Social
La fronde des intermittents menace les festivals de l’été
En France, les intermittents du spectacle se disent déterminés à perturber les grands rendez-vous culturels de l’été pour sauver leur régime spécifique d’assurance chômage. De nombreux festivals importants ont d’ores et déjà été annulés. D’autres manifestations estivales sont menacées.
En France, les intermittents du spectacle sont en colère. Les professionnels du spectacle et de l’audiovisuel protestent contre la signature d’un accord conclu la semaine dernière entre certains syndicats et le patronat sur leur régime spécifique d’assurance chômage. Pour se faire entendre, les intermittents artistes, comédiens et techniciens ont multiplié les actions coup de poing ce week-end.
Premières victimes de marque: le festival Montpellier Danse a été annulé ainsi que les dernières représentations parisiennes de la saison au Châtelet, au Théâtre de la Ville, à la Comédie Française et à l’opéra Garnier. Autre opération spectaculaire à Paris : près d’une cinquantaine d’intermittents ont occupé dimanche dans la nuit un des hauts lieux de la culture française, la Grande Halle de la Villette dans l’est de la capitale. Ils ont été évacués lundi matin.
Le mouvement fait tâche d’huile dans toute la France. L’ouverture du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence a été suspendue. Le festival Jazz Europe à Tours a également été annulé. De lourdes menaces pèsent également sur d’autres manifestations estivales, le festival de théâtre d’Avignon, le festival de rock des Vieilles Charrues en Bretagne ou bien encore le festival de Marseille consacré à la création contemporaine. Sans oublier les occupations de salles de spectacle et les studios de tournage dans plusieurs villes du pays.
Des conditions d’indemnisation plus sévères
Au centre de cette grogne: la signature d’un accord modifiant à partir d’octobre le régime chômage des intermittents paraphée le 27 juin par les organisations patronales et trois syndicats minoritaires: la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Les syndicats majoritaires dans le secteur, la CGT et FO ont refusé et ont promis des actions tout au long de la saison des festivals. L’accord conclu dans la nuit de jeudi à vendredi prévoit de raccourcir la durée d’indemnisation des intermittents en cas de chômage. Parce qu’ils sont soumis à des contraintes particulières, les intermittents bénéficient d’un régime spécifique d’assurance chômage. Ce principe-là est sauvegardé, mais les conditions d’indemnisation deviennent plus strictes.
La période de référence pour bénéficier des allocations chômage a notamment été modifiée. L’accord prévoit que les 507 heures travaillées ouvrant droit à l’indemnité chômage soient effectuées en 10 mois contre 12 à l’heure actuelle pour les techniciens, et en 10 mois et demi pour les artistes. L’autre mesure très contestée de cet accord est la réduction de la durée d’indemnisation. L’accord prévoit de réduire la durée à 8 mois contre 12 auparavant. Dans le système précédent, trois mois de travail (ou l’équivalent en cachets) donnaient droit à une année complète d’indemnisation.
Selon les termes de Jean Voirin, secrétaire général de la CGT-spectacle, majoritaire chez les intermittents : «C’est un accord catastrophique. La mise en application de ce texte se traduirait par l’exclusion d’environ 35% des professionnels». L’intersyndicale des signataires (CFDT, CFTC et CFE-CGC) qui représente près de 10% de la profession s’estime, pour sa part, satisfaite. Elle a expliqué que le compromis conclu permettait de «sauver le régime spécial». En effet, il risquait de disparaître, le patronat entendait mettre fin à ce régime spécifique de l’intermittence en considérant qu’il pouvait s’agir de travail temporaire ordinaire.
Objectif avoué de cette réforme: réduire le déficit du régime des intermittents du spectacle qui s’élève, selon la Cour des comptes, à 828 millions d’euros en 2002, soit près de la moitié des pertes globales de l’assurance-chômage. Au cours des dix dernières années, le nombre des intermittents a été multiplié par deux. Cette dérive s’explique par l’apparition ces dernières années de nombreuses sociétés de production. Egalement en cause: les chaînes privées ou publiques qui abusent du système en employant des permanents sous le statut d’intermittent et qui bénéficient ainsi d’un personnel à temps plein payé à 50%, le reste étant pris en charge par les allocations chômage. Syndicats et salariés dénoncent les «pratiques frauduleuses» croissantes de ces sociétés de spectacles qui ne proposent pas de contrats de travail classiques à leurs collaborateurs, contraints de compter sur l’intermittence pour joindre les deux bouts.
