Social
Metaleurop met 800 salariés sur le carreau
L’annonce par la direction de la société Metaleurop de l’arrêt de l’activité de l’usine de Noyelles-Godault, dans le Nord de la France, a provoqué la colère des salariés qui vont se retrouver très rapidement sans emploi dans une région sinistrée. Mais surtout, la méthode employée par le groupe pour liquider sa filiale, sans concertation ni indemnités, a suscité l’indignation. Tant et si bien que le gouvernement a finalement pris partie dans cette affaire en envisageant la possibilité de «poursuites» contre Metaleurop, qui au-delà de ses responsabilités sociales vis à vis du personnel, devrait aussi prendre en charge la réhabilitation de ce site pollué par cent ans de rejet de substances toxiques.
L’usine de Noyelles-Godault, filiale du groupe Metaleurop spécialisée dans la production de métaux, va fermer. Les salariés s’en doutaient [les livraisons de matières premières étaient interrompues depuis plusieurs jours] mais ils ont quand même accusé le coup lorsque les dirigeants de l’entreprise ont annoncé les conditions de l’arrêt de l’activité. Ils devraient être payés au mois de janvier. Mais après, c’est l’inconnu. Du jour au lendemain, ou presque, la direction du groupe a décidé de stopper la production car l’usine est déficitaire. Les pertes cumulées sur 2001 et 2002 s’élèvent à 97 millions d’euros.
Du coup, c’est le dépôt de bilan et la liquidation qui se profilent à l’horizon. Le plan social qui avait, un temps, été envisagé, semble passé aux oubliettes. Il s’agit d’un véritable coup dur pour les 832 salariés de l’usine et les quelque 1 200 personnes qui exercent une activité liée à celle de Metaleurop. Dans cette région sinistrée du point de vue de l’emploi, les reconversions s’annoncent, en effet, difficiles. Le seul espoir des salariés serait de voir arriver un repreneur susceptible de relancer l’activité et de mettre en place un plan social. Mais cet objectif semble, de l’avis de tous, quasiment irréalisable.
D’autant que le site de Noyelles-Godault, mais aussi les alentours, sont complètement pollués. L’usine qui produit des métaux (zinc, plomb) rejette quotidiennement 50 kilos de plomb dans l’atmosphère. Bien moins qu’il y a 20 ans (400 kilos), mais encore suffisamment pour provoquer des dommages en terme de santé publique. Des études ont montré, par exemple, que les taux de plomb des enfants de la région étaient anormalement élevés. Dans ce contexte, des riverains ont déposé, en octobre 2002, une plainte contre la fonderie pour «empoisonnement et mise en danger de la vie d’autrui».
Des pratiques de «voyous»
Certains salariés ont estimé que cette action en justice avait incité les dirigeants du groupe à prendre la décision d’arrêter l’activité de Noyelles-Godault pour se débarrasser de leur responsabilité sur le plan de l’environnement et échapper à l’application du principe de pollueur-payeur. Ce site est, en effet, l’un des plus pollués de France et le coût de sa réhabilitation serait exorbitant. Les estimations les plus basses se situent à 10 millions d’euros. Mais suivant le périmètre concerné et les méthodes employées, cela pourrait monter beaucoup plus haut.
L’annonce de l’arrêt de la production de Metaleurop dans le Nord de la France rappelle celle de la fermeture des magasins Marks et Spencer, en 2001. A cette époque, la célèbre enseigne britannique avait décidé de fermer toutes ses boutiques françaises et de licencier son personnel, en l’informant par un simple e-mail. Cette décision avait fait grand bruit et avait été à l’origine de l’adoption de la loi de modernisation sociale qui mettait notamment en place des mesures destinées à allonger les délais d’élaboration des plans sociaux. Plus récemment, le dirigeant d’une entreprise de Seine-Maritime, Palace Parfums, a agi de manière aussi brutale en déposant le bilan juste après Noël alors que ses 46 employés étaient en vacances et ne se doutaient de rien.
Face à la multiplication de ce type de comportements de la part des dirigeants de sociétés, les syndicats sont montés au créneau pour demander à l’Etat de prendre ses responsabilités et de mettre un terme à une dérive qu’ils jugent dangereuse pour les salariés. Christian Laroze (CGT), le président de la section du travail au Conseil économique et social, a même estimé que l’affaire Metaleurop est «exemplaire et montre le besoin d’un véritable débat sur les plans sociaux et les délocalisations à l’étranger car il y a trop de patrons qui se conduisent comme des voyous vis à vis de leurs salariés».
