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Mobilisation contre la réforme des retraites

Malgré les explications de texte du gouvernement, la réforme des retraites inquiète les Français et fait grincer les dents des syndicats qui ont appelé les salariés à faire grève le 13 mai pour protester contre les propositions du ministre des Affaires sociales. Celles-ci concernent notamment l’allongement de la durée des cotisations ou l’alignement du régime des fonctionnaires sur celui des employés du secteur privé. Pour les syndicats comme pour le gouvernement, la mobilisation sur les retraites est un test important.
La porte n’est pas fermée à la négociation sur le dossier des retraites. Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre, et François Fillon, le ministre des Affaires sociales, ont tenu à le rappeler à plusieurs reprises ces derniers jours lors de leurs interventions dans les médias. Le gouvernement qui s’est attaqué à un dossier difficile essaie donc par tous les moyens de communiquer pour rassurer des Français très inquiets quant à l’avenir de leurs pensions. Le texte de la réforme a été présenté au conseil des ministres mercredi dernier mais un certain nombre de points peuvent encore être modifiés grâce à la concertation avec les partenaires sociaux, avant l’examen par le parlement au mois de juin. Par contre, du point de vue du Premier ministre, cette négociation ne doit pas être soumise à la pression de la rue. Jean-Pierre Raffarin a tenu à montrer sa détermination sur ce point en affirmant il y a quelques jours que «les ultimes modifications qui pourront être apportées ne dépendront pas de l’ampleur des manifestations».

Il n’empêche que du point de vue des syndicats, l’appel à la grève vise sans équivoque à faire une véritable démonstration de force. Plus les manifestants seront nombreux le 13 mai, plus les arguments des organisations syndicales seront entendus le 14, lors de la rencontre prévue avec le ministre des Affaires sociales pour engager «une nouvelle étape de la discussion» sur le dossier des retraites.

L’ambition des syndicats est de réussir à mobiliser autant qu’en 1995, quand la France avait été bloquée par plusieurs semaines de grève contre la réforme des retraites qui avait coûté cher au Premier ministre de l’époque Alain Juppé. Pour Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, le gouvernement aurait donc «tort de considérer qu’il est à l’abri d’une contestation sociale de grande ampleur et il doit bien mesurer les conséquences d’un passage en force sur un tel sujet», ajoutant que «si d’aventure le conseil des ministres du 28 mai ne prenait pas en compte ces avertissements, c’est qu’il choisirait l’épreuve de force en juin».

Une démonstration de force

L’avertissement est sans ambiguïté, reste à savoir si la mobilisation des salariés sera à la hauteur de l’ambition affichée de faire céder le gouvernement. Tous les syndicats, qui ont fait une répétition générale à l’occasion du défilé du 1er mai, ont appelé à cesser le travail et à manifester le 13 mai. Plus de 115 manifestations sont d’ores et déjà prévues pour cette journée. Les transports publics, les hôpitaux, EDF, la Poste, l’éducation nationale sont au premier rang des secteurs où les préavis de grève devraient être suivis. Même si un certain nombre d’entreprises publiques dans lesquelles les salariés bénéficient de régimes spéciaux, comme la SNCF ou la RATP, doivent mener des négociations à part, en interne, et ne sont pas directement concernées par les dispositions du texte en cause actuellement.

Face à cette menace de poids, le gouvernement ne cesse d’asséner un argument choc. Si l’on ne fait rien, la France court à la catastrophe. «S’il n’y a pas de réforme, les retraites s’effondrent», a ainsi expliqué Jean-Pierre Raffarin. L’allongement de la durée de vie conjuguée avec l’arrivée prochaine sur le marché des retraités des enfants du baby boom rendent indispensable la mise en œuvre d’une réforme dont l’objectif affiché est de préserver le système de la retraite par répartition. Le choix du gouvernement est celui de l’allongement de la durée des cotisations assorti de l’alignement du régime réservé actuellement aux fonctionnaires sur celui des salariés du privé, pour qu’ils soient «traités comme tous les Français», selon les termes employés par François Fillon. D’ici 2008, les fonctionnaires devraient ainsi passer à 40 années de cotisation au lieu de 37,5. Puis tout le monde devrait cotiser 42 ans à l’horizon 2020.

Cet axe central de la réforme n’est, selon François Fillon, pas négociable. Par contre, sur certains points qui ont aussi été dénoncés par les syndicats, la discussion reste ouverte. Il s’agit notamment du montant des pensions des salariés au SMIC (salaire minimum) avec la garantie d’un niveau de retraite minimum ou de la possibilité pour les personnes qui ont commencé à travailler très jeunes de partir avant l’âge de 60 ans.



par Valérie  Gas

Article publié le 12/05/2003