Géorgie
Victoire assurée pour Saakachvili
La victoire de Mikhaïl Saakachvili aux élections présidentielles organisées ce dimanche ne fait pas l’ombre d’un doute, aucun de ses adversaires n’étant une personnalité politique de premier plan. Le futur homme fort de la Géorgie sait que les attentes du peuple sont très fortes, le pays connaissant une difficile situation économique et sociale.
De notre envoyé spécial
Personne ne prédit à chacun des adversaires de Mikhaïl Saakachvili un score supérieur à 1% des suffrages. Seul Temour Chachiasvili, l’ex gouverneur de l’Imereti, une région du centre du pays, est connu des Géorgiens, mais davantage comme un triste sire, aussi loufoque qu’incompétent, que comme un politicien sérieux. Quelques heures avant le scrutin, l'un des six candidats inscrits s'est même retiré de la course. Il n’y a en fait pas eu, pour ainsi dire, de campagne électorale et le contexte n’est donc guère favorable à une belle victoire. Cela n’est cependant pas si grave, personne n’ayant oublié la façon dont le leader du Mouvement national a entraîné l’opposition et le peuple géorgien derrière lui jusqu'à la démission tant souhaitée d’Edouard Chevardnadzé, le 23 novembre dernier, au terme d’une «Révolution des roses» qui restera dans l’Histoire.
Malgré tout, la sérénité ne règne pas complètement autour du futur président géorgien, tout juste âgé de 36 ans. «Si la population ne vient pas dans les bureaux de vote, les élections seront perturbées et le pays fera face au désordre et au chaos», a déclaré mercredi le bouillant tombeur d’Edouard Chevardnadzé sur un ton quelque peu alarmiste. Car pour Mikhaïl Saakachvili, le tout n’est pas de gagner, mais de s’assurer une légitimité solide, grâce à un soutien populaire massif, en vue d’affronter les terribles défis qui l’attendent.
Les motifs d’inquiétude sont en fait multiples. Tout d’abord, les Géorgiens pourraient ne pas aller voter en pensant que la victoire est certaine. Or, un taux de participation inférieur à 50% invaliderait le résultat du scrutin. Ensuite, certains partis, pour des raisons généralement purement politiciennes, ont appelé au boycott de ces présidentielles anticipées. C’est le cas par exemple des Travaillistes, ou de Renaissance, le parti du chef de l’Adjarie, une région autonome située à la frontière turque. Aslan Abashidzé voulait empêcher que les élections se tiennent chez lui. Ce n’est que le 28 décembre, après des discussions répétées avec le nouveau pouvoir et Richard Miles, l’ambassadeur américain en Géorgie, qu’il a accepté l’ouverture de bureaux de vote en Adjarie. Mais on craint qu’il ne fasse pression sur la population pour la dissuader de se rendre aux urnes.
Un caractère bien trempé
Enfin, l’incertitude de ce scrutin tient à la personnalité même de Saakachvili, surnommé Micha par certains de ses supporteurs. S’il est incontestablement populaire au sein de certaines franges de la population, allant des couches les plus pauvres et démunies aux intellectuels du pays, il est loin de faire l’unanimité. «Je ne l’aime pas», explique ainsi Nino, un professeur d’art. «Il me fait peur et me semble incapable de se maîtriser». Son style parfois populiste, son coté provocateur et harangueur de foule, son caractère quelque peu colérique, son nationalisme, pourtant modéré, apeurent une population qui a beaucoup trop pâti de politiciens nerveux et va-t-en-guerre, à l’image de Zviad Gamsakhourdia, le premier président géorgien élu en mai 1991 avec 87 % des voix. Mikhaïl Saakachvili fait parfois référence à cet homme, bien que son nationalisme soit très éloigné du fanatisme, à base ethnique, de son aîné.
Les immenses attentes de la population représentent également un motif de préoccupation pour l’ex «jeune réformateur», protégé d’Edouard Chevardnadzé. Il y a quelques jours, faisant référence à son taux de popularité très élevé d’environ 80%, Mikhaïl Saakachvili se disait «effrayé, parce que cela dit quelque chose des attentes que les gens placent en moi». Autrefois, république privilégiée de l’URSS, la Géorgie est devenue, après son indépendance en 1991, «un pays du tiers monde» dans lequel le revenu mensuel moyen est aujourd’hui inférieur à 50 dollars.
Pour les élections parlementaires du 2 novembre, Saakachvili avait fait campagne avec le slogan «La Géorgie sans Chevardnadzé». «En l’absence de programme économique, son principal argument de campagne a été la lutte contre la corruption dont Chevardnadzé et son entourage étaient accusés, avec raison. Mais, quand bien même il parviendrait à vaincre la corruption, cela ne suffirait pas pour relancer l’économie nationale», explique Niko Orvelashvili, expert du Georgian Economic Development Institute. Et cet économiste déplore l’absence de véritable stratégie pour mettre le pays au travail. «J’espère que la campagne passée, et son pouvoir installé, il va s’attaquer sérieusement et courageusement à cette question. Je ne sais pas où nous irons s’il déçoit la population».
