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Social

Retraites : le gouvernement redouble de prudence

Sur le dossier à haut risque de la réforme des retraites le gouvernement redouble de prudence. Au lieu de propositions concrètes et détaillées, il en est encore à présenter aux syndicats des grandes orientations à caractère général. Mais pour tenir le calendrier prévu, il va falloir hâter le pas.
Jean-Pierre Raffarin a redit, il y a quelques jours, sa «détermination sans faille» à mener à bien le programme de réformes qu'il s'est fixé. Avec, en premier lieu, la réforme des régimes de retraites du secteur public et du privé. Mais, dans une conjoncture économique et sociale défavorable de baisse d'activité et de montée du chômage, le Premier ministre est bien conscient que les Français sont sensibles à toute remise en cause de ce qu'ils considèrent comme des acquis sociaux.

La fin prochaine des hostilités en Irak, qui va ramener au premier rang des préoccupations la situation intérieure française, ne facilite pas les choses. D'autant que, dans les sondages, les opinions favorables au Premier ministre sont en chute nette. La prudence est donc de mise et le ministère des Affaires sociales, lors d'une rencontre avec les organisations syndicales, le 11 avril, devait se contenter de faire part des premières orientations du gouvernement en matière de réforme des retraites là où on aurait pu attendre des positions plus concrètes, tenant compte des observations faites par les syndicats au début du mois de mars.

Un élément milite en faveur du flou entretenu encore quelques temps par le gouvernement. Une négociation est en cours avec les organisations représentatives du secteur public qui ne devrait déboucher que le 15 avril. Or, le gouvernement ne peut donner l’impression de les court-circuiter en rendant publiques ses propositions avant qu’elle s’achève, sachant que Jean-Pierre Raffarin s’est engagé à un alignement des deux secteurs, public et privé.

Tenir le calendrier

Le temps presse cependant si le gouvernement veut respecter son calendrier et présenter un texte de réforme des retraites le 7 mai en conseil des ministres, pour discussion au parlement en juin prochain. De nouvelles rencontres sont prévues entre gouvernement et partenaires sociaux les 18 et 22 avril et François Fillon, ministre des Affaires sociales, pourrait bien profiter de sa présence à l’émission d’actualité de France 2 le 24 avril pour dévoiler les projets du gouvernement.

Déjà, certains aspects de la réforme sont connus dont l’alignement d’ici 2008 du secteur public sur le privé à 40 ans de cotisations pour avoir droit à une retraite à taux plein. Pour la suite, une formule posant comme principe que la durée moyenne du travail est le double du temps de retraite devrait permettre un allongement automatique de la durée de cotisations en fonction de l’augmentation générale de l’espérance de vie, selon les statistiques. De plus, parmi les mesures envisagées figurent le cumul entre un emploi et une retraite et des incitations financières à travailler plus longtemps que la durée de cotisations.

Les syndicats sont particulièrement vigilants à ce qui pourrait ressembler, selon Force ouvrière, à « une contre-réforme sociale, aux effets régressifs sans précédent, notamment pour les générations futures ». Les manifestations du 1er mai seront cette année consacrées à la défense des retraites et cette organisation menace le gouvernement d’une «riposte d’ampleur». Cette menace n’est pas prise à la légère quand on se souvient qu’en février dernier de 250 000 à 500 000 personnes ont manifesté dans toute la France avant que le Premier ministre trace devant le conseil économique et social les grandes lignes de sa réforme. Et, plus lointain, plane encore le spectre des grandes manifestations de décembre 1995 qui avaient entraîné le départ du Premier ministre d’alors, Alain Juppé.



par Francine  Quentin

Article publié le 11/04/2003