Face à ce tollé, le gouvernement a finalement réagi mardi, en dénonçant la décision de Metaleurop. Francis Mer, le ministre de l’Economie et des Finances, s’est dit «effaré» et a jugé la méthode «scandaleuse». François Fillon, le ministre des Affaires sociales, a indiqué que le gouvernement envisageait de poursuivre Metaleurop pour l’obliger à assumer ses responsabilités. Jean-François Coppé, le porte-parole du gouvernement, a quant à lui récusé les accusations selon lesquelles, le gel de certains articles de la loi de modernisation sociale élaborée par les socialistes, comme celui qui imposait aux entreprises une étude sur l’impact social et territorial de leur décision, avait ouvert la porte à de tels abus. «Personne ne peut un instant penser que ce sont ces dispositions qui incitent telle ou telle entreprise à avoir des comportements qui seraient contraires à la loi… En ce qui concerne les plans de licenciement, un responsable a été nommé pour veiller à ce que le dialogue social soit assuré». Ce responsable, Claude Viet, doit d’ailleurs être reçu rapidement par François Fillon pour aborder ce difficile dossier.
Du coup, c’est le dépôt de bilan et la liquidation qui se profilent à l’horizon. Le plan social qui avait, un temps, été envisagé, semble passé aux oubliettes. Il s’agit d’un véritable coup dur pour les 832 salariés de l’usine et les quelque 1 200 personnes qui exercent une activité liée à celle de Metaleurop. Dans cette région sinistrée du point de vue de l’emploi, les reconversions s’annoncent, en effet, difficiles. Le seul espoir des salariés serait de voir arriver un repreneur susceptible de relancer l’activité et de mettre en place un plan social. Mais cet objectif semble, de l’avis de tous, quasiment irréalisable.
D’autant que le site de Noyelles-Godault, mais aussi les alentours, sont complètement pollués. L’usine qui produit des métaux (zinc, plomb) rejette quotidiennement 50 kilos de plomb dans l’atmosphère. Bien moins qu’il y a 20 ans (400 kilos), mais encore suffisamment pour provoquer des dommages en terme de santé publique. Des études ont montré, par exemple, que les taux de plomb des enfants de la région étaient anormalement élevés. Dans ce contexte, des riverains ont déposé, en octobre 2002, une plainte contre la fonderie pour «empoisonnement et mise en danger de la vie d’autrui».
Des pratiques de «voyous»
Certains salariés ont estimé que cette action en justice avait incité les dirigeants du groupe à prendre la décision d’arrêter l’activité de Noyelles-Godault pour se débarrasser de leur responsabilité sur le plan de l’environnement et échapper à l’application du principe de pollueur-payeur. Ce site est, en effet, l’un des plus pollués de France et le coût de sa réhabilitation serait exorbitant. Les estimations les plus basses se situent à 10 millions d’euros. Mais suivant le périmètre concerné et les méthodes employées, cela pourrait monter beaucoup plus haut.
L’annonce de l’arrêt de la production de Metaleurop dans le Nord de la France rappelle celle de la fermeture des magasins Marks et Spencer, en 2001. A cette époque, la célèbre enseigne britannique avait décidé de fermer toutes ses boutiques françaises et de licencier son personnel, en l’informant par un simple e-mail. Cette décision avait fait grand bruit et avait été à l’origine de l’adoption de la loi de modernisation sociale qui mettait notamment en place des mesures destinées à allonger les délais d’élaboration des plans sociaux. Plus récemment, le dirigeant d’une entreprise de Seine-Maritime, Palace Parfums, a agi de manière aussi brutale en déposant le bilan juste après Noël alors que ses 46 employés étaient en vacances et ne se doutaient de rien.
Face à la multiplication de ce type de comportements de la part des dirigeants de sociétés, les syndicats sont montés au créneau pour demander à l’Etat de prendre ses responsabilités et de mettre un terme à une dérive qu’ils jugent dangereuse pour les salariés. Christian Laroze (CGT), le président de la section du travail au Conseil économique et social, a même estimé que l’affaire Metaleurop est «exemplaire et montre le besoin d’un véritable débat sur les plans sociaux et les délocalisations à l’étranger car il y a trop de patrons qui se conduisent comme des voyous vis à vis de leurs salariés».
Face à ce tollé, le gouvernement a finalement réagi mardi, en dénonçant la décision de Metaleurop. Francis Mer, le ministre de l’Economie et des Finances, s’est dit «effaré» et a jugé la méthode «scandaleuse». François Fillon, le ministre des Affaires sociales, a indiqué que le gouvernement envisageait de poursuivre Metaleurop pour l’obliger à assumer ses responsabilités. Jean-François Coppé, le porte-parole du gouvernement, a quant à lui récusé les accusations selon lesquelles, le gel de certains articles de la loi de modernisation sociale élaborée par les socialistes, comme celui qui imposait aux entreprises une étude sur l’impact social et territorial de leur décision, avait ouvert la porte à de tels abus. «Personne ne peut un instant penser que ce sont ces dispositions qui incitent telle ou telle entreprise à avoir des comportements qui seraient contraires à la loi… En ce qui concerne les plans de licenciement, un responsable a été nommé pour veiller à ce que le dialogue social soit assuré». Ce responsable, Claude Viet, doit d’ailleurs être reçu rapidement par François Fillon pour aborder ce difficile dossier.
par Valérie Gas
Article publié le 22/01/2003