Côte d''Ivoire
Des actes de sabotage réfléchis
Des émeutes éclatent en plein cœur d’Abidjan après une manifestation des partisans du pouvoir. Aucune victime n’est à déplorer mais les dégâts matériels sont importants. Les cibles choisies ne doivent rien au hasard, ni à des actes de vandalisme gratuits.
Dès le 10 octobre au matin des petits groupes de jeunes manifestants ont saccagé les agences de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), de la Société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (Sodeci) et d’Orange, l’opérateur de la téléphonie mobile. Les vandales se réclamaient du groupement des patriotes pour la paix et arboraient des T-shirts du groupe d’autodéfense. Ce groupuscule très actif est une émanation des «jeunes patriotes» farouches défenseurs du président Laurent Gbagbo contre la rébellion armée. A bord de voitures, pour la plupart volées, selon des sources policières, ces jeunes ont planifié leurs attaques, agissant par petits groupes d’une douzaine de personnes. Ils s’en sont pris aux entreprises mobilisant des capitaux français et ont dénoncé la «très probable collusion de la France, trop complaisante avec la rébellion» à leur goût.
Au départ de la manifestation il était question d’apporter un soutien massif au président de la République confronté à une nouvelle crise politique avec le départ des ministres des Forces nouvelles du gouvernement. D’Abidjan, siège du pouvoir, à Bouaké, fief des Forces nouvelles, c’est dans la rue qu’on mesure sa popularité. Les manifestations prennent le relais des sondages grandeur nature dont les uns et les autres sont friands. Au retrait des ministres des Forces nouvelles du gouvernement de réconciliation nationale, les Jeunes patriotes étaient une vingtaine de millier dans les rues d’Abidjan demandant au président Laurent Gbagbo de «tenir bon» l’assurant de leur infaillible soutien. Quelques jours plus tard à Bouaké les ex-rebelles ont mis un point d’honneur à faire mieux qu’Abidjan avec au moins une quarantaines de manifestants dans les rues de la deuxième ville du pays. Les ex-rebelles refusent désormais toute participation au gouvernement sans que certains préalables ne soient respectés et créent une situation de blocage, dont nul n’envisage dans l’immédiat l’issue.
Forces nouvelles contre Nouvelles forces
«Agacés par l’arrogance des rebelles qui narguent le pouvoir», comme le disent les Jeunes patriotes, ils ont visiblement envie de créer un fait nouveau et susciter une réaction ferme de leur champion, le président Laurent Gbagbo. La manifestation du vendredi 10 octobre devrait marquer une série d’actions fortes, mais la plupart des Jeunes patriotes, très peu politisés contrairement à leurs leaders, ont forcé les traits de leur soutien au président. La veille, des barricades de pneus enflammés avaient été érigées dans le quartier populaire de Yopougon. Les forces de l’ordre ont réussi à disperser les manifestants qui se sont retrouvés le lendemain matin pour une marche à Abidjan qui a dégénéré. Ces manifestants demandaient aux Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) de reprendre l’offensive pour «libérer» Bouaké et les autres villes tenues par les Forces nouvelles.
«La colère de jeunes est fondée. On comprend leurs problèmes. Aujourd’hui, il y a deux Côte d’Ivoire, une où on paye l’eau, l’électricité et le téléphone, et une autre Côte d’Ivoire rebelle où tout est gratuit. Nous avions entamé des démarches pour dénoncer cette situation», a fait remarquer Eugène Djué, un des leaders des «groupes d’autodéfense». Mais il a rejeté la responsabilité des actes de vandalisme sur des «jeunes infiltrés dans les rangs du GPP». Le président de la République lui-même a condamné ces débordements en mettant en garde sur un ton très menaçant: «si des gens sont armés et veulent profiter d’une marche pour semer la pagaille, ils seront arrêtés et jugés», a-t-il averti.
