Social
Retraites : les syndicats ont mobilisé
La manifestation sur les retraites a constitué une démonstration de force à l’adresse du gouvernement. Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans toute la France pour marquer leur attachement au système actuel par répartition et au départ à la retraite à 60 ans. De 250 000 à 500 000 personnes ont répondu à l’appel unitaire des syndicats, alors que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin doit tracer lundi, devant le Conseil économqie et social, les grandes lignes de la réforme envisagée par le gouvernement.
De tous les dossiers que le gouvernement va devoir traiter dans les mois à venir, l’un des plus sensibles, voire des plus explosifs, est sans conteste celui de la réforme du système des retraites. Aujourd’hui, les Français restent très attachés à la retraite à 60 ans mais se montrent partagés sur les réformes à engager pour assurer le financement des pensions dans l’avenir, alors que les principaux régimes devraient se retrouver en déficit à l’horizon de 2020. Dans le système de retraite français par répartition, que le gouvernement déclare vouloir préserver, les cotisations versées par les actifs ne sont pas capitalisées mais aussitôt utilisées pour verser les pensions aux retraités. A l’heure actuelle, au vu des problèmes de financement du système, près d’une personne sur deux, environ 46%, se prononce en faveur de l’introduction d’une dose de capitalisation. En revanche, une majorité de Français se dressent contre l’allongement de la durée des cotisations.
Le flou entretenu jusque là par le Premier ministre sur cette réforme - mainte fois reportée par les gouvernements précédents -, tant sur la méthode que sur le fond, a permis aux syndicats de serrer les rangs et d’organiser une mobilisation unitaire le samedi 1er février Les organisations syndicales misent sur une mobilisation nationale pour obtenir de véritables discussions avec le gouvernement, fragilisé par l’avalanche de plans sociaux. Le leader de la CGT, Bernard Thibault qui refuse la perspective d’un allongement de la durée de cotisation «tant que la période sera marquée par le chômage et le sous-emploi» a jugé «inévitable de revenir sur la réforme Balladur». En effet, en 1993, la réforme instituée par Edouard Balladur, alors Premier ministre, avait fait passer la durée de cotisation des salariés du secteur privé à 40 années, tandis que celles des fonctionnaires restait à 37,5 ans. Le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Marc Blondel, a quant à lui estimé que le gouvernement cherchait à «redéfinir les conditions du dialogue social au moment où il y en avait le moins».
Un calendrier en trois temps
L’unité aujourd’hui affichée par tous les syndicats pourrait ne pas résister longtemps, une fois que la réforme sera lancée et le débat engagé. Les divergences de question de l’alignement de la durée de cotisations entre les secteurs public et privé, tout comme celles concernant les leviers de financement de la réforme, demeurent en effet patentes. Plusieurs interlocuteurs syndicaux estiment même que leur unité sur le dossier n’aura qu’un temps. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de janvier 2001 lorsqu’après une grande manifestation unitaire de grande ampleur destinée à pousser le patronat à reprendre les négociations sur les retraites complémentaires, les syndicats s’étaient de nouveau opposés sur la signature de l’accord. Seules la CFDT et la CFTC avaient finalement signé le texte.
La valse sémantique du gouvernement sur la nature des discussions - négociations ou simple concertation - leur fait craindre en effet qu’il ne soit tenté de jouer sur l’opinion publique pour isoler les syndicats dans un débat dont le dernier mot reviendra à l’exécutif et au Parlement. Au début de l’année, Jacques Chirac a rappelé quelques grands principes : primauté du régime par répartition, équité des régimes, droit à la retraite à 60 ans mais liberté de travailler plus longtemps, épargne-retraite en appoint - et fixé un calendrier qui se divise en trois points : en janvier, consultation des partis politiques, en février, intervention de Jean-Pierre Raffarin devant le Conseil économique et social où il présentera sa méthode de travail et en mars, discussions avec les syndicats.
