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Proche-Orient

Attentat anti-américain à Gaza

Un attentat sans précédent contre un convoi de véhicules officiels américains a fait trois morts et un blessé grave parmi les agents de sécurité accompagnant les diplomates, dans le nord de la bande de Gaza. En visant des Américains, les auteurs de cet attentat ont étendu le conflit israélo-palestinien au-delà de ses limites traditionnelles.
C’est la première attaque contre des Américains depuis le début de la reprise de l’Intifada, voici trois ans. Trois agents des services de sécurité de l’ambassade des Etats-Unis à Tel Aviv ont péri dans l’attentat qui visait un convoi de véhicules américain. Un quatrième a été grièvement blessé. La charge explosive disposée sur la chaussée, non loin du camp palestinien de Jabalya, a détruit la deuxième voiture du convoi. Le département d’Etat déclare que ces véhicules acheminaient des diplomates à Gaza où ils devaient mener des entretiens avec des étudiants palestiniens postulant pour une bourse d’étude offerte par une fondation américaine. «Nous poursuivrons ceux qui ont commis (l’attentat) jusqu’à ce qu’ils soient capturés et traduits en justice», a indiqué un porte-parole Tom Casey.

Un interlocuteur anonyme se réclamant du groupe armé «Comités de la résistance populaire dans la bande de Gaza» a revendiqué l’attentat auprès de l’AFP. Ces Comités «proclament leur responsabilité dans l’opération qui a visé les voitures de services des renseignements américains près du terminal d’Erez», a déclaré cet interlocuteur. En revanche l’un des chefs du mouvement radical palestinien Jihad islamique a implicitement démenti toute implication : «Le Jihad islamique en Palestine ne cherche pas à élargir la confrontation. Rien dans la politique du mouvement n’appelle à viser d’autres nationalités (que les Israéliens), que ce soit des Américains ou des Européens», a déclaré à l’AFP Nafez Azzam.

Les premières investigations ont donné lieu à des incidents. Des chars israéliens qui escortaient les agents américains dépêchés sur place pour examiner les lieux ont ouvert le feu. Les enquêteurs américains ont essuyé des jets de pierres. Deux policiers palestiniens qui les accompagnaient ont été légèrement blessés.

Le 78ème veto américain

De nombreuses réactions ont aussitôt été enregistrées. Le président de l’Autorité palestinienne déclare qu’il «condamne avec la plus grande fermeté ce crime qui visait des observateurs américains venus pour une mission de paix et de sécurité». Le Premier ministre (provisoire) Ahmed Qoreï a également condamné et promis l’ouverture d’une enquête.

L’émissaire des Nations unies pour le Proche-Orient parle «d’élargissement inquiétant du conflit». Selon Terje Roed-Larsen, cet attaque «souligne le besoin vital pour l’Autorité palestinienne de réorganiser et de renforcer ses services de sécurité afin que de tels attentats ne se reproduisent pas».

La diplomatie norvégienne appelle à «mettre en place le plus vite possible un gouvernement (palestinien) fort et actif, de façon à ce que la responsabilité des forces de sécurité puisse être unifiée et que le terrorisme puisse être combattu efficacement».

De son côté le ministre israélien des Affaires étrangères estime que «l’Autorité palestinienne ne fait rien pour démanteler l’infrastructure terroriste et continue de protéger les organisations extrémistes».

Le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère déclare que «l’Autorité palestinienne doit réagir immédiatement en lançant une enquête pour arrêter et traduire en justice les auteurs de cet acte lâche».

Enfin l’un des principaux candidats à la présidentielle américaine, l’ancien général Wesley Clark, a implicitement rejeté la responsabilité de la détérioration de la situation dans la région sur la politique menée par l’administration de George W. Bush. Selon lui l’équipe actuelle s’est préoccupée «trop tard, trop peu» de la paix au Proche-Orient.

Cet attentat survient quelques heures après le veto américain au Conseil de sécurité de l’ONU à un projet de résolution condamnant l’édification par les Israéliens de la barrière de sécurité entre l’Etat hébreu et la Cisjordanie. C’est le 78ème veto de Washington bloquant une résolution de l’organisation internationale contre Israël. Après l’attentat de mercredi, Washington «recommande à ses ressortissants de quitter la région aussi rapidement que possible».

A écouter :
Dans le Journal du Proche-Orient, Kamel Djaider revient sur cet attentat avec nos correspondants aux Proche-Orient et aux Etats-Unis (15/10/2003).



par Georges  Abou

Article publié le 15/10/2003