Etats-Unis
Bush contre les mariages gays
En temps de campagne électorale, tous les arguments sont bons à prendre. Et George W. Bush, qui s’est engagé dans le combat pour obtenir sa réélection comme président des Etats-Unis en novembre 2004, a décidé de jouer à fond la carte de la défense de l’ordre moral pour s’assurer les votes des électeurs très conservateurs. Dans cette optique, il s’est déclaré récemment en faveur d’un amendement constitutionnel visant à interdire les mariages homosexuels.
C’est le maire de San Francisco qui a mis le feu aux poudres. En moins de trois semaines, Gavin Newsom a autorisé le mariage de plus de 3 200 couples homosexuels dans sa ville. Il s’est appuyé sur l’argument selon lequel la Constitution, qui garantit l’égalité entre les individus, est supérieure à la loi de l’Etat de Californie qui stipule que le mariage est «une relation entre un homme et une femme». Cette décision, qui a provoqué la satisfaction des représentants de la très importante communauté homosexuelle de San Francisco, a par contre été vivement critiquée par les groupes conservateurs qui ont saisi la justice pour demander l’annulation de ces unions. Mais deux juges différents ont estimé qu’ils ne pouvaient pas interdire les mariages homosexuels. Ces décisions sont intervenues quelques mois seulement après que la Cour suprême d’un autre Etat, le Massachusetts, eut estimé que priver les homosexuels des droits liés au mariage était discriminatoire. Leur union matrimoniale devrait donc possible dans cet Etat à partir du mois de mai.
Dans ce contexte, George W. Bush qui ne manque pas une occasion de se présenter comme le champion des valeurs morales a saisi la balle au bond et a fait une déclaration destinée à réaffirmer à ses électeurs les plus conservateurs qu’il entend garantir les fondements du mariage, une «institution sacrée entre un homme et une femme» : «Notre pays doit adopter un amendement constitutionnel pour défendre le mariage… Un amendement à la Constitution est une procédure qui ne doit jamais être considérée à la légère. Ce processus a déjà servi pour répondre à des questions d’intérêt national et la protection du mariage est un sujet qui atteint ce niveau d’importance nationale». Pour le président américain, il n’est pas question de laisser «quelques juges militants et des responsables locaux… tenter de redéfinir le mariage». George W. Bush estime même que ces initiatives ont introduit «la confusion sur un sujet qui demande la clarté».
Une stratégie électorale
Du coup, le président américain a décidé d’être très clair dans ce débat. D’autant plus clair qu’en rejetant le mariage homosexuel, il surfe sur la vague d’une opinion majoritairement alignée sur sa position. Selon un récent sondage Time/CNN, environ 62 % des Américains sont, en effet, opposés au mariage homosexuel et 30 % y sont favorables. Mais il n’empêche que ce thème est une arme à double tranchant. En proposant de réformer la constitution, procédure rare et compliquée, George W. Bush a décidé de frapper très fort pour inciter les électeurs de la droite religieuse à voter massivement pour lui. Mais cette stratégie lui fait prendre le risque de passer pour un président particulièrement intolérant et surtout lui fait renoncer à un autre électorat : celui de la communauté homosexuelle. Mais il est vrai que cette dernière est traditionnellement plutôt encline à voter démocrate et ne représente évidemment pas la base électorale des républicains.
Pour autant, les adversaires de George W. Bush, ne sont pas à la fête. Notamment John Kerry, qui semble se détacher parmi les candidats démocrates à la course à la présidence. Celui-ci se trouve en effet dans une situation délicate. Il a certes accusé George W. Bush de vouloir «diviser l’Amérique» et d’utiliser sur le thème du mariage homosexuel des arguments purement électoraux. Mais il lui est difficile d’aller au-delà de la bataille des mots et d’affirmer qu’il est favorable aux unions entre homosexuels sans prendre le risque de heurter l’opinion et sans renier ses propres déclarations sur la question. John Kerry a, en effet, toujours affirmé que le mariage devait avoir lieu «entre un homme et une femme» et qu’il était favorable, concernant les homosexuels, à des «unions civiles» susceptibles de leur garantir des «droits fondamentaux en matière d’héritage ou de santé».