Du côté syndical, la démarche tient en sept points et divergence de celle du gouvernement : haut niveau de retraite, droit à la retraite à taux plein dès 40 ans de cotisation même avant 60 ans, droit à la retraite à taux plein à 60 ans, prise en compte des métiers pénibles, minimum garanti pour les plus démunis, fin de l’exclusion de l’emploi des jeunes et des plus de 50 ans, garantie des ressources financières suffisantes au fond de réserve des retraites. Surfant sur cet acquis social emblématique, les syndicats misent donc sur le 1er février pour contraindre le gouvernement à la prudence. Plusieurs manifestations sont attendues, notamment à Paris où de fortes perturbations sont à prévoir dans les transports, mais aussi en province.
Le flou entretenu jusque là par le Premier ministre sur cette réforme - mainte fois reportée par les gouvernements précédents -, tant sur la méthode que sur le fond, a permis aux syndicats de serrer les rangs et d’organiser une mobilisation unitaire le samedi 1er février Les organisations syndicales misent sur une mobilisation nationale pour obtenir de véritables discussions avec le gouvernement, fragilisé par l’avalanche de plans sociaux. Le leader de la CGT, Bernard Thibault qui refuse la perspective d’un allongement de la durée de cotisation «tant que la période sera marquée par le chômage et le sous-emploi» a jugé «inévitable de revenir sur la réforme Balladur». En effet, en 1993, la réforme instituée par Edouard Balladur, alors Premier ministre, avait fait passer la durée de cotisation des salariés du secteur privé à 40 années, tandis que celles des fonctionnaires restait à 37,5 ans. Le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Marc Blondel, a quant à lui estimé que le gouvernement cherchait à «redéfinir les conditions du dialogue social au moment où il y en avait le moins».
Un calendrier en trois temps
L’unité aujourd’hui affichée par tous les syndicats pourrait ne pas résister longtemps, une fois que la réforme sera lancée et le débat engagé. Les divergences de question de l’alignement de la durée de cotisations entre les secteurs public et privé, tout comme celles concernant les leviers de financement de la réforme, demeurent en effet patentes. Plusieurs interlocuteurs syndicaux estiment même que leur unité sur le dossier n’aura qu’un temps. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de janvier 2001 lorsqu’après une grande manifestation unitaire de grande ampleur destinée à pousser le patronat à reprendre les négociations sur les retraites complémentaires, les syndicats s’étaient de nouveau opposés sur la signature de l’accord. Seules la CFDT et la CFTC avaient finalement signé le texte.
La valse sémantique du gouvernement sur la nature des discussions - négociations ou simple concertation - leur fait craindre en effet qu’il ne soit tenté de jouer sur l’opinion publique pour isoler les syndicats dans un débat dont le dernier mot reviendra à l’exécutif et au Parlement. Au début de l’année, Jacques Chirac a rappelé quelques grands principes : primauté du régime par répartition, équité des régimes, droit à la retraite à 60 ans mais liberté de travailler plus longtemps, épargne-retraite en appoint - et fixé un calendrier qui se divise en trois points : en janvier, consultation des partis politiques, en février, intervention de Jean-Pierre Raffarin devant le Conseil économique et social où il présentera sa méthode de travail et en mars, discussions avec les syndicats.
Du côté syndical, la démarche tient en sept points et divergence de celle du gouvernement : haut niveau de retraite, droit à la retraite à taux plein dès 40 ans de cotisation même avant 60 ans, droit à la retraite à taux plein à 60 ans, prise en compte des métiers pénibles, minimum garanti pour les plus démunis, fin de l’exclusion de l’emploi des jeunes et des plus de 50 ans, garantie des ressources financières suffisantes au fond de réserve des retraites. Surfant sur cet acquis social emblématique, les syndicats misent donc sur le 1er février pour contraindre le gouvernement à la prudence. Plusieurs manifestations sont attendues, notamment à Paris où de fortes perturbations sont à prévoir dans les transports, mais aussi en province.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 02/02/2003