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Baroud d’honneur pour les intermittents

Sur la brèche depuis quatre mois, les intermittents du spectacle ont décidé de tenter le tout pour le tout à coup d’actions spectaculaires pour essayer d’empêcher la signature, par les partenaires sociaux, du protocole renégocié sur la «forme» de leur régime d’indemnisation chômage qui doit avoir lieu ce jeudi, dernière étape avant l’agrément définitif du ministère des Affaires sociales. Après l’émission phare de TF1, Star Academy, ils ont, entre autres, perturbé le déroulement du journal de 20 heures sur France 2 et provoqué l’interruption de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.
Les intermittents du spectacle ne veulent pas entendre parler de la réforme de leur assurance chômage. Ils ne cessent de le faire savoir depuis la signature le 26 juin par les partenaires sociaux, patronat et certains syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC), d’un protocole d’accord dont l’objectif est de contribuer à résorber le déficit (estimé à 828 millions d’euros) de l’actuel système d’indemnisation par l’Unedic (assurance chômage), en augmentant la durée de la période de travail nécessaire pour en bénéficier tout en diminuant celle de perception des indemnités. Un principe inadmissible pour les intermittents.

Après avoir déjà mené des actions très spectaculaires pour empêcher le déroulement de plusieurs festivals culturels majeurs entre les mois de juillet et d’août (le Festival d’Avignon par exemple), le mouvement des intermittents s’est un peu essoufflé après la rentrée de septembre. En relançant des opérations «commandos» ces dernières semaines, ils ont donc décidé de faire pression sur les partenaires sociaux et le gouvernement pour tenter d’empêcher la signature définitive du texte qui n’a fait l’objet que d’un nettoyage sur la forme et non sur le fond. Le protocole prévoit toujours de fixer le minimum d’heures de travail à effectuer à 507 et que la totalité de ces heures doit être réalisée dans un métier du spectacle et sur une période de 11 mois. Ce qui n’était pas le cas avant. La durée d’indemnisation passe, quant à elle, de 12 à 8 mois. Et la distinction instaurée entre techniciens et ouvriers du spectacle, d’une part et artistes d’autre part, est maintenue.

«Jouer la montre»

Dans la logique d’un mouvement qu’ils ont voulu dès le départ percutant, les intermittents ont choisi des cibles très symboliques pour mener des actions destinées aussi au grand public. Ils ont donc envahi le plateau d’une émission de variété de la chaîne TF1 à fort audimat, programmée en prime time et en direct le samedi soir, Star Academy, le 18 octobre dernier. Leur incursion a mal tourné, une hôtesse a été blessée et l’émission a été interrompue. David Pujadas, le présentateur du journal de 20 heures de la chaîne publique France 2, a lui aussi fait les frais de la colère des intermittents. A la suite de l’intrusion dans le studio d’une dizaine de protestataires, il a été obligé, le 10 novembre, d’interrompre son journal et de céder sa place à l’une des membres du groupe pour qu’elle lise un message. Les députés ont, eux aussi, été obligés d’abréger leur séance de questions au gouvernement à la suite de la tentative d’un intermittent de lire un texte au beau milieu du débat.

Au-delà de ces péripéties médiatiques, les intermittents ont appelé jeudi à une grève des spectacles et organisé une manifestation dans Paris pour se rendre au siège de l’Unedic où doit avoir lieu la signature. Ils bénéficient du soutien de deux syndicats, CGT et FO, qui avaient refusé de signer le protocole d’accord sur la réforme du système d’indemnisation en juin. La CGT Spectacle a d’ailleurs saisi le Conseil d’Etat car elle conteste la validité de certaines annexes de la convention, signées illégalement selon elle et demande leur annulation. La coordination des intermittents et les syndicats espèrent donc obtenir le report de la signature d’un texte qu’ils considèrent comme un «faux en écriture» jusqu’à la décision du Conseil d’Etat «sur le fond et la forme», le 17 décembre prochain. En appelant «les partenaires sociaux non signataires» de l’accord à jouer «la montre», les intermittents tentent leur va-tout.



par Valérie  Gas

Article publié le 13/11/2003