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Social

Un 1er mai de défense des retraites

Les manifestations du 1er mai reprennent, cette année en France, un ton résolument social, après la parenthèse de 2002 où la fête du travail avait pris la forme d’une protestation politique contre la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle. La mobilisation syndicale a lieu, cette fois, sur le thème de la défense des retraites contre les réformes envisagées par le gouvernement Raffarin.
Les 200 rassemblements annoncés cette année par la CGT à l’occasion du 1er mai sur l’ensemble du territoire français ont pour but de démontrer au gouvernement l’opposition des salariés à son projet de réforme des régimes de retraites. Lancement d’une campagne de manifestations qui jalonneront le mois de mai, les défilés de la fête du travail sont un prélude à la journée de grève prévue le 13 mai et le projet de grande manifestation du 25 mai. Pendant ce temps, le ministre des Affaires sociales François Fillon aura présenté les grandes lignes de la réforme au Conseil des ministres du 7 mai et le texte définitif le 28 mai.

Recentrage social, donc, après l’année électorale folle de 2002 qui a vu le clivage gauche-droite éclater momentanément devant l’éventualité de l’accession d’un candidat d’extrême droite à la présidence de la République. Depuis, Jacques Chirac l’a emporté haut la main, avec en partie le renfort d’électeurs de gauche dont certains participent probablement aux manifestations de ce 1er mai.

Arbitrages chômeurs-retraités

Le souhait du gouvernement de sauver, pour l’avenir, l’équilibre financier des retraites en allongeant la durée de cotisations jusqu’à 42 ans en 2020 se heurte à de fortes oppositions et la conjoncture de l’économie française, fortement orientée vers une augmentation du chômage, ne facilite pas sa tâche de persuasion.

Tout d’abord, les Français sont, de manière générale, les sondages le montrent, très attachés au principe de la retraite à 60 ans, considéré comme un acquis social. D’autre part, l’Institut national de la statistique annonce depuis plusieurs mois consécutifs une augmentation du nombre des chômeurs. Certains conjoncturistes estiment que le taux de chômage devrait repasser au-dessus de la barre des 10% à la fin de l’année. Les jeunes font tout particulièrement les frais de cette aggravation de la situation de l’emploi et l’opinion publique comprend mal, dans ces conditions, qu’on allonge la durée de vie au travail de ceux qui souhaiteraient prendre leur retraite en laissant «la place aux jeunes». La France, sur ce point, détient le record du taux de chômage le plus élevé d’Europe pour les moins de 25 ans mais aussi celui du taux d’activité le plus faible pour les plus de 50 ans.

Dans le projet d’allongement de la durée des cotisations pour prétendre à une retraite à taux plein, le gouvernement fait appel à la responsabilité des employeurs qui ont pris l’habitude de faire des départs en retraite ou en pré-retraite des salariés les plus âgés l’élément central des plans sociaux qui accompagnent les réductions d’effectifs. Pour l’essentiel cette disposition reçoit l’assentiment des salariés et c’est ce consensus qui pourrait être remis en cause. Mais pour l’instant ce que l’on appelle les «mesures d’âge» gardent la faveur des grands groupes, ceux qui procèdent aux licenciements les plus massifs des derniers mois (Métaleurop, Giat industries, etc.).

D’autant qu’il ne faut guère compter avec les créations d’emplois pour mettre un terme à l’arbitrage opéré entre jeunes chômeurs et salariés âgés mis en retraite. On considère qu’un minimum de croissance de 1,5% est nécessaire pour stabiliser le chômage et 2% pour le faire reculer. En 2003, il est possible que ni l’un ni l’autre de ces objectifs ne soit atteint.



par Francine  Quentin

Article publié le 01/05/2003