La balle est dans le camp du gouvernement. Même s’il reconnaît bien entendu à chacun le droit d’exprimer sa réprobation, le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, a déploré profondément les conséquences de ces mouvements. Le ministre appelé en arbitre, souhaite disposer de quelques jours pour analyser la réforme qui, pour être appliquée, doit recevoir son agrément d’ici un mois. Pour l’heure, le ministre doit recevoir ce lundi à 18 heures à Paris le président de l'Association des festivals de France, Philippe Toussaint, ainsi que les directeurs des festivals d'Aix-en-Provence, de Marseille et d'Avignon.
Premières victimes de marque: le festival Montpellier Danse a été annulé ainsi que les dernières représentations parisiennes de la saison au Châtelet, au Théâtre de la Ville, à la Comédie Française et à l’opéra Garnier. Autre opération spectaculaire à Paris : près d’une cinquantaine d’intermittents ont occupé dimanche dans la nuit un des hauts lieux de la culture française, la Grande Halle de la Villette dans l’est de la capitale. Ils ont été évacués lundi matin.
Le mouvement fait tâche d’huile dans toute la France. L’ouverture du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence a été suspendue. Le festival Jazz Europe à Tours a également été annulé. De lourdes menaces pèsent également sur d’autres manifestations estivales, le festival de théâtre d’Avignon, le festival de rock des Vieilles Charrues en Bretagne ou bien encore le festival de Marseille consacré à la création contemporaine. Sans oublier les occupations de salles de spectacle et les studios de tournage dans plusieurs villes du pays.
Des conditions d’indemnisation plus sévères
Au centre de cette grogne: la signature d’un accord modifiant à partir d’octobre le régime chômage des intermittents paraphée le 27 juin par les organisations patronales et trois syndicats minoritaires: la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Les syndicats majoritaires dans le secteur, la CGT et FO ont refusé et ont promis des actions tout au long de la saison des festivals. L’accord conclu dans la nuit de jeudi à vendredi prévoit de raccourcir la durée d’indemnisation des intermittents en cas de chômage. Parce qu’ils sont soumis à des contraintes particulières, les intermittents bénéficient d’un régime spécifique d’assurance chômage. Ce principe-là est sauvegardé, mais les conditions d’indemnisation deviennent plus strictes.
La période de référence pour bénéficier des allocations chômage a notamment été modifiée. L’accord prévoit que les 507 heures travaillées ouvrant droit à l’indemnité chômage soient effectuées en 10 mois contre 12 à l’heure actuelle pour les techniciens, et en 10 mois et demi pour les artistes. L’autre mesure très contestée de cet accord est la réduction de la durée d’indemnisation. L’accord prévoit de réduire la durée à 8 mois contre 12 auparavant. Dans le système précédent, trois mois de travail (ou l’équivalent en cachets) donnaient droit à une année complète d’indemnisation.
Selon les termes de Jean Voirin, secrétaire général de la CGT-spectacle, majoritaire chez les intermittents : «C’est un accord catastrophique. La mise en application de ce texte se traduirait par l’exclusion d’environ 35% des professionnels». L’intersyndicale des signataires (CFDT, CFTC et CFE-CGC) qui représente près de 10% de la profession s’estime, pour sa part, satisfaite. Elle a expliqué que le compromis conclu permettait de «sauver le régime spécial». En effet, il risquait de disparaître, le patronat entendait mettre fin à ce régime spécifique de l’intermittence en considérant qu’il pouvait s’agir de travail temporaire ordinaire.
Objectif avoué de cette réforme: réduire le déficit du régime des intermittents du spectacle qui s’élève, selon la Cour des comptes, à 828 millions d’euros en 2002, soit près de la moitié des pertes globales de l’assurance-chômage. Au cours des dix dernières années, le nombre des intermittents a été multiplié par deux. Cette dérive s’explique par l’apparition ces dernières années de nombreuses sociétés de production. Egalement en cause: les chaînes privées ou publiques qui abusent du système en employant des permanents sous le statut d’intermittent et qui bénéficient ainsi d’un personnel à temps plein payé à 50%, le reste étant pris en charge par les allocations chômage. Syndicats et salariés dénoncent les «pratiques frauduleuses» croissantes de ces sociétés de spectacles qui ne proposent pas de contrats de travail classiques à leurs collaborateurs, contraints de compter sur l’intermittence pour joindre les deux bouts.
La balle est dans le camp du gouvernement. Même s’il reconnaît bien entendu à chacun le droit d’exprimer sa réprobation, le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, a déploré profondément les conséquences de ces mouvements. Le ministre appelé en arbitre, souhaite disposer de quelques jours pour analyser la réforme qui, pour être appliquée, doit recevoir son agrément d’ici un mois. Pour l’heure, le ministre doit recevoir ce lundi à 18 heures à Paris le président de l'Association des festivals de France, Philippe Toussaint, ainsi que les directeurs des festivals d'Aix-en-Provence, de Marseille et d'Avignon.
par Myriam Berber
Article publié le 30/06/2003