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Les fractures numériques

La fracture numérique ne peut se résumer au traditionnel fossé technologique Nord-Sud. Dans les Etats industrialisés également, certaines tranches de la population n’ont pas accès à Internet. Géographique, culturelle, générationnelle, la fracture se décline au pluriel.
Le fossé numérique persiste entre les pays industrialisés et les pays pauvres. Si le nombre de personnes ayant accès aux TIC (technologies de l’information et de la communication) augmente dans tous les pays, il augmente nettement moins vite dans les pays en développement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans plus de 80 pays, les habitants disposent de moins de 10 lignes téléphoniques pour 100 personnes. Par ailleurs dans 60% des pays de la planète, la population d’internautes ne dépasse pas 1% de la population générale. Aujourd’hui quelque 91% des utilisateurs d’Internet se trouvent dans les Etats industrialisés qui ne représentent que 19% de la population mondiale.

Pour sa part, l’Afrique compte 1% des internautes pour un nombre d’habitants dépassant 13% de la population mondiale. Exception faite de l’Afrique du Sud qui, avec 90% des machines connectées sur le continent, présente un niveau d’équipement proche de celui de l’Europe. Mais en réalité, le nombre d’internautes africains est beaucoup plus important que le nombre des foyers connectés. L’écrasante majorité des connexions s’effectue depuis des points d’accès collectifs (entreprises ou cybercafés). Un même ordinateur peut ainsi être partagé par plusieurs utilisateurs ou abriter plusieurs abonnements. Pour un million d’adresses électroniques dénombrées en Afrique, le nombre d’utilisateurs réels serait voisin de deux millions.

Internet révélateur d’un problème de développement

Le manque d’infrastructures est l’une des causes de ce décalage entre les pays industrialisés et les autres. L’offre de connexion reste chère dans la plupart des pays en développement, les tarifs de services comme l’hébergement de sites web sont également très élevés. Résultat: de nombreux sites web africains sont actuellement hébergés sur des services situés au Nord. Mais la consultation des sites hébergés au Nord entraîne une utilisation importante de la bande passante internationale de ces pays, pourtant déjà à faible débit. Un internaute africain paiera ainsi plus cher à la seconde et mettra plus de temps à se connecter. Dans les pays où la faim, l’accès à l’eau potable, à l’électricité, l’accès aux soins et l’éducation sont encore des problèmes, l’Internet ne sert que de révélateur à un problème de développement global. Quand ce n’est pas l’infrastructure et le coût d’accès qui font barrage, c’est le niveau d’instruction: le monolinguisme et l’analphabétisme. La formation à ces technologies (construction d’un site, outils multimédia et création de contenus) est loin d’être assuré partout où l’on est connecté.

Si l’on en croit l’association VECAM (Veille européenne et citoyenne sur les autoroutes de l’information et le Multimedia), près de 80 % de la population mondiale est hors-jeu quant on parle d’Internet. Dans les Etats industrialisés, la fracture numérique recouvre divers cas particuliers. En 2003, la moitié des individus branchés sur l’Internet rapide se trouve aux Etats-Unis, au Canada et sur le continent asiatique. En Corée du Sud, plus de 93% des abonnés à Internet ont accès au haut débit. L’Europe est encore loin derrière. Le premier pays européen est le Danemark (avec 8,6% d’abonnés haut débit), suivi par la Belgique et l'Islande (8,4%). La France (avec 2,4%) s’inscrit désormais dans la moyenne européenne. Au moment du déploiement de l’Internet haut débit en France, la question de la fracture numérique se pose entre zones urbaines et rurales. L’ADSL et le câble concernent d’abord les agglomérations de plus de 15 000 habitants dans l’Hexagone. Les réseaux sans fil tels que le Wi-Fi qui semblent une solution idéale pour les milieux ruraux, vont sans doute changer la donne. Il y aurait le haut débit des villes avec l’ADSL et le câble et le haut débit des champs avec les réseaux sans fil.

La fracture numérique est multiforme. Parmi les personnes handicapées, les non-voyants ont des taux d’accès à Internet beaucoup plus faibles que les personnes malentendantes et celles présentant des problèmes de mobilité. L'accès à Internet par les déficients visuels est devenu un enjeu pour le Consortium du World Wide Web, le W3C –un organisme indépendant qui veille au développement du Web-. Le W3C a mis en place l'initiative WAI (Web Accessibility Initiative) qui publie régulièrement des recommandations pour l'accessibilité des sites web. Depuis 2001, les 30 millions de pages web relevant du gouvernement américain doivent supprimer les graphismes accrocheurs et sans texte pour ne pas exclure les malvoyants. De son côté, le plan d’action eEurope 2002 oblige les sites web publics des Etats membres à être accessibles aux handicapés.

Article publié le 02/12/2003