décentralisation… et exprimerait des opinions peu à même de préserver la sérénité nécessaire pour engager la concertation sur l’école. Décidément, même au gouvernement, l’école fait débat.



par Valérie  Gas

Article publié le 15/09/2003