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Retraites : mobilisation en déclin

La France a de nouveau marché au ralenti, ce mardi, en raison de perturbations qui ont notamment affecté les transports publics. L’appel à la grève de certains syndicats opposés au projet de réforme des retraites du gouvernement Raffarin a mobilisé moins de monde que le 13 mai dernier. A l’Assemblée nationale, le Premier ministre a réaffirmé sa «détermination à réformer la République».
Les fonctionnaires des transports en commun, de la Poste, des aéroports, des télécoms, d’EDF, de GDF, les personnels de France Télévision et de Radio France et de l’Education nationale ont de nouveau manifesté leur mécontentement contre le projet de réforme des retraites du gouvernement Raffarin - qui doit être déposé le 10 juin devant le Parlement - et leur volonté d’aller au bout de leur action. Ce projet de loi prévoit notamment un allongement de la période de cotisation pour garantir le paiement des retraites alors que le nombre de cotisants va diminuer et le nombre d’ayants droit augmenter en raison du vieillissement général de la population.

Ainsi plusieurs manifestations ont été organisées dans toute la France à l’appel de cinq syndicats dont la CGT et FO. Les perturbations ont commencé le 2 juin à la SNCF et à la RATP. Ce mardi, sur le réseau ferroviaire français, 41,1% des personnels étaient en grève contre 60% lors de la dernière journée d’action sociale, le 13 mai dernier. Les syndicats ont de nouveau tenté d’impulser une action sociale pour contraindre le gouvernement à renégocier le projet de réforme, déjà adopté par la CFDT et la CGC. Dans le même temps, les syndicats de l’Education nationale ont appelé à une journée d’action, la dixième depuis la rentrée scolaire de septembre 2002, pour se joindre à cette mobilisation mais aussi pour protester contre le projet du gouvernement de donner plus d’autorité aux régions dans le domaine de l’enseignement. A l'Education nationale, la grève a été suivie par 22,30% à 47,80%, selon les estimations communiquées par le ministère. Des chiffres pratiquement identiques à ceux de la dernière journée de grève, le 27 mai dernier où il y avait eu en moyenne 46% de grévistes.

Le gouvernement n’a pas l’intention de céder

Un point de presse programmé ce mardi soir et tenu par Luc Ferry, ministre de l’Education nationale et par Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur pourrait apporter des réponses qui vont sans doute changer la donne. En effet, le 2 juin, pour tenter de désamorcer la colère des personnels de l’Education, les deux hommes ont reçu les syndicats du secteur éducatif pour discuter non pas de la réforme des retraites mais de la décentralisation, sujet clef de leur mobilisation.

Jusqu’ici l’équipe du Premier ministre a affiché sa fermeté et son refus de céder devant la grogne des syndicats. Jean-Pierre Raffarin a même réaffirmé, ce mardi après-midi devant les députés sa «détermination à réformer la République», notamment sur les retraites et la décentralisation avant de s’attaquer, prochainement à la Sécurité sociale. Qui va donc céder le premier ? Les syndicats ou le gouvernement ? Tout retour en arrière du gouvernement apparaîtrait comme un échec cuisant et hypothèquerait considérablement la volonté réformatrice affichée par Jean-Pierre Raffarin depuis son arrivée à Matignon. Le chef du gouvernement s’est pour l’instant limité à quelques concessions au monde éducatif, notamment en reportant à l’automne prochain le projet de loi d’autonomie des universités.

A Matignon, on parie surtout sur l’usure du conflit et sur un ralliement de la majorité dite silencieuse si le gros des manifestations continue d’être alimenté par les fonctionnaires et si la grève se prolonge au-delà de ce mardi dans les transports publics, dont les agents ne sont pas concernés par la réforme des retraites. Côté syndicats, on assure que tout se jouera le 4 juin et les jours suivants sur la capacité ou non à reconduire massivement et largement la contestation.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 03/06/2003