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Social

La «rue» dit non à la réforme des retraites

Succès du test social organisé par les syndicats contre la réforme des retraites telle que proposée par le gouvernement Raffarin. La grève a été très suivie dans les transports et le secteur public tandis que les appels à manifester ont rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes dans toute la France.
La «rue», si elle ne décide pas de la politique du gouvernement comme l’a affirmé récemment le Premier ministre à la télévision, est cependant susceptible de se mobiliser à l’appel des syndicats pour défendre les retraites. La preuve en a été donnée mardi 13 mai avec la quasi-paralysie des transports publics urbains, ferrés ou aériens, les perturbations importantes enregistrées dans les services publics, l’éducation nationale et les hôpitaux.

La manifestation parisienne devait rassembler 250 000 personnes tandis qu’on en comptait, de source syndicale, un million dans toute la France. La police en concédait au moins 500 000 soit beaucoup plus que lors de la première journée d’action le 3 avril dernier. Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault déclarait en tête du cortège parisien : «la rue ne prétend pas exercer le pouvoir mais elle fait partie des éléments de la démocratie que le gouvernement doit prendre en compte».

Au lendemain de cette démonstration de force syndicale, les partenaires sociaux se rendront mercredi soir à l’invitation du ministre des Affaires sociales François Fillon, afin d’envisager les ultimes modifications possibles au projet gouvernemental avant sa présentation au Conseil des ministres le 28 mai et en juin au Parlement.

Négocier à la marge

L’enjeu de la journée d’action du 13 mai est donc bien l’ampleur des amendements qui pourront être imposés au gouvernement. Pour Gérard Aschiéri de la FSU «le gouvernement est dans l’état d’esprit de négocier à la marge, la mobilisation d’aujourd’hui devrait le pousser à aller plus loin». Et c’est à partir de ce moment que les organisations syndicales unies dans la protestation marquent leurs différences.

D’un côté, CFDT et CFTC, convaincus de la nécessité de réformer les régimes de retraites en vigueur en France afin de garantir leur pérennité financière. La CFDT conditionne le succès des négociations à une avancée du gouvernement sur le montant des petites retraites, la cessation d’activité de ceux qui ont commencé à travailler très jeunes et les contreparties pour les fonctionnaires du rallongement de leur durée de cotisation.

De l’autre côté, le syndicat Force ouvrière qui affirme par la voix de son secrétaire général Marc Blondel que «s’il y a plus de retraités et qu’ils vivent plus longtemps, il n’y a rien d’anormal à leur affecter une part plus importante des richesses». Cette vision des choses, retraite à 60 ans pour tous et haut niveau des pensions versées aux retraités, s’oppose à celle du patronat français, hostile à une augmentation des charges des entreprises ainsi qu’à l’idée de faire cotiser les participations et stock-options.



par Francine  Quentin

Article publié le 13/05/2003