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Le climat social se tend en France

A deux mois des élections régionales, les mouvements d’opposition aux réformes annoncées par le gouvernement Raffarin se multiplient. La libéralisation des services publics, le redressement de la sécurité sociale et la politique de l’emploi sont au centre de la contestation.
Le programme de réforme que s’est fixé le gouvernement pour 2004 comprend un changement de statut des deux entreprises publiques de l’énergie Electricité de France (EDF) et Gaz de France (GDF). Leur transformation d’établissements publics en sociétés anonymes avant le 1er juillet prochain permettra l’ouverture du marché français de l’énergie dans le secteur industriel à la concurrence, de 30% actuellement à 70%, afin de se conformer aux dispositions d’harmonisation européenne. Les personnels d’EDF et GDF dénoncent cette libéralisation, prélude à une ouverture du capital qui, disent-ils, ouvre la voie à une privatisation du service public de l’énergie. Ils lançaient, mardi, le coup d’envoi d’une semaine particulièrement riche en mouvements sociaux.

En effet, alors que les usagers ne devaient guère pâtir des mouvements dans le secteur de l’énergie, il en sera tout autrement mercredi avec la grève de la SNCF. Une grève de 24 heures devait entraîner de graves perturbations sur le réseau. Les cheminots présentent pêle-mêle plusieurs revendications. Une exigence d’augmentation salariale pour 2004, supérieure au 1% proposé par la direction, mais aussi la dénonciation d’une restructuration du fret, la baisse des effectifs de plus de 3 000 emplois annoncée la semaine dernière par la direction. A cela s’ajoute l’éventuelle instauration d’un service minimum en cas de grève, ce qui constitue pour les syndicats une remise en cause de ce droit. Il s’agit cependant d’une promesse du président de la République que le Premier ministre appuie en menaçant de légiférer si aucun accord n’aboutit entre directions et syndicats des entreprises publiques.

Argument électoral

Toujours dans les transports, les salariés d’Aéroports de Paris (ADP), l’établissement public qui gère les plates-formes aéroportuaires de Roissy et Orly, s’opposent à la transformation en société anonyme qui précédera, en 2005, l’ouverture du capital à des actionnaires privés minoritaires. A travers ces différents mouvements de protestation contre la libéralisation progressive c’est bien le modèle social français, basé sur un service public fort, qui est en cause. Jean-Pierre Raffarin défend le processus en cours en opposant un modèle social durable qui a sa préférence, à un modèle social éphémère, car, selon lui, insoutenable à terme par les finances publiques.

C’est dans ce cadre, également, que s’inscrit la réforme de l’assurance maladie, alors que des organisations de médecins et d’agents hospitaliers ont lancé pour jeudi un mot d’ordre de grève afin d’obtenir plus de financement et des recrutements supplémentaires à l’hôpital public. Le ministre de la Santé Jean-François Mattei recevra vendredi un rapport sur l’avenir de la sécurité sociale, en vue d’engager une réforme en profondeur au cours du deuxième semestre 2004, après concertation avec les acteurs sociaux. Sensibilisée au problème de l’hospitalisation publique depuis la canicule de l’été dernier, l’opinion publique voit d’un œil plutôt favorable les revendications des personnels hospitaliers. En outre, les sept fédérations de fonctionnaires ont décidé de faire de la semaine du 26 au 30 janvier une période de mobilisation dans les collectivités territoriales, les établissements et les services publics.

A deux mois des élections régionales, premier test électoral depuis les législatives et la présidentielle de 2002, le gouvernement se serait bien passé de cette accumulation de mouvements revendicatifs et de cette agitation syndicale. D’autant qu’un autre aspect de la politique menée par Jean-Pierre Raffarin, la lutte contre le chômage, vient doper l’opposition. Après la réforme de l’indemnisation du chômage qui a privé de ressources, dès le 1er janvier, 180 000 demandeurs d’emplois, le parti socialiste entend bien faire de la précarité et de «l’insécurité sociale» son cheval de bataille pour la campagne électorale. Dans le collimateur, le «contrat de projet», nouvelle forme de contrat à durée déterminée, basé sur la réalisation d’une mission précise.

Ecouter également :
L'invité de la rédaction du 21/01/2004 (4'50)



par Francine  Quentin

Article publié le 20/01/2004