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Retraites : les syndicats accentuent leur pression

L’appel des syndicats à manifester, dimanche, contre la réforme des retraites proposée par le gouvernement a été entendu. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé à Paris et en province. Ce dossier délicat est bien difficile à gérer pour le gouvernement qui affirme vouloir, malgré tout, aller jusqu’au bout.
Le gouvernement est prévenu. S’il n’entend pas le message de la rue et s’il n’accepte pas de renégocier sur les retraites, il va au-devant des ennuis. Que ce soit selon Bernard Thibault de la CGT ou Marc Blondel de FO, les dirigeants des deux principaux syndicats qui mènent le mouvement contre la réforme des retraites, la manifestation du 25 mai est bien le dernier avertissement. «Nous sommes prêts à repartir le 27 mai avec une grève franche», a ainsi déclaré le leader de FO.

Les syndicats accentuent leur pression et mettent en avant le large soutien populaire dont ils bénéficient dans leur combat contre un projet qui prévoit notamment l’allongement de la durée des cotisations. Dimanche, la manifestation contre la réforme des retraites a en effet été un succès. Entre 300 000 personnes, selon la préfecture et 600 000, selon les organisateurs, se sont réunies dans les rues de Paris. Trois itinéraires ont été ouverts pour permettre à tous les participants, dont plusieurs milliers étaient venus de province, de défiler. Des manifestations ont aussi été organisées dans les principales villes de France. A Lyon, Toulouse ou Marseille, les gens se sont mobilisés. Des militants de la CFDT, le seul syndicat à avoir déjà signé avec le gouvernement, ont même décidé de se désolidariser de leur direction qui n’avait pas appelé à manifester et de participer aux cortèges.

La menace de la grève

La manifestation de dimanche n’est que le prélude d’un mouvement qui pourrait rapidement se durcir. D’ores et déjà, de nombreux préavis de grève ont été déposés pour mardi 27 mai, la veille de l’examen de la réforme en conseil des ministres. Les enseignants, les contrôleurs aériens, les agents des services publiques (SNCF, RATP), ceux des impôts notamment devraient ainsi cesser le travail ce jour-là, et peut-être même les suivants car certains préavis sont reconductibles. Les syndicats font donc planer la menace d’un mouvement de grande ampleur qui pourrait paralyser le pays, comme cela avait été le cas en 1995.

Les partis politiques de gauche se sont eux aussi engagés dans le débat sur les retraites et ont apporté leur soutien aux revendications des syndicats. François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, qui a participé à la manifestation de dimanche, a d’ailleurs mis en garde le gouvernement : «Les Français ne veulent pas de cette réforme-là des retraites ni de l’accumulation de mesures aujourd’hui contre les enseignants notamment et demain sur la santé». Le PS, le Parti radical de gauche et les Verts, demandent même dans un texte commun le retrait de la réforme qui représente «une régression sociale» et l’ouverture d’une négociation «réelle et approfondie».

Face à l’ensemble de ces protestations, Jean-Pierre Raffarin et son ministre des Affaires sociales François Fillon n’ont eu de cesse d’affirmer leur détermination à conduire coûte que coûte cette réforme jusqu’à son terme. Le Premier ministre ne désespère pas de faire comprendre aux Français qu’il faut concilier «l’inquiétude du jour et l’exigence de l‘avenir». Quant à François Fillon, il a publié une tribune dans Le Journal du Dimanche pour expliquer une nouvelle fois à ses compatriotes les enjeux du dossier des retraites dans le cadre de la «révolution démographique» qui touche le pays. «Il y a 12 millions de retraités, il y en aura 20 millions dans quelques années». Il a aussi fait valoir l’argument de la nécessaire solidarité des fonctionnaires, qui représentent les plus gros bataillons de grévistes, avec l’ensemble des salariés. «Une part d’effort leur est demandé, comme à l’ensemble des citoyens. C’est l’équité».

Mais pour le moment, les explications du gouvernement ne réussissent pas à convaincre. Un sondage publié par Le Journal du Dimanche fait état d’une baisse de la cote de popularité de Jean-Pierre Raffarin, qui passe pour la première fois sous la barre des 50 % de satisfaits (47 %), et de celle du président Chirac qui chute à 58 % contre 65 % au mois d’avril. Reste à savoir dans un tel contexte, si la détermination du Premier ministre à ne pas «acheter la paix sociale» en sacrifiant une nécessaire réforme des retraites, pourra résister aux assauts de la rue.



par Valérie  Gas

Article publié le 25/05/2003