Aviation
Air France s'offre KLM
Air France et KLM ont officiellement annoncé un projet de rachat de la compagnie aérienne néerlandaise par la française. Cette annonce implique une privatisation de la compagnie aérienne française.
Cinq cents appareils, plus de 100 000 salariés, 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires (le premier mondial pour le secteur) : un monstre aéronautique est né mardi. Il s’appelle Air France-KLM et, indique le communiqué conjoint, il «s’appuiera sur la force et la complémentarité des marques, de hubs (plate-formes aéroportuaires, ndlr) et des réseaux». L’union prend la forme d’une offre publique d’échange (OPE) d’actions qui concerne la totalité des actions de la KLM. Dans le cadre de cette OPE, Air France procédera à une augmentation de capital réservée aux actionnaires de KLM. A l’issue de la transaction, le nouveau groupe sera détenu à 81% par des intérêts français, 19% revenant aux Néerlandais. Entre temps la part de l’Etat français sera passée de 54 à 44% du capital. Ce qui signifie concrètement qu’au passage, par effet mécanique, la compagnie française aura été privatisée. Enfin Air France-KLM sera dirigée par l’actuel PDG de la compagnie française, Jean-Cyril Spinetta.
Les Néerlandais se font du souci. Ils s’interrogent notamment sur l’avenir de la plate-forme aéroportuaire de Schiphol (Amsterdam), qui drainent quelque 100 000 emplois. Ils craignent en effet son dépérissement au profit de l’aéroport Charles de Gaulle, ainsi que des conséquences sur les droits de trafic, bien que des assurances leur aient été données. Et en tout état de causes les finances de la compagnie néerlandaise ne lui autorisent qu’une marge de manœuvre très faible : la KLM n’a guère d’autres choix que de s’associer ou mourir en laissant les compagnies concurrentes se partager les destinations désertées.
Pour Air France, la mariée apporte une dot intéressante. Pour le trafic passager, elle ouvre des perspectives sur ses destinations traditionnelles, où la française est peu présente : l’Europe du Nord et l’Afrique de l’Est. Grâce à ses alliances, elle resserre le filet américain et renforce les dessertes asiatiques. Pour le fret, le couple deviendrait le quatrième transporteur mondial, avec 1,2 millions de tonnes.
L’inexorable disparition des compagnies nationales
Sur le plan social, outre les craintes affichées par la partie néerlandaise sur l’avenir de la plate-forme d’Amsterdam, avec la menace qui pourrait survenir sur les emplois en cas de «rationalisation», les syndicats français ont également exprimé leur inquiétude quant à la pérennité de la formule, d’une part, et, d’autre part, au désengagement de l’Etat, garantie selon eux d’une meilleure stabilité des emplois. Ils font aussi observer que les deux compagnies entretiennent une trentaine de destinations communes (des doublons) dont la suppression fait craindre «des vagues de licenciements».
Ce dernier épisode des restructurations du transport aérien européen marque le l’inexorable disparition des compagnies nationales protégées et entretenues, quoi qu’il en coûte, comme un patrimoine familial, inaliénable symbole de souveraineté. C’est la dernière conséquence de la crise du transport aérien de l’après-11 septembre et de l’accélération d’un processus de concentration capitalistique : seuls les gros survivront, avait prédit le patron d’Air France. Avec ce dernier épisode, sa prédiction se réalise autour des trois derniers géants européens que sont Air France, British Airways et Lufthansa et auxquels s’agrègent (ou tentent de le faire) les petites européennes, anciennes concurrentes, aujourd’hui concubines. D’ailleurs à l’annonce de la conclusion de l’accord, la compagnie italienne Alitalia, qui est déjà un partenaire commercial privilégié d’Air France, a indiqué sa volonté d’ouvrir à son tour des négociations pour engager un ménage à trois.
Le calendrier renvoie au 15 octobre la signature de l’accord final et courant octobre la présentation du projet aux autorités chargées de veiller au respect des règles en matière de concurrence (ministère américain de la Justice et Commission européenne). Le lancement de l’offre d’échange aura lieu lors de la première quinzaine de mars 2004 et sera close un mois plus tard.
A l’ouverture de la bourse de Paris, mardi, l’action Air France perdait plus de 5% alors que la KLM prenait plus de 16%.
A lire également :
Air France-KLM : vers la privatisation d’Air France
La chronique économique de Norbert Navarro
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Pour Air France, la mariée apporte une dot intéressante. Pour le trafic passager, elle ouvre des perspectives sur ses destinations traditionnelles, où la française est peu présente : l’Europe du Nord et l’Afrique de l’Est. Grâce à ses alliances, elle resserre le filet américain et renforce les dessertes asiatiques. Pour le fret, le couple deviendrait le quatrième transporteur mondial, avec 1,2 millions de tonnes.
L’inexorable disparition des compagnies nationales
Sur le plan social, outre les craintes affichées par la partie néerlandaise sur l’avenir de la plate-forme d’Amsterdam, avec la menace qui pourrait survenir sur les emplois en cas de «rationalisation», les syndicats français ont également exprimé leur inquiétude quant à la pérennité de la formule, d’une part, et, d’autre part, au désengagement de l’Etat, garantie selon eux d’une meilleure stabilité des emplois. Ils font aussi observer que les deux compagnies entretiennent une trentaine de destinations communes (des doublons) dont la suppression fait craindre «des vagues de licenciements».
Ce dernier épisode des restructurations du transport aérien européen marque le l’inexorable disparition des compagnies nationales protégées et entretenues, quoi qu’il en coûte, comme un patrimoine familial, inaliénable symbole de souveraineté. C’est la dernière conséquence de la crise du transport aérien de l’après-11 septembre et de l’accélération d’un processus de concentration capitalistique : seuls les gros survivront, avait prédit le patron d’Air France. Avec ce dernier épisode, sa prédiction se réalise autour des trois derniers géants européens que sont Air France, British Airways et Lufthansa et auxquels s’agrègent (ou tentent de le faire) les petites européennes, anciennes concurrentes, aujourd’hui concubines. D’ailleurs à l’annonce de la conclusion de l’accord, la compagnie italienne Alitalia, qui est déjà un partenaire commercial privilégié d’Air France, a indiqué sa volonté d’ouvrir à son tour des négociations pour engager un ménage à trois.
Le calendrier renvoie au 15 octobre la signature de l’accord final et courant octobre la présentation du projet aux autorités chargées de veiller au respect des règles en matière de concurrence (ministère américain de la Justice et Commission européenne). Le lancement de l’offre d’échange aura lieu lors de la première quinzaine de mars 2004 et sera close un mois plus tard.
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par Georges Abou
Article publié le 30/09/2003