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Arabie Saoudite

Attentat déjoué à La Mecque

En plein ramadan, les autorités saoudiennes viennent de prévenir un attentat d’Al Qaïda visant les pèlerins musulmans à La Mecque, a affirmé le ministre de l’Intérieur, le prince Nayef ben Abdelaziz.
Selon la version officielle, lundi matin à 8 heures locales, les forces de sécurité ont encerclé deux planques de militants islamistes, fortifiés par des sacs de sable dans le quartier mecquois d’Al Chiraa. Les lieux étaient sous surveillance depuis 24 heures. D’après le ministère de l’Intérieur, «les terroristes ont déclenché un tir nourri contre les forces de l’ordre, se servant d’armes automatiques et de grenades à main».

Tandis qu’un hélicoptère de la sécurité surveillait la scène, la police a riposté en tirant sur les militants qui tentaient de s’échapper dans deux voitures, tuant deux d’entre eux. Des armes et des explosifs en quantité importante ont été trouvées dans ces voitures. Par ailleurs, des armes (kalachnikov, fusils, pistolets et grenades, ainsi que des ingrédients pour la confection de bombes) ainsi que des passeports, des cartes d’identité et des tracts ont été découverts dans les planques de ces terroristes islamistes, selon la police qui précise que certains des tracts reproduisaient le visage d’Oussama ben Laden.

Six militants auraient été arrêtés, deux d’entre eux se seraient rendusToutefois, selon Saad al Faqih, le leader du MIRA (Mouvement pour la réforme islamique en Arabie, un mouvement islamiste basé à Londres), le bilan des affrontements est plus lourd que celui communiqué par le gouvernement. Selon le MIRA, six militants ont été tués tandis qu’un autre est parvenu à s’échapper et cinq policiers ont perdu la vie alors que quatre ont été blessés dans la fusillade.

Changement d’attitude depuis les attentats du 12 mai

Ce grave incident rappelle étrangement la fusillade survenue à La Mecque le 14 juin dernier avec une différence toutefois : le 14 juin, l’attention de la police avait été attirée par le comportement suspect d’occupants d’une automobile qui avait refusé de s’arrêter à un point de contrôle. Dans le cas présent, il s’agit manifestement d’une enquête de la police qui a dégénéré au moment de procéder aux arrestations. Cela témoigne de l’intensification de la lutte antiterroriste de la part des autorités saoudiennes depuis le triple attentat suicide du 12 mai dernier à Ryad qui a fait 35 tués et de nombreux blessés. Les Saoudiens considèrent que ce qui s’est produit ce 12 mai constitue leur «11 septembre».

Depuis lors, la chasse aux islamistes d’Al Qaïda a incontestablement connu un spectaculaire regain de vigueur, les Américains eux-mêmes ayant reconnu la réalité de cette prise de conscience tout en estimant, plus discrètement, que le gouvernement saoudien aurait pu y mettre la même énergie beaucoup plus tôt. Depuis la mi-mai, le royaume a en effet été le théâtre de plusieurs arrestations mouvementées, dans plusieurs provinces d’Arabie Saoudite, s’accompagnant parfois d’échanges de coups de feu entre les militants pourchassés et les forces de l’ordre.

Pour le prince Nayef, ministre de l’Intérieur et frère du roi Fahd, il ne fait aucun doute que les «terroristes» tués à La Mecque appartenaient à Al Qaïda et préparaient un ou plusieurs attentats contre les pèlerins qui affluent à La Mecque pour accomplir l’oumra (petit pèlerinage). «Il ne fait aucun doute qu’ils appartiennent tous à Al Qaïda et suivent les mêmes tactiques», a-t-il dit. D’après le quotidien Al Ryad, le prince Nayef a déclaré que son pays prenait au sérieux les récents avertissements occidentaux contre l’imminence d’attentats en Arabie Saoudite. Ces menaces et ces arrestations sanglantes sont aussi à rapprocher d’une information révélée la semaine dernière selon laquelle l’année dernière, une cellule d’une dizaine de sympathisants d’Al Qaïda avait été démantelée au sein de la compagnie pétrolière nationale Aramco.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 04/11/2003