Proche-Orient
Israël: le chef d'état-major se rebiffe
Moshé Yaalon avait-il le droit de passer outre son devoir de réserve en critiquant la politique sécuritaire menée par le cabinet d’Ariel Sharon dans les territoires palestiniens ? La question est l’objet actuellement d’une vive polémique en Israël où le chef d’état-major, qui a maintenu ses déclarations, n’a visiblement pas l’intention de démissionner comme le souhaitent ses détracteurs.
Il ne s’agit pas de propos de salon tombés dans l’oreille d’un journaliste en mal de scoop, bien au contraire. Le général Moshé Yaalon avait des choses à dire et il a convoqué les meilleures plumes de la presse israélienne pour faire passer son message. Le chef d’état-major, qui parlait certes sous couvert de l’anonymat, s’est ainsi insurgé contre la politique sécuritaire du cabinet Sharon envers les Palestiniens, dénonçant notamment le maintien du bouclage des territoires. Des propos qui surprennent dans la bouche d’un homme pourtant coutumier dans les déclarations à l’emporte-pièce contre les Palestiniens. Tranchant donc avec son discours passé, il a ainsi estimé que les restrictions imposées à la population favorisait la rancœur, la montée de l’extrémisme et de l’anarchie. Dans ce contexte, a-t-il préconisé, des mesures d’assouplissement, comme notamment la levée du couvre-feu dans des secteurs jugés calmes –comme à Bethléem ou Jéricho, où aucune tentative d’attentat anti-israélien n’a été signalée–, ainsi que le transfert du contrôle de plusieurs zones des territoires à l’Autorité palestinienne, sont plus que jamais nécessaires. Des recommandations qui s’opposent singulièrement à la politique mise en œuvre par le ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, qui prêtent plus volontiers l’oreille à son conseiller politique, le général Amos Gilad, ou au chef du Shin Beth, Avi Dichter, deux hommes partisans de la stratégie de la poigne de fer envers les Palestiniens.
Mais le général Yaalon ne s’est pas contenté de critiquer la politique sécuritaire défendue par le cabinet israélien. Il a ouvertement accusé Ariel Sharon et son entourage de n’avoir laissé aucune chance à l’ancien Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, et d’être donc en partie responsable de la démission de ce dernier. Selon lui, en effet, en se refusant à la moindre concession –qui aurait pourtant permis au chef du gouvernement palestinien de convaincre son opinion publique de la pertinence des négociations engagées avec l’Etat hébreu–, le gouvernement Sharon a signé l’arrêt de mort du cabinet de Mahmoud Abbas. Des propos bien politiques pour un militaire et qui ont bien évidemment provoqué l’indignation des proches du Premier ministre israélien qui ont aussitôt accusé Moshé Yaalon de chercher à affaiblir la position d’Ariel Sharon à l’heure où il doit faire face à des critiques internationales pour son intransigeance à l’égard des Palestiniens. «Si le chef d’état-major a réellement tenu les propos rapportés par la presse, il a commis un acte grave par lequel il a dépassé ses prérogatives», a ainsi menacé l’un d’entre eux.
Yaalon persiste et signe
Alors que les trois prestigieux journaux israéliens qui se sont fait l’écho des déclarations du général Yaalon se sont contentés de le présenter comme un «haut responsable militaire», les proches d’Ariel Sharon se sont empressés de jeter son nom en pâture, signe évident de la fureur du Premier ministre. Et pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté, ils ont ainsi mis en avant qu'Ariel Sharon tout comme Shaoul Mofaz, son ministre de la défense, sont entrés dans une colère noire à la lecture des propos du chef d’état-major. Le chef du gouvernement aurait même exigé ses excuses ou sa démission. Mais malgré la fureur du cabinet israélien, le général Yaalon n’a visiblement pas l’intention de renier ses déclarations. Convoqué par son supérieur hiérarchique, Shaoul Mofaz, déterminé à le rappeler à l’ordre, il a campé sur ses positions, arguant notamment qu’il n’avait à aucun moment critiqué le gouvernement mais plutôt tenté de rendre compte des débats qui secouent actuellement l’armée en ce qui concerne les conditions dans les territoires palestiniens. L’entretien rapporte le quotidien Haaretz n’a duré que 15 minutes.
Même si le général Yaalon n’a rien renié de ce qu’il a confié à la presse, l’état-major israélien a très vite tout fait pour désamorcer la crise avec le gouvernement. La porte-parole de l’armée, Ruth Yaron, a ainsi insisté sur le fait qu’«aucun officier en uniforme n’avait critiqué l’action du cabinet Sharon». «Ces articles reflètent les débats au sein de l’armée dans le contexte d’une réalité complexe», a-t-elle également souligné ajoutant que «les forces de défense israéliennes étaient soumises au pouvoir politique et qu’elles exécutaient ses ordres avec précision». Même son de cloche du côté du gouvernement où plusieurs ministres ont tenté de minimiser la polémique. «Le chef d’état-major est un homme très sérieux, très responsable et très pondéré», a ainsi déclaré le très radical ministre du Commerce et de l’industrie, Ehoud Olmert. «S’il estime que la situation dans les territoires palestiniens est dangereuse, il doit le dire mais pas de manière grandiloquente», a-t-il ajouté. Et de reconnaître : «nous aurions pu être plus généreux envers Abou Mazen» –Mahmoud Abbas–, en précisant toutefois que le Premier ministre palestinien avait été «contraint de démissionner pour des raisons internes».
