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Les intermittents maintiennent la pression

Le conflit entre les intermittents du spectacle, les directeurs de festivals et le gouvernement se durcit. Plusieurs festivals dont le prestigieux Festival d’Avignon sont toujours menacés de suspension ou d'annulation. Le gouvernement maintient sa ligne de fermeté et annonce que la réforme de leur statut sera menée à son terme.
Quatre jours après la signature d’un accord qui devrait modifier le régime d'assurance chômage propre aux intermittents du spectacle, l’heure est à l’incertitude pour bon nombre de manifestations estivales. Un peu partout en France, le mouvement prend de l’ampleur. Mardi soir, à Lyon, les professionnels du spectacle sont montés sur la scène d'un concert de Johnny Halliday. Ils ont également perturbé la cérémonie d'ouverture de l'opération Paris-cinéma et la menace plane sur les festivals de l'été.

D’ores et déjà les rendez-vous culturels de Montpellier-Danse, des Tombées de la Nuit prévues à Rennes, le festival de la création contemporaine de Marseille et celui du film à la Rochelle ont été annulés. La soirée inaugurale des Rencontres internationales de la photographie d'Arles, prévue vendredi, est également annulée. L’incertitude demeure pour le festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence et pour le plus prestigieux, le Festival d’Avignon qui débute la semaine prochaine. Les intermittents de ces deux festivals ont suspendu provisoirement leur mouvement de grève contre cet accord signé le 27 juin entre le patronat et trois syndicats: la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Les syndicats majoritaires dans le secteur, la CGT et FO ont en revanche refusé de le parapher.

«Aucune avancée»

Jusqu’où iront ces perturbations? La rencontre qui s’est tenue mercredi 2 juillet entre le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon et les syndicats n’a pas calmé les ardeurs des professionnels du spectacle. L’heure est toujours à la mobilisation malgré l’annonce il y a deux jours d’un plan de soutien pour les jeunes compagnies. «La réunion de mercredi n’a permis aucune avancée. Le ministre est incapable de répondre à nos questions, en l’état actuel des choses, personne n’est capable de nous répondre ou de nous contredire», a expliqué Jean Voirin, secrétaire général de la CGT-spectacle, majoritaire chez les intermittents. Avant de préciser : «le ministre nous a invité à une nouvelle séance de travail demain jeudi». Rendez-vous est pris pour une autre rencontre. Pour sa part, le ministre des Affaires sociales, François Fillon, a confirmé que le gouvernement engageait «la procédure de validation de l’accord» sur le statut des intermittents

Cet accord contraindra les intermittents à travailler plus pour moins d'indemnités. Le nouveau régime d’assurance-chômage des intermittents va exclure entre 10 et 25% des intermittents. Actuellement, artistes et techniciens doivent justifier de 507 heures de travail dans l'année, ce qui leur ouvre droit à 12 mois d'indemnités chômage. L’accord prévoit de réduire la durée à 8 mois contre 12 auparavant. La période de référence pour bénéficier des allocations chômage a également été modifiée. L’accord prévoit que les 507 heures travaillées ouvrant droit à l’indemnité chômage soient effectuées en 10 mois contre 12 à l’heure actuelle pour les techniciens, et en 10 mois et demi pour les artistes. Le nouveau dispositif devrait «réduire le nombre des intermittents de 30%», selon la CGT.

C’est l’objectif de cette réforme: réduire le déficit du régime des intermittents du spectacle qui s’élève, selon la Cour des comptes, à 828 millions d’euros en 2002, soit près de la moitié des pertes globales de l’assurance-chômage. Un régime très déficitaire qui s’explique largement par l’apparition ces dernières années de nombreuses dérives de la part des sociétés de spectacles. Bon nombre de boîtes de production, chaînes de télévision privées ou publiques ont abusé du système en employant des permanents sous le statut d’intermittent bénéficiant ainsi d’un personnel à temps plein payé à 50%, le reste étant pris en charge par les allocations chômage.

Une réforme inéluctable selon Jean-Jacques Aillagon qui n’a pas hésité à présenter cette réforme comme «un plan draconien de lutte contre les abus et contre le travail illégal». Marc Tessier, président du groupe France Télévisions est le premier à avoir entendu le message du ministre de la Culture. Le patron de l’audiovisuel public français a affirmé qu’il allait procéder en 2004 à «la requalification d’emplois précaires en emplois permanents». A la chaîne de télévision France 3, par exemple, Marc Tessier envisage de ramener les intermittents de 30 à 20% des effectifs et à procéder à l’embauche de 130 personnes principalement dans la filière production (machinistes, décorateurs, etc).



par Myriam  Berber

Article publié le 02/07/2003