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Retraites : la grogne monte

Les propositions du gouvernement sur la réforme des retraites, soumises aux syndicats pour concertation, n’ont pas soulevé l’enthousiasme. Les rencontres entre ces organisations et les ministres concernés, celui du Travail pour le secteur privé et celui de la Fonction publique font apparaître de profondes critiques. Déjà, les appels à manifester se précisent, à partir du 1er mai.
Le Premier ministre a bien fait de souligner que le dialogue sur les propositions en matière de réformes des retraites, dont les grandes lignes ont été remises aux syndicats, n’est pas encore achevé. En effet, ces propositions soumises à la concertation par le ministre du Travail François Fillon et celui de la fonction publique Jean-Paul Delevoye ont soulevé un tollé chez les syndicats.

Même la CFDT, qui témoignait la plus grande ouverture aux projets évoqués par le gouvernement, a marqué son opposition à des dispositions qu’elle juge défavorables au niveau des pensions de retraite. La mobilisation, à quelques jours des traditionnelles manifestations de la fête du travail, ne se limitera certainement pas aux défilés du 1er mai ciblés, cette année, sur la défense des régimes de retraites. D’autres mouvements de protestation, qui n’excluent pas le recours à la grève, interviendront dans le courant du mois de mai. Toutefois, cette concertation laissée ouverte ne le sera plus très longtemps car le projet de loi devrait être présenté dès le 7 mai en conseil des ministres.

Certains des principes arrêtés par le gouvernement pour assurer l’avenir du financement des retraites, dans une conjoncture démographique en baisse et une augmentation de la durée de vie, sont maintenant connus. Ainsi, l’égalité de durée de cotisation sera rétablie entre salariés du privé et fonctionnaires en 2008. Les agents de la fonction publique devront alors travailler 40 ans au lieu de 37,5 ans comme c’était le cas pour tous jusqu’en 1993. Mais, dès 2003, le gouvernement souhaite que soit fixée, pour après 2008, une augmentation générale de la durée du travail afin d’atteindre 42 ans de carrière en 2020. En revanche, les agents de la fonction publique devraient conserver l’avantage d’une revalorisation des retraites indexée sur celle des salaires du secteur public alors que dans le privé les retraites sont indexées sur le niveau des prix.

Temps de travail, durée de retraite

Pour tous les salariés, le gouvernement poursuit l’objectif de rééquilibrer la durée de travail et le temps de retraite, au fur et à mesure que l’espérance de vie progresse. Le droit de partir à la retraite à 60 ans, auquel les Français sont attachés, serait maintenu, mais pas avec une retraite complète. Des réductions proportionnelles pourraient intervenir sur le montant des pensions en fonction des années manquantes pour obtenir 40 puis 42 ans de cotisations. A l’inverse, une surcote serait appliquée à ceux qui accepteraient de travailler plus longtemps. La question du décalage entre l’arrivée plus tardive des jeunes sur le marché du travail et l’augmentation de la durée des cotisations serait en partie réglée par la possibilité de rachat des années manquantes.

Afin de maintenir plus longtemps les salariés âgés dans l’emploi, la possibilité pour un employeur de les mettre d’office à la retraite serait repoussée de 60 ans à 65 ans et l’accès aux pré-retraites sera rendue plus difficile. Mais, pour les syndicats, le niveau de retraite pour les bas salaires reste une question fondamentale. Jusqu’à présent le gouvernement n’a pas fixé d’objectif chiffré au montant de retraite plancher perçu par les salariés qui auraient travaillé toute leur vie au salaire minimum.

D’ailleurs, pour l’essentiel, les organisations syndicales, mais aussi les représentants patronaux, reprochent au projet gouvernemental l’imprécision des éléments chiffrés. François Fillon ne pourra plus rester dans le flou très longtemps et devra abattre rapidement ses cartes, probablement jeudi 24 avril lors d’une émission télévisée dont il est l’invité.



par Francine  Quentin

Article publié le 22/04/2003