Haïti
Tension persistante, incidents sanglants
La tension persistante de ces derniers mois et les brutalités de ces derniers jours plongent le pays dans une spirale de violence à l’issue incertaine. La contestation s’est radicalisée et les partisans du président Jean Bertrand Aristide se montrent menaçants. Il règne depuis plusieurs semaines dans ce pays une atmosphère propice aux dérapages les plus graves.
La manifestation de vendredi à Port au Prince marque une étape supplémentaire dans la dégradation de la situation en Haïti. Pour la première fois, les habitants de la capitale ont vu des enfants en armes accompagner la manifestation des partisans du président Jean Bertrand Aristide. Selon des témoignages cités par les radios haïtiennes, le parti au pouvoir Lavalas a armé et utilisé des jeunes gens de 12 ou 13 ans comme troupes de choc contre l’opposition. Ils ont sillonné les rues à bord de véhicules banalisés, rançonnant les automobilistes et s’emparant, souvent par la force, de leurs véhicules. Spectacle inédit dans ce pays, et qui soulève émotion et inquiétude. Spectacle dangereux : selon l’agence Reuters, au moins 4 personnes ont été blessées par balles. Un dépôt d’armes de la police a été pillé. L’activité était paralysée.
Il s’agissait en fait d’une contre-manifestation destinée à réclamer le respect du mandat présidentiel (2001-2006), après la marche organisée la veille par les opposants au président. Jeudi, des milliers d’étudiants étaient descendus dans les rues lors d’une des plus importantes manifestations en Haïti depuis le début de l’année, pour réclamer la démission du président, tenu pour responsable des violences commises lors des derniers rassemblements. Depuis quelques jours en effet, la tension a pris un tournant explosif avec l’agression d’étudiants et de responsables universitaires il y a une semaine sur deux campus de Port au Prince par des partisans armés du pouvoir. Bilan : 25 blessés par balles, jets de pierre, coups de bâton, barres de fer.
Cette vive tension dans la capitale est aussi perceptible en province. Trois personnes ont été tuées jeudi dans la ville côtière des Gonaïves lors d’affrontements entre la police et des opposants armés au président Aristide, et deux policiers ont été blessés par balles.
La situation haïtienne s’est considérablement détériorée depuis le mois de septembre, après la découverte du corps mutilé d’un chef de bande, Amiot Métayer, ex-soutien du pouvoir. Ses amis soupçonnent le régime de l’avoir fait assassiner, provoquant leur ralliement à l’opposition armée et la création d’un Front de résistance révolutionnaire de l’Artibonite, du nom du fleuve qui traverse la région. Depuis cette date, selon un décompte de l’AFP, le bilan des victimes de la crise haïtienne s’établit à 19 morts et 71 blessés, aux Gonaïves. La tension est également très vive à Cap Haïtien, Petit Goave et Jacmel.
«Barbarie lavalassienne»
La classe politique est elle-même ébranlée par le séisme. Des partisans du président commence à manifester des signes de défection. Autrefois très proche de Jean Bertrand Aristide, l’influent sénateur Dany Toussaint a annoncé vendredi sa démission du parti Lavalas, assurant sur les ondes d’une radio privée qu’il était en mesure «de rétablir la paix en Haïti en 48 heures» après le départ du chef de l’Etat. La répression dans les universités, la semaine dernière, a également entraîné la démission de la ministre de l’Education nationale. Marie Carmel Austin s’était déclarée «horrifiée» par les violences des partisans du pouvoir en armes contre les étudiants. Elle est le premier membre du gouvernement à quitter ses fonctions depuis le début du mandat présidentiel, en 2001. Le député Prince Sonson Pierre, incarnant l’aile réformiste du parti Lavalas, a appelé vendredi le président «à sortir grandi de la crise en démissionnant». Les organisations patronales qualifient la répression exercée contre les étudiants de «barbarie lavalassienne».
Les condamnations unanimes de la communauté internationale semblent sans effet. L’Organisation des Etats américains réclame le désarmement des bandes armées proche du pouvoir et la tenue d’élections. A Washington, le département d’Etat a indiqué que l’ambassade des Etats-Unis avait été fermée en raison de l’agitation politique. Les citoyens américains sont invités à ne pas sortir de chez eux.