Si George W. Bush compte bien marquer des points dans la campagne électorale en affirmant son opposition au mariage gay, il reste plus de huit mois aux démocrates pour contre-attaquer sur d’autres thèmes plus porteurs auprès des Américains qui, selon un sondage Gallup, ont classé cette question très polémique au dernier rang de leurs priorités, bien loin derrière l’économie, l’Irak ou la santé.
Ecouter également:
Anne Toulouse, envoyée spéciale permanente de RFI aux Etats-Unis répond aux questions d’Arnaud Pontus (25/02/2004, 04’21’’).
Dans ce contexte, George W. Bush qui ne manque pas une occasion de se présenter comme le champion des valeurs morales a saisi la balle au bond et a fait une déclaration destinée à réaffirmer à ses électeurs les plus conservateurs qu’il entend garantir les fondements du mariage, une «institution sacrée entre un homme et une femme» : «Notre pays doit adopter un amendement constitutionnel pour défendre le mariage… Un amendement à la Constitution est une procédure qui ne doit jamais être considérée à la légère. Ce processus a déjà servi pour répondre à des questions d’intérêt national et la protection du mariage est un sujet qui atteint ce niveau d’importance nationale». Pour le président américain, il n’est pas question de laisser «quelques juges militants et des responsables locaux… tenter de redéfinir le mariage». George W. Bush estime même que ces initiatives ont introduit «la confusion sur un sujet qui demande la clarté».
Une stratégie électorale
Du coup, le président américain a décidé d’être très clair dans ce débat. D’autant plus clair qu’en rejetant le mariage homosexuel, il surfe sur la vague d’une opinion majoritairement alignée sur sa position. Selon un récent sondage Time/CNN, environ 62 % des Américains sont, en effet, opposés au mariage homosexuel et 30 % y sont favorables. Mais il n’empêche que ce thème est une arme à double tranchant. En proposant de réformer la constitution, procédure rare et compliquée, George W. Bush a décidé de frapper très fort pour inciter les électeurs de la droite religieuse à voter massivement pour lui. Mais cette stratégie lui fait prendre le risque de passer pour un président particulièrement intolérant et surtout lui fait renoncer à un autre électorat : celui de la communauté homosexuelle. Mais il est vrai que cette dernière est traditionnellement plutôt encline à voter démocrate et ne représente évidemment pas la base électorale des républicains.
Pour autant, les adversaires de George W. Bush, ne sont pas à la fête. Notamment John Kerry, qui semble se détacher parmi les candidats démocrates à la course à la présidence. Celui-ci se trouve en effet dans une situation délicate. Il a certes accusé George W. Bush de vouloir «diviser l’Amérique» et d’utiliser sur le thème du mariage homosexuel des arguments purement électoraux. Mais il lui est difficile d’aller au-delà de la bataille des mots et d’affirmer qu’il est favorable aux unions entre homosexuels sans prendre le risque de heurter l’opinion et sans renier ses propres déclarations sur la question. John Kerry a, en effet, toujours affirmé que le mariage devait avoir lieu «entre un homme et une femme» et qu’il était favorable, concernant les homosexuels, à des «unions civiles» susceptibles de leur garantir des «droits fondamentaux en matière d’héritage ou de santé».
Si George W. Bush compte bien marquer des points dans la campagne électorale en affirmant son opposition au mariage gay, il reste plus de huit mois aux démocrates pour contre-attaquer sur d’autres thèmes plus porteurs auprès des Américains qui, selon un sondage Gallup, ont classé cette question très polémique au dernier rang de leurs priorités, bien loin derrière l’économie, l’Irak ou la santé.
Ecouter également:
Anne Toulouse, envoyée spéciale permanente de RFI aux Etats-Unis répond aux questions d’Arnaud Pontus (25/02/2004, 04’21’’).
par Valérie Gas
Article publié le 25/02/2004