Guinée
Election présidentielle à plusieurs inconnues
La date l’élection présidentielle a été fixée au 21 décembre 2003, par un décret présidentiel. Le président Lansana Conté, qu’on dit malade, est candidat à sa propre succession, alors que l’opposition réfléchit à la meilleure manières d’empêcher sa réélection.
Plus de doute possible, l’élection présidentielle aura bien lieu le 21 décembre. C’est la radio nationale qui rendu public le décret pris par le président de la République. De nombreux hommes politiques avaient parié sur la disparition du général Lansana Conté avant le terme de son mandat, parce qu’ils le disaient très malade. Le mutisme du président sur son état de santé a aussi participé à alimenter différentes rumeurs. Il est vrai qu’il se rendait souvent à l’étranger pour y suivre des soins. Mais depuis le début du mois de septembre, quelques brèves apparitions dans les médias publics et dans certains endroits ont été remarquées qui laissaient augurer d’un retour sur la scène politique du général président : c’est-à-dire se présenter à l’élection présidentielle.
En effet, le président avait fait modifier par référendum le 21 novembre 2001 l’article de la constitution qui limitait à deux le nombre de mandat que pouvait briguer un président élu. L’opposition qui a combattu cet aménagement de la constitution en faveur du président en place, n’a pu faire échec à la machine du pouvoir, minée par ses propres contradictions. Mais la ruse du chef de l’Etat, qui se sait malade, est de donner à l’opposition de quoi s’occuper sans trop penser à lui. Pour un climat politique apaisé, le pouvoir a lancé l’idée d’une concertation entre lui et l’opposition à travers un comité interministériel de discussion dans lequel aucun sujet n’est tabou. Mais ce dialogue national a vite tourné à un jeu de dupe où tout le monde soupçonnait tout le monde d’intelligence. Du coup les rumeurs de coup d’Etat qui circulaient à Conakry, face aux absences répétées du président se sont évanouies. Lansana Conté pouvait donc sereinement décider de la date qui lui convient et selon les dispositions de la constitution revue et corrigée.
Le président malade est aussi candidat à sa propre succession
Dans ce climat où plus rien ne se passe, si ce n’est un nouveau voyage pour soins du président à Cuba, l’opposition regroupée au sein Front pour l’alternance démocratique (FRAD) décide de reprendre l’initiative. Dans une lettre adressée au ministre de l’administration du territoire, les partis signataires annoncent leur refus de participer à nouveau aux rencontres sur le dialogue politique. Ils évoquent les reportages et compte-rendus de la télévision nationale dans lesquels ils ne se reconnaissent pas. Ils organisent un meeting à Conakry, le 11 octobre où plusieurs milliers de personnes hostiles au pouvoir ont pu écouter les discours de plusieurs leaders politiques. Mamadou Bâ, président de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), un des initiateurs du meeting a rappelé qu’il allait de l’intérêt de tous «d’empêcher le président Lansana Conté malade et au pouvoir depuis 20 ans de briguer un troisième mandat». Il a également suggéré l’idée d’une candidature unique de l’opposition.
Le Parti de l’unité et du progrès (PUP) au pouvoir n’a pas laissé la main longtemps à l’opposition, il a lancé sa machine électorale sur les routes de Guinée, dès 18 octobre, avec une première étape à Kindia, capitale régionale de la Basse Guinée. L’inlassable refrain des militants était «éternité et santé à Lansana Conté». Mais le président lui-même absent pour des raisons de santé, fait porter à ses supporters son message de sympathie, les assurant de la victoire certaine à l’élection présidentielle, au point que ses militants se convainquent de la victoire à «97% et un seul tour suffira», disent-ils pour réinstaller leur champion dans son fauteuil présidentiel. Pendant ce temps à Conakry Sidya Touré, ex-Premier ministre et président de l’Union des forces républicaines (UFR) a été désigné candidat lors d’une convention de son parti. Lui aussi candidat avant même que la date de l’élection ne soit officiellement fixée.
Un décret présidentiel, probablement antidaté, a été rendu public par les médias d’Etat le 21 octobre alors que le président de la République se trouve toujours en soins à Cuba. Il est candidat à sa propre succession, mais un des principaux partis d’opposition, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) ne croit guère au sérieux de cette candidature. Pour le RPG, «il faut empêcher par tous les moyens Lansana Conté de se représenter». La mobilisation générale des militants de chaque parti est souhaitée par les dirigeants du RPG, «pour que tout le monde fasse barrage», insistent-ils. Cette mobilisation leur offrant par ailleurs l’occasion de balayer d’un revers de main le problème de la candidature unique réclamé par certains opposants.
