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Intermittents : le gouvernement temporise

Le ministre français de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, a présenté lundi 7 juillet un plan de sortie de crise. Il propose d’assouplir la réforme qui modifie le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle et de repousser son application à 2005. La CGT, majoritaire dans le secteur, a maintenu son mot d’ordre de grève pour mardi, jour de l’ouverture du festival d’Avignon.
Le conflit des intermittents du spectacle est entré dans une phase décisive. Le ministre de la Culture a annoncé que le système actuel d’indemnisation chômage des intermittents devrait être maintenu jusqu'à la fin de l'année. Il a également indiqué que les mesures prévues par l'accord signé le 27 juin dernier entre le patronat et trois organisations syndicales (la CFDT, la CFTC et la CGC), minoritaires dans le secteur, seraient appliquées progressivement en 2004 et 2005.

En renonçant à approuver entièrement une réforme qui a provoqué une levée de boucliers de la part de nombreux artistes, le ministre de la Culture tente d’apaiser les esprits. D’ici 2005, certains aménagements au protocole d’accord seront mis en place. «J'ai souhaité engager des négociations avec l'Unedic et les partenaires sociaux en vue d'améliorer les données de l'accord», a expliqué Jean-Jacques Aillagon qui renvoie face à face syndicats et patronat. Une réunion se tiendra dans la journée de mardi au siège de l’organisation patronale, le Medef «afin d’examiner les ajustements et les modalités d’application» de l’accord qui modifie le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle.

Les syndicats majoritaires dans le secteur, la CGT et FO ont refusé de signer. Pour eux, la nouvelle convention aurait pour conséquence d’exclure un intermittent sur trois du système d’indemnisation. Principal point à revoir : la période de référence ouvrant droit aux indemnisations chômage. Actuellement, il faut effectuer 507 heures travaillées en 12 mois, l’année prochaine ce sera en 11 mois et 10 mois en 2005. Autre révision : Jean-Jacques Aillagon demande que les périodes d’enseignement dispensé puissent être intégrées pour partie (au moins 10%) dans les 507 heures de travail qui déclenchent le droit à indemnisation.

Ouverture a minima du festival d’Aix-en-Provence

Pour désamorcer le conflit, le ministre de la Culture a également annoncé une aide de 20 millions d’euros pour le spectacle vivant et la mise en place d’une commission pour traquer les abus de certaines sociétés audiovisuelles qui fragilisent le système d’indemnisation-chômage. Le régime spécifique des professionnels du spectacle est effectivement déficitaire de 828 millions d’euros. Au cours des dix dernières années, le nombre des intermittents a doublé.

Cette dérive s’explique par l’apparition de nombreuses sociétés de production. Egalement en cause, les chaînes privées ou publiques qui abusent du système en employant des permanents sous le statut d’intermittents et bénéficient ainsi d’un personnel à temps plein payé à 50%, le reste étant pris en charge par les allocations chômage. Dans cette perspective, le ministre souhaite engager l’organisation d’un grand débat au mois de septembre sur la culture en France.

L’objectif de Jean-Jacques Aillagon est d’assurer la tenue des festivals d’été. Bon nombre de rendez-vous culturels semblent d’ores et déjà compromis. L’ouverture du festival de cinéma en plein air de la Villette à Paris a été retardé d’une semaine. Les Francofolies de la Rochelle, qui doivent débuter vendredi prochain, sont toujours menacées. Dans le sud de la France, le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence s’est ouvert lundi soir mais partiellement et avec trois jours de retard. Les premiers spectacles ont eu lieu dans une ambiance plutôt houleuse.

Pour la CGT majoritaire dans le secteur, les propositions de Jean-Jacques Aillagon ne sont pas suffisantes. La CGT-spectacle a maintenu son mot d’ordre de grève nationale pour mardi, jour de l’ouverture du festival d’Avignon. Le prestigieux festival provençal voit sa première journée annulée. L’avenir d’Avignon est suspendu à un nouveau vote dans la soirée de mardi. Mais les intermittents apparaissent de plus en plus divisés sur la conduite à tenir, conscients que l’annulation de certaines manifestations pourraient conduire certaines compagnies à la faillite.

A écouter :
Agnès Jaoui, actrice et réalisatrice de cinéma (Invitée de Pierre Ganz le 8/07/2003).



par Myriam  Berber

Article publié le 08/07/2003