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Social

Cheminots et enseignants en grève

A l’appel de sept syndicats, les cheminots de la SNCF se sont mis en grève lundi soir et ce jusqu’à ce mercredi matin pour dénoncer l’ouverture du trafic du fret à la concurrence. De leur côté, les enseignants se sont également mobilisés pour manifester leur mécontentement relatif aux mesures de décentralisation dans l’éducation mais aussi sur la suppression des postes de surveillants. Des manifestations ont eu lieu partout en France.
Cette semaine, l’actualité sociale risque d’être dense pour le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin avec dès ce mardi, deux grèves nationales unitaires dans l’Education nationale et à la SNCF. Les cheminots ont cessé le travail le 17 mars au soir pour réclamer notamment une remise à plat des discussions européennes sur la libéralisation du transport ferroviaire. A l’appel de six fédérations (CGT, CFDT, FO, CFTC, Fgaac et Unsa) et du syndicat Sud-Rail, les cheminots se sont mis en grève et la mobilisation semble être assez forte. En effet, la SNCF a prévu un TGV sur trois en moyenne, un train Corail sur quatre, un TER sur cinq. Sur Eurostar, le service devrait être normalement assuré, de même que pour le réseau Thalys. Journée noire, donc, pour les usagers de la SNCF.

En fait, les syndicats entendent dénoncer l’ouverture du fret à la concurrence européenne, effective depuis le 15 mars. Ils craignent qu’elle n’ouvre la porte à un chemin de fer «à l’anglaise» avec notamment des menaces pour la sécurité du transport des marchandises. Cependant, au-delà du fret, ils s’inquiètent aussi de la libéralisation, à terme, du trafic des voyageurs. En effet, le 27 mars prochain, les ministres des Transports des pays membres de l’Union européenne examineront les propositions du Parlement européen qui s’était prononcé, au début de l’année, pour une libéralisation à l’horizon 2008. Cette journée d’action pourrait être qu’un début surtout si les discussions entre le gouvernement et les confédérations syndicales tournent court.

Les enseignants dans la rue

L’Education nationale, quant à elle, a vécu, ce mardi, sa troisième grève générale depuis la rentrée de septembre dernier ; les deux autres ayant eu lieu le 17 octobre 2002 et le 28 janvier 2003. Une grogne qui n’a pas cessé, depuis, de s’amplifier. Le mouvement est en fait destiné à protester vivement «contre la pénurie et le démantèlement du service public» ainsi que sur le projet de création des assistants d’éducation. Ce nouveau corps de métier doit remplacer les étudiants-surveillants et aides-éducateurs selon un projet de loi examiné le 25 mars à l’Assemblée nationale. Entre le gouvernement et les syndicats de l’Education, la crise de confiance est bel et bien entamée.

D’autre part, le lancement du chantier de la décentralisation, voté hier par le Parlement réuni en Congrès à Versailles, même s’il ne touche dans l’immédiat qu’une infime partie des effectifs, va, à terme, profondément réformer l’école. Les organisations syndicales jugent, en fait, inacceptables les mesures annoncées par Jean-Pierre Raffarin, le 28 février dernier à Rouen, s’agissant du transfert de plus de 110 000 personnels non-enseignants - assistantes sociales, médecins scolaires - de l’Education nationale vers les collectivités locales. «Nous avons ressenti les annonces brutales du Premier ministre comme méprisantes et dégradantes pour les personnels traités comme entités négligeables et désormais notre suspicion est totale vis-à-vis du gouvernement qui nous avait assuré que rien ne serait fait sans concertation et qui nous assène des décisions-couperets», a déclaré récemment le secrétaire général de l’Unsa-Education, Patrick Gonthier.

Face à ces critiques, le ministre de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche a essayé de garder l’attention du corps enseignant en lui intimant un «retour à l’ordre». Peine perdue, semble-t-il ! «L’école sort de 30 ans de laxisme», a-t-il dit, «on siffle la fin de la récré et on est aux côtés des profs», a ajouté Luc Ferry. De son côté, le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé a indiqué aujourd’hui que le but du gouvernement était de «moderniser le service public, à le rendre plus efficace mais pas à l’amoindrir». Et pour calmer les esprits, il a tenu à ajouter : «Plutôt que de s’inquiéter, mieux vaut discuter sereinement comme nous proposons régulièrement de le faire». Selon toute vraisemblance, les fonctionnaires ne l’ont pas entendu de cette oreille.

Ecouter également :
Jean-François Amadieu, sociologue, invité de Valérie Lehoux (18/03/2003, 9'53)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 18/03/2003