Haïti est considéré comme le pays le plus pauvre du continent américain. Il célébrera le bicentenaire de son indépendance le premier janvier. C’est dans ce contexte qu’une mission diplomatique française est arrivée jeudi à Port au Prince pour une mission d’information consacrée au problème de la «dette de l’indépendance» soulevé par les autorités haïtiennes. Les autorités de Port au Prince réclament à Paris la restitution de 21,7 milliards de $, au titre du remboursement de la somme versée par les Haïtiens pour conquérir leur liberté. Mais, dans le contexte, nombre d'Haïtiens s'interrogent sur la sincérité de la demande de réparation présidentielle.
Il s’agissait en fait d’une contre-manifestation destinée à réclamer le respect du mandat présidentiel (2001-2006), après la marche organisée la veille par les opposants au président. Jeudi, des milliers d’étudiants étaient descendus dans les rues lors d’une des plus importantes manifestations en Haïti depuis le début de l’année, pour réclamer la démission du président, tenu pour responsable des violences commises lors des derniers rassemblements. Depuis quelques jours en effet, la tension a pris un tournant explosif avec l’agression d’étudiants et de responsables universitaires il y a une semaine sur deux campus de Port au Prince par des partisans armés du pouvoir. Bilan : 25 blessés par balles, jets de pierre, coups de bâton, barres de fer.
Cette vive tension dans la capitale est aussi perceptible en province. Trois personnes ont été tuées jeudi dans la ville côtière des Gonaïves lors d’affrontements entre la police et des opposants armés au président Aristide, et deux policiers ont été blessés par balles.
La situation haïtienne s’est considérablement détériorée depuis le mois de septembre, après la découverte du corps mutilé d’un chef de bande, Amiot Métayer, ex-soutien du pouvoir. Ses amis soupçonnent le régime de l’avoir fait assassiner, provoquant leur ralliement à l’opposition armée et la création d’un Front de résistance révolutionnaire de l’Artibonite, du nom du fleuve qui traverse la région. Depuis cette date, selon un décompte de l’AFP, le bilan des victimes de la crise haïtienne s’établit à 19 morts et 71 blessés, aux Gonaïves. La tension est également très vive à Cap Haïtien, Petit Goave et Jacmel.
«Barbarie lavalassienne»
La classe politique est elle-même ébranlée par le séisme. Des partisans du président commence à manifester des signes de défection. Autrefois très proche de Jean Bertrand Aristide, l’influent sénateur Dany Toussaint a annoncé vendredi sa démission du parti Lavalas, assurant sur les ondes d’une radio privée qu’il était en mesure «de rétablir la paix en Haïti en 48 heures» après le départ du chef de l’Etat. La répression dans les universités, la semaine dernière, a également entraîné la démission de la ministre de l’Education nationale. Marie Carmel Austin s’était déclarée «horrifiée» par les violences des partisans du pouvoir en armes contre les étudiants. Elle est le premier membre du gouvernement à quitter ses fonctions depuis le début du mandat présidentiel, en 2001. Le député Prince Sonson Pierre, incarnant l’aile réformiste du parti Lavalas, a appelé vendredi le président «à sortir grandi de la crise en démissionnant». Les organisations patronales qualifient la répression exercée contre les étudiants de «barbarie lavalassienne».
Les condamnations unanimes de la communauté internationale semblent sans effet. L’Organisation des Etats américains réclame le désarmement des bandes armées proche du pouvoir et la tenue d’élections. A Washington, le département d’Etat a indiqué que l’ambassade des Etats-Unis avait été fermée en raison de l’agitation politique. Les citoyens américains sont invités à ne pas sortir de chez eux.
Haïti est considéré comme le pays le plus pauvre du continent américain. Il célébrera le bicentenaire de son indépendance le premier janvier. C’est dans ce contexte qu’une mission diplomatique française est arrivée jeudi à Port au Prince pour une mission d’information consacrée au problème de la «dette de l’indépendance» soulevé par les autorités haïtiennes. Les autorités de Port au Prince réclament à Paris la restitution de 21,7 milliards de $, au titre du remboursement de la somme versée par les Haïtiens pour conquérir leur liberté. Mais, dans le contexte, nombre d'Haïtiens s'interrogent sur la sincérité de la demande de réparation présidentielle.
par Georges Abou
Article publié le 13/12/2003