Social
Le Secours Catholique dénonce l’enracinement de la pauvreté
Avec une augmentation de 2,3 % du nombre de personnes accueillies dans ses centres en 2002, le Secours Catholique note une nouvelle augmentation de la pauvreté après une stabilisation en 2001. Mais surtout, les responsables de cette association qui vient en aide aux plus démunis, mettent en garde contre un phénomène dangereux qui aboutit à l’installation dans l’exclusion d’un nombre croissant d’individus. Les étrangers, les chômeurs en fin de droit, les femmes seules avec enfants ont de plus en plus de difficultés à sortir de la spirale de l’appauvrissement et représentent des populations en situation de fragilité extrême très souvent confrontées au problème de l’inaccessibilité des logement.
«Il manque un million de logements sociaux en France… Et trois millions de personnes sont en situation de mal logement». Pierre Levene, le secrétaire général du Secours Catholique, s’inquiète de l’augmentation du nombre de personnes qui ne peuvent plus se loger dans des conditions décentes et vivent de manière «indigne». Pour lui, le droit au logement n’existe pas. L’une des explications de cette situation vient du fait que l’immobilier est aujourd’hui avant tout envisagé comme un placement financier et que, du coup, les plus démunis peuvent de moins en moins prétendre y accéder. Parmi les 1,6 million de personnes en «situation de pauvreté» accueillies au Secours Catholique en 2002, 20 % vivaient en logement précaire chez un membre de leur famille, des amis, dans des centres d’hébergement ou même dans des squats ou des abris de fortune. Les principales victimes de ce phénomène sont les jeunes enfants car les statistiques du Secours Catholique montrent que la plupart du temps, ce sont les couples ou les parents seuls d’enfants de moins de six ans qui se retrouvent dans des habitations précaires faute d’avoir eu le temps ou les moyens d’accéder à de trop rares logements sociaux.
Le problème de l’accès au logement est l’une des conséquences de l’appauvrissement d’une certaine partie de la population vivant en France que révèle de manière encore plus flagrante un autre chiffre : 2,6 millions de personnes utilisent les réseaux de secours alimentaire. Les étrangers «sans statut», demandeurs d’asile ou sans papier (27 % de plus en 2002), les personnes inactives (60 % des personnes accueillies soit 4 % de plus en 2002) figurent au premier rang dans la catégorie des démunis, répertoriés dans le rapport annuel du Secours Catholique, qui n’a pas vocation à proposer un paysage exact de la situation socio-économique de la population mais constitue une étude de terrain à grande échelle puisqu’en 2002, 1,6 million de personnes (dont 745 000 enfants) ont fait appel aux structures d’aide de cette institution.
«La pauvreté se féminise»
En comparant les données recueillies dans ses centres avec celles du recensement de la population de 1999, le Secours Catholique a élaboré un «indice de fragilité familiale» qui met en valeur que plus le nombre d’adultes est élevé, plus la famille a de chances d’échapper à la pauvreté et inversement, que l’augmentation du nombre d’enfants peut accroître les difficultés. Dans ce contexte, la situation la plus délicate, et celle qui d’ailleurs tend à se développer, concerne les familles monoparentales. Dans la grande majorité des cas, ce sont les mères qui se retrouvent seules pour assumer la charge du ou des enfants et doivent faire face à des situations parfois extrêmement précaires qui les conduisent à faire appel au Secours catholique. Pour Pierre Levene, «la pauvreté se féminise» et il s’agit d’une nouvelle forme de «violence à l’égard des femmes». En 2002, les femmes seules avec un enfant ont ainsi représenté 20 % des personnes accueillies dans les centres du Secours catholique alors que leur part dans la population n’atteint que 5 %. De même, la moitié des enfants accueillis au Secours Catholique vivent avec un parent seul, alors qu’ils ne sont que 12 % dans la population générale.
