Social
Retraites : mobilisation contre détermination
Un nouvel appel à la grève nationale a été lancé par les syndicats pour le 10 juin, date à laquelle le projet de réforme des retraites doit être débattu au Parlement. La mobilisation des salariés à cette occasion sera déterminante pour l’avenir du mouvement social qui perturbe la France depuis plusieurs semaines. Pour le moment, le pays n’a pas été bloqué. La menace d’une paralysie totale est restée au stade des paroles. Mais il n’empêche que les grèves persistent et que les salariés les plus motivés radicalisent leurs actions.
C’est contre le Medef (organisation patronale) que les actions les plus violentes ont eu lieu ces des deux derniers jours en France dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites. Vendredi, à Nantes, plus de deux mille manifestants ont attaqué le siège du Medef devant lequel ils s’étaient regroupés. Ils ont enchaîné les grilles du bâtiment et ont jeté des projectiles sur la façade. Les choses n’ont pas trop dégénéré à la différence de la veille à La Rochelle, où des incendies ont été déclenchés et ont ravagé l’immeuble du bureau local de l’organisation patronale. De la même manière à Pau, les locaux ont été saccagés par une cinquantaine de manifestants.
D’autres dérapages ont aussi eu lieu : des opérations de blocage qui ont empêché l’accès à l’aéroport d’Orly ou ont bloqué des TGV, l’occupation d’un poste d’aiguillage du RER à Brétigny-sur-Orge, des heurts entre étudiants et grévistes à la faculté de Tolbiac à Paris, dont la violence a rendu nécessaire une intervention de la police.
Si le mouvement social ne prend pas autant d’ampleur que les syndicats l’avaient un moment espéré, il perdure malgré tout. Et aux grèves sectorielles perlées s’ajoutent maintenant des actions radicales menées par des salariés qui refusent coûte que coûte de faire contre mauvaise retraite dos rond. Pour les syndicats, c’est le gouvernement qui porte toute la responsabilité de ces dérapages. Force Ouvrière a ainsi déclaré à la suite des incidents intervenus ces deux derniers jours : «Le bureau confédéral attire l’attention du gouvernement sur les conséquences de son obstination et de son refus d’entendre les revendications actuelles».
La carte du pourrissement
En restant sur ses positions et en réaffirmant sa détermination à maintenir une réforme jugée indispensable, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et les principaux ministres concernés François Fillon (Affaires sociales) et Luc Ferry (Education nationale) auraient donc provoqué cette radicalisation. La fermeté du gouvernement sur le dossier des retraites est interprétée par certains comme une tentative d’affirmer sa capacité à mener sa politique, et au passage à casser l’action des syndicats en jouant la carte du pourrissement d’un mouvement en passe de devenir impopulaire.
Il est vrai que le 10 juin les enseignants seront en grève pour la onzième fois de l’année scolaire 2002/2003. Un rythme qui commence à lasser les parents d’élèves. D’autant plus que se rapproche à grand pas la période des examens de fin d’année, au premier rang desquels figure le baccalauréat qui doit commencer le 12 juin. La crainte d’un boycottage des épreuves effraient toujours les élèves et leurs parents, même si Luc Ferry a affirmé que le gouvernement prendrait les dispositions qui s’imposent pour assurer leur déroulement. Les syndicats d’enseignants ont été dans le même sens en déclarant qu’ils ne recommandaient pas d’en arriver à cette extrémité, tout en expliquant qu’on n’était pas à l’abri de perturbations isolées menées par une minorité de personnels en colère.
Et c’est bien là que se joue en grande partie l’avenir de ce mouvement. Les organisations syndicales, même les plus en pointe, semblent suivre leur base plus que la précéder. Les mots d’ordre venus d’en haut ne sont pas forcément entendus (comme les appels au calme) et la gestion des militants est aléatoire. Ce sont souvent les assemblées générales dans les entreprises qui ont pris, seules, la décision de poursuivre ou d’arrêter les grèves, sans tenir compte des positions des directions nationales.
