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Société de l''information

Un sommet pour les sans-claviers

Genève accueille du 10 au 12 décembre 2003, la première phase du sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). Le thème central est la réduction de la fracture numérique. A l’ordre du jour également: la diversité culturelle, la liberté d’expression et la gouvernance de l’Internet. Un plan d’action pour développer l’accès aux technologies de l’information devrait voir le jour au lendemain du sommet afin de permettre un développement égalitaire et pluriel de l’Internet.
«Transformer la fracture numérique en perspectives numériques pour tous, tel est l’objectif de ce sommet», a résumé Adama Samassékou, ancien ministre de l’Education du Mali et président du Comité préparatoire du SMSI (Sommet mondial de la société de l’information). Après l’environnement en 1992 et le développement durable en 2002, les Nations unies s’intéressent pour la première fois de leur histoire à l’avenir de la société de l’information.

L’Assemblée générale de l’ONU a confié à l’Union internationale des télécommunications (UIT) la préparation de ce sommet qui se tient en deux phases à Genève: du 10 au 12 décembre 2003, puis à Tunis du 16 au 18 novembre 2005. La première rencontre est consacrée à l’examen de thèmes concernant la société de l’information et adoptera une déclaration de principes ainsi qu’un plan d’actions. La deuxième consacrée essentiellement à des thèmes relatifs au développement, fera le point sur le plan d’actions adopté en 2003.

Lors de ce sommet plutôt novateur dans son genre, pour la première fois, l’ONU officialise le rôle du secteur privé et de la société civile. Ils font partie des acteurs du sommet au même titre que les gouvernements. Des représentants des pouvoirs publics, des entreprises et du secteur à but non lucratif (ONG, associations, fondations) sont ainsi invités à se rencontrer et débattre à Genève pendant trois jours.

La technologie pour réduire les inégalités

La problématique du développement est au cœur de ce sommet dont l’objectif est de faire des technologies de l’information et de la communication (TIC) un moyen de compenser les inégalités causées par la mondialisation. La question de la fracture numérique entre pays du Nord et du Sud devrait largement être évoquée lors de cette réunion dans la cité helvétique.

Les participants du SMSI vont également plancher sur d’autres points parmi lesquels la promotion de la diversité culturelle et linguistique (par exemple: développer des outils multilingues de traductions automatique), la régulation de l’Internet, le développement des contenus, l’infrastructure et la gouvernance mondiale du réseau. Logiquement, il s’agit de dégager une déclaration de principes et un plan d’action qui seront soumis à l’approbation des chefs d’Etat et de gouvernement participant au sommet. Ces documents décideront aussi des moyens accordés à cette action.

La question du financement du plan d’action, est évidemment, au cœur des discussions. Le débat sur un plan d’investissement mondial refait surface. Avec notamment la proposition du président sénégalais Abdoulaye Wade qui préconise la création d’un fonds de solidarité pour réduire la fracture numérique Nord-Sud. La délégation sénégalaise suggère que les acheteurs d’outils de communication acceptent sur une base volontaire de verser un dollar au fonds solidaire.

D’autres sujets suscitent également des divisions. Parmi les points d’achoppement: les questions de la liberté d’expression, du libre accès à l’information sur Internet et de la gouvernance démocratique du réseau (c’est-à-dire la responsabilité équitable de la gestion des noms de domaine et l’attribution des adresses). En raison du développement même du réseau, certains pays pensent que l’on ne peut plus conserver le cadre actuel de gouvernance de l'Internet qui repose sur l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) étroitement contrôlé par les Etats-Unis via son ministère du Commerce. La gouvernance de l’Internet devrait désormais incomber à une instance multilatérale et multinationale. L’IUT qui, depuis trois ans, fait des efforts pour jouer un rôle politique croissant dans ce domaine, est candidate.



par Myriam  Berber

Article publié le 02/12/2003