La volonté politique est de ne pas aller à l’extrême, la reprise de combats, ni de couper l’approvisionnement des zones tenues par les ex-rebelles. Cela pourrait servir d’arguments à une sécession même si dans les faits le nord vit déjà isolé du reste du pays. Les groupuscules, soutiens du pouvoir d’Abidjan, se veulent aussi défenseurs de l’unité du pays et de l’intégrité territoriale de la Côte d’Ivoire. Ils s’opposent à tous points de vue aux mouvements rebelles du nord et de l’ouest de la Côte d’Ivoire rebaptisés Forces nouvelles, pour créer à leur tour les Nouvelles forces. Pour leur coordonnateur, Eugène Djué, les Nouvelles forces regroupent «des jeunes à crâne rasé, coureurs, sportifs et patriotes».
Au départ de la manifestation il était question d’apporter un soutien massif au président de la République confronté à une nouvelle crise politique avec le départ des ministres des Forces nouvelles du gouvernement. D’Abidjan, siège du pouvoir, à Bouaké, fief des Forces nouvelles, c’est dans la rue qu’on mesure sa popularité. Les manifestations prennent le relais des sondages grandeur nature dont les uns et les autres sont friands. Au retrait des ministres des Forces nouvelles du gouvernement de réconciliation nationale, les Jeunes patriotes étaient une vingtaine de millier dans les rues d’Abidjan demandant au président Laurent Gbagbo de «tenir bon» l’assurant de leur infaillible soutien. Quelques jours plus tard à Bouaké les ex-rebelles ont mis un point d’honneur à faire mieux qu’Abidjan avec au moins une quarantaines de manifestants dans les rues de la deuxième ville du pays. Les ex-rebelles refusent désormais toute participation au gouvernement sans que certains préalables ne soient respectés et créent une situation de blocage, dont nul n’envisage dans l’immédiat l’issue.
Forces nouvelles contre Nouvelles forces
«Agacés par l’arrogance des rebelles qui narguent le pouvoir», comme le disent les Jeunes patriotes, ils ont visiblement envie de créer un fait nouveau et susciter une réaction ferme de leur champion, le président Laurent Gbagbo. La manifestation du vendredi 10 octobre devrait marquer une série d’actions fortes, mais la plupart des Jeunes patriotes, très peu politisés contrairement à leurs leaders, ont forcé les traits de leur soutien au président. La veille, des barricades de pneus enflammés avaient été érigées dans le quartier populaire de Yopougon. Les forces de l’ordre ont réussi à disperser les manifestants qui se sont retrouvés le lendemain matin pour une marche à Abidjan qui a dégénéré. Ces manifestants demandaient aux Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) de reprendre l’offensive pour «libérer» Bouaké et les autres villes tenues par les Forces nouvelles.
«La colère de jeunes est fondée. On comprend leurs problèmes. Aujourd’hui, il y a deux Côte d’Ivoire, une où on paye l’eau, l’électricité et le téléphone, et une autre Côte d’Ivoire rebelle où tout est gratuit. Nous avions entamé des démarches pour dénoncer cette situation», a fait remarquer Eugène Djué, un des leaders des «groupes d’autodéfense». Mais il a rejeté la responsabilité des actes de vandalisme sur des «jeunes infiltrés dans les rangs du GPP». Le président de la République lui-même a condamné ces débordements en mettant en garde sur un ton très menaçant: «si des gens sont armés et veulent profiter d’une marche pour semer la pagaille, ils seront arrêtés et jugés», a-t-il averti.
La volonté politique est de ne pas aller à l’extrême, la reprise de combats, ni de couper l’approvisionnement des zones tenues par les ex-rebelles. Cela pourrait servir d’arguments à une sécession même si dans les faits le nord vit déjà isolé du reste du pays. Les groupuscules, soutiens du pouvoir d’Abidjan, se veulent aussi défenseurs de l’unité du pays et de l’intégrité territoriale de la Côte d’Ivoire. Ils s’opposent à tous points de vue aux mouvements rebelles du nord et de l’ouest de la Côte d’Ivoire rebaptisés Forces nouvelles, pour créer à leur tour les Nouvelles forces. Pour leur coordonnateur, Eugène Djué, les Nouvelles forces regroupent «des jeunes à crâne rasé, coureurs, sportifs et patriotes».
par Didier Samson
Article publié le 13/10/2003