La tension entre l’état-major et le cabinet israélien n’a pas échappé à l’opposition qui a aussitôt pris parti pour le général Yaalon. L’ancien chef du parti travailliste, Amram Mitzna, s’est ainsi empressé de justifier les déclarations du chef de l’armée. «Yaalon a indiqué que faute de perspectives politiques, les opérations de l’armée dans les territoires n’apportent pas la sécurité. La classe politique doit tenir compte des ces importantes déclarations et ceci d’autant plus que le général Yaalon avait auparavant affirmé vouloir vaincre l’Intifada par la force», a-t-il notamment expliqué.
Mais le général Yaalon ne s’est pas contenté de critiquer la politique sécuritaire défendue par le cabinet israélien. Il a ouvertement accusé Ariel Sharon et son entourage de n’avoir laissé aucune chance à l’ancien Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, et d’être donc en partie responsable de la démission de ce dernier. Selon lui, en effet, en se refusant à la moindre concession –qui aurait pourtant permis au chef du gouvernement palestinien de convaincre son opinion publique de la pertinence des négociations engagées avec l’Etat hébreu–, le gouvernement Sharon a signé l’arrêt de mort du cabinet de Mahmoud Abbas. Des propos bien politiques pour un militaire et qui ont bien évidemment provoqué l’indignation des proches du Premier ministre israélien qui ont aussitôt accusé Moshé Yaalon de chercher à affaiblir la position d’Ariel Sharon à l’heure où il doit faire face à des critiques internationales pour son intransigeance à l’égard des Palestiniens. «Si le chef d’état-major a réellement tenu les propos rapportés par la presse, il a commis un acte grave par lequel il a dépassé ses prérogatives», a ainsi menacé l’un d’entre eux.
Yaalon persiste et signe
Alors que les trois prestigieux journaux israéliens qui se sont fait l’écho des déclarations du général Yaalon se sont contentés de le présenter comme un «haut responsable militaire», les proches d’Ariel Sharon se sont empressés de jeter son nom en pâture, signe évident de la fureur du Premier ministre. Et pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté, ils ont ainsi mis en avant qu'Ariel Sharon tout comme Shaoul Mofaz, son ministre de la défense, sont entrés dans une colère noire à la lecture des propos du chef d’état-major. Le chef du gouvernement aurait même exigé ses excuses ou sa démission. Mais malgré la fureur du cabinet israélien, le général Yaalon n’a visiblement pas l’intention de renier ses déclarations. Convoqué par son supérieur hiérarchique, Shaoul Mofaz, déterminé à le rappeler à l’ordre, il a campé sur ses positions, arguant notamment qu’il n’avait à aucun moment critiqué le gouvernement mais plutôt tenté de rendre compte des débats qui secouent actuellement l’armée en ce qui concerne les conditions dans les territoires palestiniens. L’entretien rapporte le quotidien Haaretz n’a duré que 15 minutes.
Même si le général Yaalon n’a rien renié de ce qu’il a confié à la presse, l’état-major israélien a très vite tout fait pour désamorcer la crise avec le gouvernement. La porte-parole de l’armée, Ruth Yaron, a ainsi insisté sur le fait qu’«aucun officier en uniforme n’avait critiqué l’action du cabinet Sharon». «Ces articles reflètent les débats au sein de l’armée dans le contexte d’une réalité complexe», a-t-elle également souligné ajoutant que «les forces de défense israéliennes étaient soumises au pouvoir politique et qu’elles exécutaient ses ordres avec précision». Même son de cloche du côté du gouvernement où plusieurs ministres ont tenté de minimiser la polémique. «Le chef d’état-major est un homme très sérieux, très responsable et très pondéré», a ainsi déclaré le très radical ministre du Commerce et de l’industrie, Ehoud Olmert. «S’il estime que la situation dans les territoires palestiniens est dangereuse, il doit le dire mais pas de manière grandiloquente», a-t-il ajouté. Et de reconnaître : «nous aurions pu être plus généreux envers Abou Mazen» –Mahmoud Abbas–, en précisant toutefois que le Premier ministre palestinien avait été «contraint de démissionner pour des raisons internes».
La tension entre l’état-major et le cabinet israélien n’a pas échappé à l’opposition qui a aussitôt pris parti pour le général Yaalon. L’ancien chef du parti travailliste, Amram Mitzna, s’est ainsi empressé de justifier les déclarations du chef de l’armée. «Yaalon a indiqué que faute de perspectives politiques, les opérations de l’armée dans les territoires n’apportent pas la sécurité. La classe politique doit tenir compte des ces importantes déclarations et ceci d’autant plus que le général Yaalon avait auparavant affirmé vouloir vaincre l’Intifada par la force», a-t-il notamment expliqué.
par Mounia Daoudi
Article publié le 30/10/2003