Personne ne prédit à chacun des adversaires de Mikhaïl Saakachvili un score supérieur à 1% des suffrages. Seul Temour Chachiasvili, l’ex gouverneur de l’Imereti, une région du centre du pays, est connu des Géorgiens, mais davantage comme un triste sire, aussi loufoque qu’incompétent, que comme un politicien sérieux. Quelques heures avant le scrutin, l'un des six candidats inscrits s'est même retiré de la course. Il n’y a en fait pas eu, pour ainsi dire, de campagne électorale et le contexte n’est donc guère favorable à une belle victoire. Cela n’est cependant pas si grave, personne n’ayant oublié la façon dont le leader du Mouvement national a entraîné l’opposition et le peuple géorgien derrière lui jusqu'à la démission tant souhaitée d’Edouard Chevardnadzé, le 23 novembre dernier, au terme d’une «Révolution des roses» qui restera dans l’Histoire.
Malgré tout, la sérénité ne règne pas complètement autour du futur président géorgien, tout juste âgé de 36 ans. «Si la population ne vient pas dans les bureaux de vote, les élections seront perturbées et le pays fera face au désordre et au chaos», a déclaré mercredi le bouillant tombeur d’Edouard Chevardnadzé sur un ton quelque peu alarmiste. Car pour Mikhaïl Saakachvili, le tout n’est pas de gagner, mais de s’assurer une légitimité solide, grâce à un soutien populaire massif, en vue d’affronter les terribles défis qui l’attendent.
Les motifs d’inquiétude sont en fait multiples. Tout d’abord, les Géorgiens pourraient ne pas aller voter en pensant que la victoire est certaine. Or, un taux de participation inférieur à 50% invaliderait le résultat du scrutin. Ensuite, certains partis, pour des raisons généralement purement politiciennes, ont appelé au boycott de ces présidentielles anticipées. C’est le cas par exemple des Travaillistes, ou de Renaissance, le parti du chef de l’Adjarie, une région autonome située à la frontière turque. Aslan Abashidzé voulait empêcher que les élections se tiennent chez lui. Ce n’est que le 28 décembre, après des discussions répétées avec le nouveau pouvoir et Richard Miles, l’ambassadeur américain en Géorgie, qu’il a accepté l’ouverture de bureaux de vote en Adjarie. Mais on craint qu’il ne fasse pression sur la population pour la dissuader de se rendre aux urnes.
Un caractère bien trempé
Enfin, l’incertitude de ce scrutin tient à la personnalité même de Saakachvili, surnommé Micha par certains de ses supporteurs. S’il est incontestablement populaire au sein de certaines franges de la population, allant des couches les plus pauvres et démunies aux intellectuels du pays, il est loin de faire l’unanimité. «Je ne l’aime pas», explique ainsi Nino, un professeur d’art. «Il me fait peur et me semble incapable de se maîtriser». Son style parfois populiste, son coté provocateur et harangueur de foule, son caractère quelque peu colérique, son nationalisme, pourtant modéré, apeurent une population qui a beaucoup trop pâti de politiciens nerveux et va-t-en-guerre, à l’image de Zviad Gamsakhourdia, le premier président géorgien élu en mai 1991 avec 87 % des voix. Mikhaïl Saakachvili fait parfois référence à cet homme, bien que son nationalisme soit très éloigné du fanatisme, à base ethnique, de son aîné.
Les immenses attentes de la population représentent également un motif de préoccupation pour l’ex «jeune réformateur», protégé d’Edouard Chevardnadzé. Il y a quelques jours, faisant référence à son taux de popularité très élevé d’environ 80%, Mikhaïl Saakachvili se disait «effrayé, parce que cela dit quelque chose des attentes que les gens placent en moi». Autrefois, république privilégiée de l’URSS, la Géorgie est devenue, après son indépendance en 1991, «un pays du tiers monde» dans lequel le revenu mensuel moyen est aujourd’hui inférieur à 50 dollars.
Pour les élections parlementaires du 2 novembre, Saakachvili avait fait campagne avec le slogan «La Géorgie sans Chevardnadzé». «En l’absence de programme économique, son principal argument de campagne a été la lutte contre la corruption dont Chevardnadzé et son entourage étaient accusés, avec raison. Mais, quand bien même il parviendrait à vaincre la corruption, cela ne suffirait pas pour relancer l’économie nationale», explique Niko Orvelashvili, expert du Georgian Economic Development Institute. Et cet économiste déplore l’absence de véritable stratégie pour mettre le pays au travail. «J’espère que la campagne passée, et son pouvoir installé, il va s’attaquer sérieusement et courageusement à cette question. Je ne sais pas où nous irons s’il déçoit la population».
par Régis Genté
Article publié le 03/01/2004