Rappelons que Lansana Conté a été porté au pouvoir en 1984 par un coup d’Etat, suite à la mort du premier président de Guinée Sékou Touré. Il a été élu président en 1993 et réélu en 1998.
En effet, le président avait fait modifier par référendum le 21 novembre 2001 l’article de la constitution qui limitait à deux le nombre de mandat que pouvait briguer un président élu. L’opposition qui a combattu cet aménagement de la constitution en faveur du président en place, n’a pu faire échec à la machine du pouvoir, minée par ses propres contradictions. Mais la ruse du chef de l’Etat, qui se sait malade, est de donner à l’opposition de quoi s’occuper sans trop penser à lui. Pour un climat politique apaisé, le pouvoir a lancé l’idée d’une concertation entre lui et l’opposition à travers un comité interministériel de discussion dans lequel aucun sujet n’est tabou. Mais ce dialogue national a vite tourné à un jeu de dupe où tout le monde soupçonnait tout le monde d’intelligence. Du coup les rumeurs de coup d’Etat qui circulaient à Conakry, face aux absences répétées du président se sont évanouies. Lansana Conté pouvait donc sereinement décider de la date qui lui convient et selon les dispositions de la constitution revue et corrigée.
Le président malade est aussi candidat à sa propre succession
Dans ce climat où plus rien ne se passe, si ce n’est un nouveau voyage pour soins du président à Cuba, l’opposition regroupée au sein Front pour l’alternance démocratique (FRAD) décide de reprendre l’initiative. Dans une lettre adressée au ministre de l’administration du territoire, les partis signataires annoncent leur refus de participer à nouveau aux rencontres sur le dialogue politique. Ils évoquent les reportages et compte-rendus de la télévision nationale dans lesquels ils ne se reconnaissent pas. Ils organisent un meeting à Conakry, le 11 octobre où plusieurs milliers de personnes hostiles au pouvoir ont pu écouter les discours de plusieurs leaders politiques. Mamadou Bâ, président de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), un des initiateurs du meeting a rappelé qu’il allait de l’intérêt de tous «d’empêcher le président Lansana Conté malade et au pouvoir depuis 20 ans de briguer un troisième mandat». Il a également suggéré l’idée d’une candidature unique de l’opposition.
Le Parti de l’unité et du progrès (PUP) au pouvoir n’a pas laissé la main longtemps à l’opposition, il a lancé sa machine électorale sur les routes de Guinée, dès 18 octobre, avec une première étape à Kindia, capitale régionale de la Basse Guinée. L’inlassable refrain des militants était «éternité et santé à Lansana Conté». Mais le président lui-même absent pour des raisons de santé, fait porter à ses supporters son message de sympathie, les assurant de la victoire certaine à l’élection présidentielle, au point que ses militants se convainquent de la victoire à «97% et un seul tour suffira», disent-ils pour réinstaller leur champion dans son fauteuil présidentiel. Pendant ce temps à Conakry Sidya Touré, ex-Premier ministre et président de l’Union des forces républicaines (UFR) a été désigné candidat lors d’une convention de son parti. Lui aussi candidat avant même que la date de l’élection ne soit officiellement fixée.
Un décret présidentiel, probablement antidaté, a été rendu public par les médias d’Etat le 21 octobre alors que le président de la République se trouve toujours en soins à Cuba. Il est candidat à sa propre succession, mais un des principaux partis d’opposition, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) ne croit guère au sérieux de cette candidature. Pour le RPG, «il faut empêcher par tous les moyens Lansana Conté de se représenter». La mobilisation générale des militants de chaque parti est souhaitée par les dirigeants du RPG, «pour que tout le monde fasse barrage», insistent-ils. Cette mobilisation leur offrant par ailleurs l’occasion de balayer d’un revers de main le problème de la candidature unique réclamé par certains opposants.
Rappelons que Lansana Conté a été porté au pouvoir en 1984 par un coup d’Etat, suite à la mort du premier président de Guinée Sékou Touré. Il a été élu président en 1993 et réélu en 1998.
par Didier Samson
Article publié le 22/10/2003