Social
Retraites : le gouvernement enfonce le front syndical
N’espérant plus parvenir à un accord avec l’ensemble des syndicats sur sa réforme des retraites, le gouvernement a obtenu, en faisant des concessions, la rupture du front syndical. Deux organisations, CFDT et CGC, ont approuvé un projet devenu pour eux acceptable. Les autres organisations préparent la riposte.
Pour François Fillon, ministre des Affaires sociales, l’affaire est close et la négociation achevée sur le projet de réforme des régimes de retraite. Deux réunions avec les syndicats, qui se sont soldées par un échec mercredi et par un demi-succès jeudi, ont permis au gouvernement de franchir un premier obstacle. Alors que, jusque là, les organisations syndicales les plus opposées à la réforme du régime des retraites comme les plus ouvertes à des modifications sensibles avaient constitué un front uni d’appel à la grève et aux manifestations, celui-ci a été rompu.
Au prix de quelques concessions, le gouvernement a obtenu l’accord de la CFDT qui, de longue date, avait manifesté son intention de soutenir une révision profonde du système actuel des retraites, tout en posant des conditions portant sur les bas salaires, les carrières de ceux qui ont commencé à travailler très jeunes et des contreparties pour les fonctionnaires du rallongement de leur durée de cotisation. La CGC a également accepté un projet devenu acceptable à ses yeux.
En revanche, FO reste campée sur ses positions et, jugeant inutile de poursuivre une négociation perdue d’avance, a claqué la porte de la réunion une demi-heure après son début. La CGT, refroidie par la nuit de discussions de mercredi à jeudi avait tout bonnement refusé de reprendre le dialogue. Et même la CFTC, rangée parmi les réformistes et qui a suivi les rencontres jusqu’au bout, s’est déclarée très insatisfaite et a rejoint le camp des «durs».
Réactions de la base
Insérer de cette façon un coin entre les syndicats pourrait s’avérer décisif pour la suite du processus de réforme et le gouvernement qui affirmait ne pas être en mesure de proposer beaucoup mieux a quand même reculé sur certains principes. Ainsi, la volonté maintes fois réaffirmée, de rapprocher, pour des raisons d’équité, la situation des retraités du public, plus favorable, de celle du privé à fait long feu.
Certes, les fonctionnaires travailleront progressivement 40 ans contre 37,5 ans et une contribution sera instaurée sur les primes qu’ils perçoivent en complément de leur salaire. Mais, renonçant à les aligner sur le régime général, le montant de leur retraite sera fixé à partir des six derniers mois de traitement et non pas 25 ans comme dans le privé. Répondant aux revendications de la CFDT le gouvernement est également allé plus loin que prévu initialement en concédant un niveau de retraite supérieur, soit 85% du SMIC, aux salariés qui ont travaillé toute leur vie au salaire minimum. De même, ceux qui ont commencé à travailler à 14, 15 ou 16 ans pourront partir avant l’âge légal de 60 ans, à partir de 56 ans, s’ils ont cotisé 42 ans.
Mais François Fillon n’est pas pour autant au bout de ses peines. Il a eu beau affirmer que désormais il n’y a plus de négociations, les syndicats opposés au projet ne l’entendent pas de cette oreille. Ils persistent à demander la réouverture des discussions sur de nouvelles bases. L’écho que recevra leur appel à la grève des fonctionnaires, lundi 19 mai, et à une grande manifestation tous secteurs confondus, le 25 mai, soit trois jours avant l’adoption du projet de loi en Conseil des ministres, permettra de juger du degré de mobilisation de la base contre la réforme.
Selon un récent sondage, 54% des français sont hostiles au rallongement de la durée de cotisation. Et même à la CFDT, la position du secrétaire général François Chérèque ne fait l’unanimité : la fédération CFDT des transports manifeste son hostilité et appelle à la manifestation du 25 mai. Déjà, en 1995, dernier grand conflit social à caractère national en France, c’est la base des salariés qui avait réagi le plus violemment contre le projet de réforme de la protection sociale, entraînant la radicalisation des appareils syndicaux.
Au prix de quelques concessions, le gouvernement a obtenu l’accord de la CFDT qui, de longue date, avait manifesté son intention de soutenir une révision profonde du système actuel des retraites, tout en posant des conditions portant sur les bas salaires, les carrières de ceux qui ont commencé à travailler très jeunes et des contreparties pour les fonctionnaires du rallongement de leur durée de cotisation. La CGC a également accepté un projet devenu acceptable à ses yeux.
En revanche, FO reste campée sur ses positions et, jugeant inutile de poursuivre une négociation perdue d’avance, a claqué la porte de la réunion une demi-heure après son début. La CGT, refroidie par la nuit de discussions de mercredi à jeudi avait tout bonnement refusé de reprendre le dialogue. Et même la CFTC, rangée parmi les réformistes et qui a suivi les rencontres jusqu’au bout, s’est déclarée très insatisfaite et a rejoint le camp des «durs».
Réactions de la base
Insérer de cette façon un coin entre les syndicats pourrait s’avérer décisif pour la suite du processus de réforme et le gouvernement qui affirmait ne pas être en mesure de proposer beaucoup mieux a quand même reculé sur certains principes. Ainsi, la volonté maintes fois réaffirmée, de rapprocher, pour des raisons d’équité, la situation des retraités du public, plus favorable, de celle du privé à fait long feu.
Certes, les fonctionnaires travailleront progressivement 40 ans contre 37,5 ans et une contribution sera instaurée sur les primes qu’ils perçoivent en complément de leur salaire. Mais, renonçant à les aligner sur le régime général, le montant de leur retraite sera fixé à partir des six derniers mois de traitement et non pas 25 ans comme dans le privé. Répondant aux revendications de la CFDT le gouvernement est également allé plus loin que prévu initialement en concédant un niveau de retraite supérieur, soit 85% du SMIC, aux salariés qui ont travaillé toute leur vie au salaire minimum. De même, ceux qui ont commencé à travailler à 14, 15 ou 16 ans pourront partir avant l’âge légal de 60 ans, à partir de 56 ans, s’ils ont cotisé 42 ans.
Mais François Fillon n’est pas pour autant au bout de ses peines. Il a eu beau affirmer que désormais il n’y a plus de négociations, les syndicats opposés au projet ne l’entendent pas de cette oreille. Ils persistent à demander la réouverture des discussions sur de nouvelles bases. L’écho que recevra leur appel à la grève des fonctionnaires, lundi 19 mai, et à une grande manifestation tous secteurs confondus, le 25 mai, soit trois jours avant l’adoption du projet de loi en Conseil des ministres, permettra de juger du degré de mobilisation de la base contre la réforme.
Selon un récent sondage, 54% des français sont hostiles au rallongement de la durée de cotisation. Et même à la CFDT, la position du secrétaire général François Chérèque ne fait l’unanimité : la fédération CFDT des transports manifeste son hostilité et appelle à la manifestation du 25 mai. Déjà, en 1995, dernier grand conflit social à caractère national en France, c’est la base des salariés qui avait réagi le plus violemment contre le projet de réforme de la protection sociale, entraînant la radicalisation des appareils syndicaux.
par Francine Quentin
Article publié le 16/05/2003