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France-Allemagne

Chirac et Schröder choisissent la relance

Le plan de relance intitulé «l’Allemagne et la France ensemble pour plus de croissance en Europe» est avant tout un front commun des deux mauvais élèves de l’Union européenne. Afin de répondre aux critiques de la Commission européenne sur leurs déficits publics excessifs, ils proposent une sortie de la crise «par le haut».
Le conseil des ministres franco-allemand, co-présidé par le chancelier Gerhard Schröder et le président Jacques Chirac, s’est achevé à Berlin par la publication d’une initiative commune de relance de l’économie dans les deux pays. Sous forme d’un programme de grands projets d’infrastructures et d'équipements intitulé «l’Allemagne et la France ensemble pour plus de croissance en Europe» ce plan propose une liste de dix grands axes de développement des transports, télécommunications, Internet, environnement. Par exemple: l’interconnexion des réseaux ferroviaires à grande vitesse, TGV français et ICE allemand en 2007, plus de réseaux numériques à haut débit, le développement du programme Galileo de positionnement par satellite européen GPS, des éoliennes et des énergies renouvelables.

Ce plan pèche cependant par l’absence de perspectives chiffrées et la discrétion de ses promoteurs sur les sources de son financement. Ce n’est pas non plus une idée parfaitement originale car déjà, en juillet dernier, lorsque l’Italie a pris la présidence tournante de l’Union européenne, le ministre des Finances italien Giulio Tremonti avait proposé comme remède à la crise économique un plan de grands travaux de 50 milliards d’euros par an jusqu’en 2010. Il portait sur de grands réseaux européens de transports routiers et ferroviaires destinés à doper la reprise économique dont les pays européens ont tant besoin, tout en améliorant les infrastructures de l’Union à moyen et long terme. La Banque européenne d’investissement (BEI) devait être sollicitée pour préparer des propositions de financement.

Aller chercher la croissance

Conscient de cette faiblesse dans le dispositif, la France et l’Allemagne ont également anticipé le reproche de faire cavalier seul en Europe et de rétablir un axe Paris-Berlin, en se montrant disposés à poursuivre, avec leurs partenaires, les négociations à venir sur cette initiative.

Le plan de relance franco-allemand a également pour objectif de justifier les déficits publics, excessifs au regard des accords entre les Quinze, dénoncés par la Commission européenne. Les deux pays sont en effet en butte aux critiques, préludes aux sanctions, de la Commission européenne pour dépassement de la limite de 3% du PIB des déficits budgétaires. France et Allemagne défendent coude à coude l’idée que «l’Europe ne doit pas attendre la croissance mais aller la chercher» comme l’a exprimé Jacques Chirac. Cela implique d’adapter les comportements à la conjoncture et donc, dans l’esprit du chancelier et du président de la République, d’assouplir les exigences du pacte de stabilité et de croissance lorsque la situation économique l’impose.

Ils invitent en outre à éviter les «excès de la réglementation» lorsqu’ils peuvent mettre en danger l’industrie européenne. Allusion directe au refus du commissaire européen chargé de la concurrence, Mario Monti, d’entériner le plan de sauvetage du groupe français Alstom. C’est donc à un plaidoyer pro domo que se sont livrées les deux puissances économiques de la zone euro. En effet, le chancelier Schröder a noté des signes positifs de reprise qu’il convient de soutenir et d'accompagner. Ce soutien se traduisant mécaniquement par un surcroît de dépenses, il ajoute cependant que le recours à ces mesures conjoncturelles ne se fait pas au prix de l’abandon de l’objectif de maîtrise budgétaire.

A écouter :
Nicolas Vescovacci, journaliste à RFI, décrypte les intentions franco-allemandes au micro de Frédérique Genot.



par Francine  Quentin

Article publié le 19/09/2003