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Mali

Le rallye Dakar évite le nord

Les organisateurs du Dakar n’hésitent pas à neutraliser la course ou à annuler des étapes quand apparaît à leurs yeux un doute sur la sécurité des concurrents. L’application de ce principe de précaution les a conduits à annuler deux étapes en Mauritanie et au Mali.
Au 10e jour du rallye, le samedi 10 janvier, les organisateurs ont annoncé l’annulation d’une étape de 906 km, entre Nema en Mauritanie et Mopti au Mali. «Le rallye est détourné sur Bamako en raison de menace de banditisme» ont annoncé les organisateurs de l’épreuve. Du coup, l’étape de 751 km entre Mopti et Bobo Dioulasso au Burkina Faso a été aussi annulée. Les concurrents tous ont été transportés en avion de Bamako à Bobo Dioulasso dans la journée du dimanche 11. Les concurrents bénéficieront d’une journée de repos le lundi 12 janvier avant que la course ne reprenne ses droits. La caravane repartira, cette fois en compétition, de Bobo Dioulasso à Bamako.

«Nous avons été alertés par les autorités françaises et maliennes que certaines bandes armées difficilement contrôlables avaient été repérées à proximité du parcours», a déclaré Gilbert Ysem, le directeur général délégué d’ASO, l’organisateur du rallye. La décision d’éviter le nord du Mali a été prise par l’organisation du rallye qui parle de son «objectif essentiel» qu’est la sécurité des concurrents. Mais une petite polémique est née entre les organisateurs et les autorités maliennes qui s’étonnent non seulement de la décision hâtive d’annulation de certaines étapes maliennes, mais ajoutent également n’avoir communiqué aucune information sur les risques encourus par le rallye, dans le désert malien.

A quelque chose malheur est bon

Les raisons de cette suspension de la course sont peut-être ailleurs. Comme les autorités maliennes, nombreux sont ceux qui le pensent en évoquant la dureté du circuit. En effet, l’étape entre Tidjikja et Nema en Mauritanie, longue de 739 km a été une hécatombe. Le vendredi 9 janvier au pointage de l’arrivée à 21 h 30 à Nema, il y avait seulement une dizaine de voitures et une trentaine de motos. Un peu plus tard au pointage final il n’y avait que 60 motos, 42 voitures et 23 camions qui devraient être autorisés à reprendre la route pour rejoindre Mopti, la 10ème étape. Au moins 191 véhicules auraient été mis hors course si la décision d’annulation des étapes suivantes n’était intervenue. «Le seul côté positif de cette neutralisation est d’avoir pu réunir tous ces gens-là», déclare Patrick Zaniroli, le directeur de la course dans un entretien accordé au journal L’Equipe.

«Quand j’ai dit à Nema qu’il n’y avait peut-être pas de menaces de bandes armées, l’organisation m’est tombée dessus», raconte dans ce même journal, un concurrent du Dakar, Jean-Louis Schlesser. Nombreux sont ceux qui pensent qu’il fallait, de toute façon faire quelque chose pour repêcher tous les égarés dans les dunes du Sahara. Plus de trois mille kilomètres restent à parcourir avant l’arrivée à Dakar le 18 janvier. Alors, fallait-il peut-être éviter de rentrer à Dakar avec une caravane clairsemée, en laissant les amateurs sur le bord de la route. Leur frustration serait une mauvaise publicité pour la survie de ce rallye, mainte fois critiqué.

Mais en même temps il ne faut pas négliger le facteur risques. Le rallye Paris-Dakar a déjà été victime de plusieurs agressions. En 1996 un concurrent avait sauté avec son véhicule sur une mine, conséquence de la guerre entre le Front Polisario et le Maroc. En 1999, c’était une bande armée qui avait pris une douzaine de concurrents en otage les dépouillant de tous leurs biens. En 2000 une menace terroriste avait poussé les organisateurs à établir un pont aérien entre Niamey au Niger et la Libye. Plus de 500 véhicules avaient été transportés dans des avions gros porteurs. Les autorités nigériennes avaient alors parlé de méprise de la part des organisateurs qui ont pris des colonnes de riches princes chasseurs des pays du Golfe pour «des bandes armées». Mais c’était en 1991 que le rallye a été endeuillé par le meurtre d’un concurrent dans le désert malien en pleine rébellion touarègue. Aujourd’hui ces régions sont pacifiées mais la sécurité n’y est pas toujours garantie à cent pour cent. On n’est jamais trop prudent.



par Didier  Samson

Article publié le 12/01/2004