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Proche-Orient

L’engrenage

La brusque flambée de violence qu’a connue le Proche-Orient ces dernières vingt-quatre heures semble avoir sonné le glas de tous les efforts mis en place depuis plusieurs semaines pour tenter de relancer le processus de paix israélo-palestinien. Le raid ciblé de l’armée israélienne, qui a coûté jeudi soir la vie à cinq Palestiniens parmi lesquels un chef militaire du Jihad islamique, et l’opération suicide perpétrée dans la banlieue de Tel Aviv qui, outre le kamikaze, a provoqué la mort de trois jeunes militaires israéliens et d’une adolescente, ont en effet rompu deux mois de relative accalmie. Alors que les autorités israéliennes étudient une riposte possible à l’attentat de jeudi soir, les groupes radicaux palestiniens promettent vengeance. Un porte-parole d’Ariel Sharon a toutefois appelé à une reprise rapide des pourparlers avec l’Autorité palestinienne.
Le cycle représailles vengeances semble à nouveau enclenché au Proche-Orient. En début de semaine, un raid de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Rafah, qui avait fait neuf morts, parmi lesquels des enfants, avait en effet déjà interrompu le timide dialogue qui s’était instauré entre Israélien et Palestiniens, ces derniers ayant aussitôt reporté sine die des consultations a haut niveau destinées à préparer une rencontre entre les Premiers ministres Ariel Sharon et Ahmed Qoreï. Condamnée par la communauté internationale, cette attaque avait radicalisé les positions des groupes extrémistes palestiniens auprès desquels l’Egypte tentait une difficile médiation pour qu’ils s’engagent à décréter une trêve dans les attentats sur le sol israélien.

L’opération de «liquidation ciblée» de jeudi qui a coûté la vie à deux activistes du Jihad islamique et à trois civils palestiniens, ne devrait pas améliorer la situation. Le mouvement intégriste a d’ores et déjà promis une «riposte douloureuse» en Israël. «Ce nouveau crime ne passera pas sans punition et les Brigades d’al-Qods –l’aile militaire du Jihad– vont infliger une leçon douloureuse à l’ennemi comme elles ont su le faire tout au long de l’Intifada», a indiqué un communiqué de l’organisation. L’un de ses chefs politiques, Khaled al-Batch, a en outre affirmé que ce dernier raid de Tsahal avait «anéanti l’idée d’épargner les civils israéliens» évoquée encore récemment lors des discussions en vue d’une éventuelle trêve. Cette opération ciblée est la première du genre depuis le 20 octobre dernier, date à laquelle une attaque similaire avait fait 14 morts dans un camp de réfugiés de la bande de Gaza, déclenchant de virulentes critiques à l’étranger mais aussi en Israël, où les responsables militaires sur la défensive avaient assuré que toutes les précautions étaient prises pour éviter «des bavures».

Le ministre de la Défense israélien a justifié le raid de jeudi en indiquant qu’il avait permis d’éviter un nouveau bain de sang. «Nous n’avions pas le choix, ce terroriste préparait un méga-attentat», a ainsi expliqué Shaoul Mofaz. La télévision publique s’est pour sa part contenté de d’indiquer que l’opération en préparation était d’«une ampleur sans précédent».

Volonté israélienne de dialogue

Quelques minutes après le raid israélien dans la bande de Gaza, un kamikaze palestinien actionnait sa charge dans une station d’autobus de la banlieue de Tel Aviv. L’attentat, qui a coûté la vie à trois jeunes militaires israéliens et à une adolescente, a été revendiqué par le Front populaire de libération de la Palestine. Dans un communiqué, cette organisation laïque qui possède des bureaux à Damas, a révélé que le kamikaze Saïd Kamal al-Hanani avait 18 ans et qu’il était originaire de Naplouse. «C’est la première d’une série d’opérations de représailles. Nous jurons de provoquer un séisme dans l’entité sioniste», précise également le texte qui souligne que l’attentat était une riposte à la mort de deux des ses activistes tués la semaine dernière à Naplouse et au raid sur le camp de réfugiés de Rafah qui a fait neuf mort en début de semaine. L’un des deux activistes tués était un proche du kamikaze.

En représailles à cet attentat, Israël a bouclé dès jeudi soir tous les territoires palestiniens. La police a été placée sous état d’alerte maximale de crainte de nouvelles attaques suicide. Le ministre de la Défense a par ailleurs convoqué vendredi matin les responsables militaires pour étudier une riposte possible et certains n’excluaient pas la possibilité d’une nouvelle frappe aérienne en Syrie où se trouve le quartier général du FPLP. En octobre dernier et pour la première fois depuis deux décennies l’aviation israélienne avait bombardé une base présentée comme étant un camp d’entraînement du Jihad islamique. Ce groupe radical avait revendiqué auparavant l’attentat sanglant qui avait été perpétré le 4 octobre contre un restaurant de la ville de Haïfa et qui avait provoqué la mort de 23 personnes. Aucune autre attaque n’avait été depuis commise sur le sol hébreu. Les services de renseignement israéliens ont toutefois souligné qu’ils avaient déjoué au moins une vingtaine d’autres attaques suicide.

Une fois n’est pas coutume, les autorités israéliennes, qui ont réaffirmé que toutes les mesures seraient prises pour assurer la sécurité de l’Etat hébreu, ont appelé à une reprise du dialogue avec l’Autorité palestinienne. «Il y a urgence à relancer les pourparlers au plus haut niveau pour ne pas laisser s’installer un vide politique dangereux», a notamment affirmé le porte-parole du gouvernement Avi Pazner. Selon lui, «la situation présente démontre bien le danger qu’il y a à ne pas avoir de négociations». Il a en outre rappelé qu’Ariel Sharon était prêt à rencontrer Ahmed Qoreï. Depuis la nomination en septembre dernier du Premier ministre palestinien, les deux hommes ne se sont pas toujours pas rencontrés, les Palestiniens réclamant de la partie israélienne qu’elle prenne des dispositions concrète dans l’application de la Feuille de route, ce plan de paix du quartette plus que jamais moribond et qui prévoyait la création en 2005 d’un Etat palestinien.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 26/12/2003