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Terrorisme

La sécurité prime sur les désaccords

L’ambiance dégradée des relations entre les États-Unis et la France, depuis l’intervention américaine en Irak, amène des questions sur les justifications profondes de l’alerte au terrorisme qui a pesé sur la compagnie Air France. Et à travers elle, sur la politique du gouvernement français en matière de sécurité. Test de vigilance ou menace réelle, les opinions sont partagées de part et d’autre de l’Atlantique. Un point d’accord incontesté: le principe de précaution doit primer.
Les autorités américaines maintiennent, alors que les vols Air France entre Paris et Los Angeles ont repris vendredi, que l’alerte à l’attentat terroriste était bien justifiée par des informations reçues par les services de renseignement. Selon le Washington Post la crainte des responsables de la sécurité était que l’un des passagers des six vols Air France annulés ne détourne un appareil pour l’écraser sur Las Vegas.

Bien que les investigations menées en France n’aient abouti à rien de suspect, le gouvernement américain continue de soutenir, rapporte le Los Angeles Times, qu’il disposait d’informations crédibles selon lesquelles une attaque terroriste pouvait être en cours, peut-être sous la forme de détournements d’avions coordonnés. Et que des agents d’Al Qaïda pouvaient être en route pour différentes villes-cibles. D’ailleurs, souligne le Washington Post, les gouvernements français et américain se sont félicités de leur coopération en cette affaire et le secrétaire d’Etat Colin Powell a remercié le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin pour l’aide de la France et sa réaction à l’alerte déclenchée par les Etats-Unis.

Paranoïa ou précaution

Peu de mention, de ce côté de l’Atlantique, de la toile de fond constituée par le climat dégradé des relations entre la France et les Etats-Unis, depuis que Paris a pris la tête des pays opposants à une intervention américaine en Irak. Il n’est pas de jour sans que, directement ou indirectement, les deux pays ne s’affrontent, la France estimant que les États-Unis veulent lui faire payer son attitude. Dernier cas en date, la préférence américaine pour le Japon dans le choix d’implantation, convoité par la France, du réacteur de fusion nucléaire ITER.

Tout en réaffirmant la primauté incontestable du principe de précaution quand il s’agit de sécurité des personnes, la presse française ne manque pas de s’interroger, quand même, sur les intentions cachées des Etats-Unis lorsqu’ils ont décidé d’interdire leur espace aérien à six vols de la compagnie nationale française. Les services américains ont-ils cédé à la paranoïa ? Les États-Unis ont-ils voulu faire peser sur Paris des «représailles, tantôt ouvertes, tantôt insidieuses» comme le suggère le quotidien Sud-Ouest ? Ou, plus simplement, dans une ambiance pesante de menace terroriste, les Américains ont-ils voulu «tester la bonne volonté du gouvernement français» comme le suppose France-Soir.

Les autorités américaines ont tenu à faire savoir que la France n’était pas seule visée et que d’autres pays, comme l’Espagne pourtant favorable à la politique américain en Irak avaient aussi reçu des mises en garde. Quel qu’ait été le but des Etats-Unis, à l’évidence le gouvernement français a saisi l’occasion de collaborer avec les Américains dans la lutte contre le terrorisme international et sans mesurer son effort. Les autorités aéroportuaires continuaient vendredi à passer au crible les listes de tous les passagers empruntant les vols Air France et United Airlines à destination de New York et Los Angeles.

A écouter également :

Les précisions d'Anne Toulouse, notre correspondante aux Etats-Unis



par Francine  Quentin

Article publié le 26/12/2003