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Birmanie

Les dirigeants de Total entendus par le juge

Depuis un an, un juge d'instruction de Nanterre, en banlieue parisienne, enquête sur les conditions dans lesquelles le gazoduc de Yadana a été construit, entre 1995 et 1997. Cette enquête a été ouverte après le dépôt de plainte de deux Birmans, victimes de travaux forcés.
La plainte pour «complicité de séquestration» vise le PDG du groupe, Thierry Desmarest et le patron de la filiale birmane à l'époque des faits, Hervé Madéo.

Hervé Madéo a été convoqué ce jeudi dans le bureau du juge, pour être entendu comme «témoin assisté». C'est la première fois qu'un dirigeant du groupe pétrolier se trouve ainsi interrogé par la justice. Cela représente un premier tournant dans l'enquête française. Après un an de recherches, la juge Catherine Cornier veut entendre celui qui fut la cheville ouvrière du projet Yadana.

Patron de la filiale Total Myanmar de 1992 à 1999, Hervé Madéo a notamment géré son volet sécuritaire, c'est-à-dire les relations avec l'armée birmane, grosse consommatrice de travailleurs forcés. En octobre 1992, quelques mois après la signature du contrat avec la junte militaire, Hervé Madéo tient ce propos peu ambigu à propos de la sécurité : «Nous savons qu'il pourrait y avoir un problème, mais nous sommes complètement accaparés par le chantier de forage pour nous en occuper... évidemment, le gouvernement nous a affirmé que la zone serait sécurisée».

«Sécurisée»

Sécurisée, mais à quel prix et comment ? En Birmanie, le travail forcé est une règle pour les chantiers publics, construction de routes ou de ponts. Les dirigeants de Total pouvaient-il donc ignorer que l'armée utiliserait ces bonnes vieilles méthodes le long des 63 kilomètres de pipeline traversant la jungle ? Ont-ils ainsi été complice de «séquestration» comme l'avancent les plaignants ?

La déposition du dirigeant pourrait s'avérer capital pour l'avenir de la procédure française. D’autant qu'Hervé Madéo est un expert en matière de sécurité : Depuis son retour en France, il dirige la sécurité du siège du groupe, à quelques kilomètres du Palais de justice de Nanterre.

Quant à Unocal, le partenaire américain de Total dans ce projet, ses dirigeants seront jugés au mois de décembre prochain par un tribunal de Californie.



par David  Servenay

Article publié le 02/10/2003