La CFDT en a fait la dure expérience. Seul syndicat à avoir signé la réforme avec le gouvernement, elle a vu un nombre important de ses militants participer malgré tout aux manifestations qui ont été organisées ces dernières semaines pour demander le retrait pur et simple du texte. Certaines fédérations de ce syndicat, comme celle des banques, ont d’ailleurs encore appelé à la grève pour le 10 juin. Alors que dans le même temps, la Confédération nationale lance une campagne d’information intitulée «Retraites, à vous de juger», destinée à justifier sa position, en ne négligeant pas d’attaquer au passage les autres syndicats. Un tract dénonce ainsi : «En France, les syndicats ont tous les mots proposition et négociation à la bouche mais le sport national, c’est de ne jamais s’engager et de taper sur le syndicat qui approuve le compromis… La CGT avait décidé, dès son congrès, d’une montée sur Paris fin mai, pour s’opposer à la réforme gouvernementale… Sans attendre le résultat des négociations».
D’autres dérapages ont aussi eu lieu : des opérations de blocage qui ont empêché l’accès à l’aéroport d’Orly ou ont bloqué des TGV, l’occupation d’un poste d’aiguillage du RER à Brétigny-sur-Orge, des heurts entre étudiants et grévistes à la faculté de Tolbiac à Paris, dont la violence a rendu nécessaire une intervention de la police.
Si le mouvement social ne prend pas autant d’ampleur que les syndicats l’avaient un moment espéré, il perdure malgré tout. Et aux grèves sectorielles perlées s’ajoutent maintenant des actions radicales menées par des salariés qui refusent coûte que coûte de faire contre mauvaise retraite dos rond. Pour les syndicats, c’est le gouvernement qui porte toute la responsabilité de ces dérapages. Force Ouvrière a ainsi déclaré à la suite des incidents intervenus ces deux derniers jours : «Le bureau confédéral attire l’attention du gouvernement sur les conséquences de son obstination et de son refus d’entendre les revendications actuelles».
La carte du pourrissement
En restant sur ses positions et en réaffirmant sa détermination à maintenir une réforme jugée indispensable, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et les principaux ministres concernés François Fillon (Affaires sociales) et Luc Ferry (Education nationale) auraient donc provoqué cette radicalisation. La fermeté du gouvernement sur le dossier des retraites est interprétée par certains comme une tentative d’affirmer sa capacité à mener sa politique, et au passage à casser l’action des syndicats en jouant la carte du pourrissement d’un mouvement en passe de devenir impopulaire.
Il est vrai que le 10 juin les enseignants seront en grève pour la onzième fois de l’année scolaire 2002/2003. Un rythme qui commence à lasser les parents d’élèves. D’autant plus que se rapproche à grand pas la période des examens de fin d’année, au premier rang desquels figure le baccalauréat qui doit commencer le 12 juin. La crainte d’un boycottage des épreuves effraient toujours les élèves et leurs parents, même si Luc Ferry a affirmé que le gouvernement prendrait les dispositions qui s’imposent pour assurer leur déroulement. Les syndicats d’enseignants ont été dans le même sens en déclarant qu’ils ne recommandaient pas d’en arriver à cette extrémité, tout en expliquant qu’on n’était pas à l’abri de perturbations isolées menées par une minorité de personnels en colère.
Et c’est bien là que se joue en grande partie l’avenir de ce mouvement. Les organisations syndicales, même les plus en pointe, semblent suivre leur base plus que la précéder. Les mots d’ordre venus d’en haut ne sont pas forcément entendus (comme les appels au calme) et la gestion des militants est aléatoire. Ce sont souvent les assemblées générales dans les entreprises qui ont pris, seules, la décision de poursuivre ou d’arrêter les grèves, sans tenir compte des positions des directions nationales.
La CFDT en a fait la dure expérience. Seul syndicat à avoir signé la réforme avec le gouvernement, elle a vu un nombre important de ses militants participer malgré tout aux manifestations qui ont été organisées ces dernières semaines pour demander le retrait pur et simple du texte. Certaines fédérations de ce syndicat, comme celle des banques, ont d’ailleurs encore appelé à la grève pour le 10 juin. Alors que dans le même temps, la Confédération nationale lance une campagne d’information intitulée «Retraites, à vous de juger», destinée à justifier sa position, en ne négligeant pas d’attaquer au passage les autres syndicats. Un tract dénonce ainsi : «En France, les syndicats ont tous les mots proposition et négociation à la bouche mais le sport national, c’est de ne jamais s’engager et de taper sur le syndicat qui approuve le compromis… La CGT avait décidé, dès son congrès, d’une montée sur Paris fin mai, pour s’opposer à la réforme gouvernementale… Sans attendre le résultat des négociations».
par Valérie Gas
Article publié le 06/06/2003