La situation de ces familles monoparentales est d’autant plus difficile lorsque la mère est inactive (49 %), peu éduquée (52 % ont un niveau d’études primaire et 10 % ont des difficultés pour lire et écrire) et coupée de sa famille. Car l’une des bouées de sauvetage des personnes démunies, dont certaines arrivent au Secours Catholique en n’ayant plus aucune forme de ressources (12%), est en effet constituée par la possibilité de faire appel «aux liens familiaux de solidarité», qui lorsqu’ils existent peuvent permettre de passer un cap difficile.
Instantané de la pauvreté en France, le rapport du Secours Catholique est d’autant plus inquiétant qu’il s’intéresse à la «masse des pauvres», «ceux que l’on croise sans les voir» qui font «des pieds et des mains» pour survivre, et pas seulement aux grands exclus. Pour Pierre Levene, un écart se creuse en France entre «une société de consommation insolente pour certains et une société d’exclusion violente pour d’autres».
Le problème de l’accès au logement est l’une des conséquences de l’appauvrissement d’une certaine partie de la population vivant en France que révèle de manière encore plus flagrante un autre chiffre : 2,6 millions de personnes utilisent les réseaux de secours alimentaire. Les étrangers «sans statut», demandeurs d’asile ou sans papier (27 % de plus en 2002), les personnes inactives (60 % des personnes accueillies soit 4 % de plus en 2002) figurent au premier rang dans la catégorie des démunis, répertoriés dans le rapport annuel du Secours Catholique, qui n’a pas vocation à proposer un paysage exact de la situation socio-économique de la population mais constitue une étude de terrain à grande échelle puisqu’en 2002, 1,6 million de personnes (dont 745 000 enfants) ont fait appel aux structures d’aide de cette institution.
«La pauvreté se féminise»
En comparant les données recueillies dans ses centres avec celles du recensement de la population de 1999, le Secours Catholique a élaboré un «indice de fragilité familiale» qui met en valeur que plus le nombre d’adultes est élevé, plus la famille a de chances d’échapper à la pauvreté et inversement, que l’augmentation du nombre d’enfants peut accroître les difficultés. Dans ce contexte, la situation la plus délicate, et celle qui d’ailleurs tend à se développer, concerne les familles monoparentales. Dans la grande majorité des cas, ce sont les mères qui se retrouvent seules pour assumer la charge du ou des enfants et doivent faire face à des situations parfois extrêmement précaires qui les conduisent à faire appel au Secours catholique. Pour Pierre Levene, «la pauvreté se féminise» et il s’agit d’une nouvelle forme de «violence à l’égard des femmes». En 2002, les femmes seules avec un enfant ont ainsi représenté 20 % des personnes accueillies dans les centres du Secours catholique alors que leur part dans la population n’atteint que 5 %. De même, la moitié des enfants accueillis au Secours Catholique vivent avec un parent seul, alors qu’ils ne sont que 12 % dans la population générale.
La situation de ces familles monoparentales est d’autant plus difficile lorsque la mère est inactive (49 %), peu éduquée (52 % ont un niveau d’études primaire et 10 % ont des difficultés pour lire et écrire) et coupée de sa famille. Car l’une des bouées de sauvetage des personnes démunies, dont certaines arrivent au Secours Catholique en n’ayant plus aucune forme de ressources (12%), est en effet constituée par la possibilité de faire appel «aux liens familiaux de solidarité», qui lorsqu’ils existent peuvent permettre de passer un cap difficile.
Instantané de la pauvreté en France, le rapport du Secours Catholique est d’autant plus inquiétant qu’il s’intéresse à la «masse des pauvres», «ceux que l’on croise sans les voir» qui font «des pieds et des mains» pour survivre, et pas seulement aux grands exclus. Pour Pierre Levene, un écart se creuse en France entre «une société de consommation insolente pour certains et une société d’exclusion violente pour d’autres».
par Valérie Gas
Article publié le 04/11/2003